Résumé : Les êtres humains, les décors et les objets qui se trouvent pour de bon devant la caméra ne suffisent plus ! Calculer un extraterrestre ou incruster la tour Eiffel pour faire croire que la scène se passe à Paris : aujourd’hui, tous les genres de films ont recours aux images de synthèse, et le cinéma ne peut plus s’en passer. Quand sont-elles apparues ? Comment les conçoit-on ? Quelles sont les étapes de leur intégration à un film ? Quelles sont les spécificités économiques de leur production ? Ces images nouvelles bouleversent-elles les habitudes des cinéastes et des spectateurs ? Illustré d’exemples variés et d’entretiens de spécialistes, ce livre propose une synthèse en répondant à toutes les questions que l’on peut se poser sur les évolutions des technologies, des pratiques et des métiers liées à l’apparition des images de synthèse au cinéma.
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Si la prolifération toujours plus grande des images de synthèse à l’intérieur du cinéma mainstream est aujourd’hui une chose admise, leur compréhension de la part du grand public reste encore limitée. Face à ce constat, critiques, chercheurs, théoriciens et praticiens doivent se mobiliser. Ces Images de synthèse au cinéma se présentent donc d’abord comme un exemple à suivre. Laurent Jullier, professeur d’études cinématographiques et à qui l’on doit l’un des premiers ouvrages en langue française consacrée à la question, publié en 1998 chez Armand Colin, et Cécile Welker, professeure d’histoire de l’art à l’ESAD (Amiens), ont bien cerné les enjeux de leur entreprise. La compréhension comme moyen d’amplifier le plaisir pris à la vision des films qui habitent notre quotidien, cela est certain. Tout à la fois technologique, historique, sociologique et esthétique, l’étude s’inscrit à l’intérieur d’une pluridisciplinarité particulièrement stimulante. Les définitions apportées en début d’ouvrage permettent de se familiariser avec le jargon technique et de comprendre les étapes de la production cinématographique contemporaine. Jullier et Welker font par exemple remonter l’origine de l’image de synthèse au traditionnel art de la broderie, une hypothèse développée avec brio par le biais d’une méthode comparative et analytique : entre un griffon brodé et le dragon Smaug du Hobbit, il y a une parenté que résume la démultiplication des pixels. Grandement illustrée, l’étude s’adresse au plus grand nombre, l’écriture des deux auteurs se voulant avant tout pédagogique. Sa petite taille (130 pages à peine) ne reflète en rien sa richesse. La seule partie historique regorge d’exemples, Jullier et Welker revenant avec précision sur la part jouée par les différents studios chargés des effets visuels du premier Tron, avant de s’attarder sur les développements du secteur de l’animation et de consacrer un chapitre entier à l’exemple du cinéma français (comprenant quatre entretiens avec des techniciens et animateurs). Bien que synthétique (sans mauvais jeux de mots), l’ouvrage n’oublie donc pas les cas particuliers plus à même de traduire les véritables innovations de l’imagerie du numérique. Au très utile index des termes techniques répondent deux annexes qui permettent de revenir sur les notions clés de tout générique (d’ « Animation » à « Visualization » en passant par « Layout » ou « Matte painting ») et d’éclairer le parcours professionnel des aspirants animateurs (comprenant notamment un retour très complet sur les différentes formations existantes).
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- LES IMAGES DE SYNTHÈSE AU CINÉMA par Laurent Jullier et Cécile Welker disponible aux éditions Armand Colin, Collection « Focus cinéma », depuis le 7 juin 2017.
- 152 pages
- 13,90 € (papier) – 9,99 € (ebook)