Synopsis : 2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses 7 petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman. Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparait mystérieusement.
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L’entrée en matière dans la dystopie de Tommy Wirkola est directe et efficace. Le réalisateur norvégien, derrière les Dead Snow et la relecture de Hansel & Gretel, use ingénieusement d’images d’archive pour rendre vivantes les racines du Mal, et évoquer la surpopulation et les maux qui en suivent. Faim et réchauffement climatique n’en sont que les exemples les plus criants. À ces images se mêlent l’arrivée au pouvoir d’une brillante biologiste (Glenn Close) dont la solution consiste à promulguer la politique de l’enfant unique. Politique sans compromis qui destine les enfants « de trop » à la cryogénisation dans l’attente d’un monde disposé à les accueillir. C’est dans cet univers froid et inhospitalier que naissent les fameuses septuplées, nommées par leur grand-père (Willem Dafoe) d’après chaque jour de la semaine. La mère ne se relevant pas de l’accouchement, c’est à lui que revient la charge, à l’apparence irréalisable, d’éduquer et surtout de préserver ces filles hors-norme. Elles le sont à tout point de vue. Elles incarnent un avenir autre que celui promis par le Bureau d’Allocation des naissances, dirigé par la biologiste, cette scientifique devenue politicienne, candidate à sa propre succession au parlement. Les sœurs symbolisent une alternative. Cette mise en place rapide est loin d’être la partie la plus passionnante de ce conte futuriste. Le cinéaste ne s’intéresse pas plus que ça à cette montée au pouvoir. L’aspect politique ne constitue jamais une réelle préoccupation. Il fournit néanmoins certains indices, adroitement distillés, mais pas toujours fins, aux détours d’un plan. On aperçoit des affiches faites de rouge et de noir, renvoyant à l’imagerie nazie ou à la société INGSOC de 1984 de George Orwell. L’opposition entre la population et le Bureau se résume à de rares altercations, qui nous font deviner un régime en fin de vie, rien de plus. Le cœur du récit se nourrit du sort réservé à ces sept filles. C’est dans leur destin que se dessinent les enjeux de la société qui les a vu naître. Elles renferment en elles, les injustices et l’hypocrisie d’un monde qui survit en perdant son humanité.
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La partie la plus réussie – et la plus touchante de ce long-métrage – se révèle lorsque la caméra se pose sur l’enfance de ces jeunes filles ; l’apprentissage contraignant de la vie cloisonnée entre quatre murs. Survivre, grandir en tant qu’individu et communauté. Car chaque fille apprend à être soi et à être autre. Afin de pouvoir sortir et affronter le quotidien hors du foyer, le personnage interprété par Willem Dafoe, met en place un système bien particulier. Les filles ont le droit de sortir une fois par semaine, selon leur prénom, et mener une apparente vie ordinaire : jouer, aller à l’école, travailler. Pour se faire, elles interprètent une identité commune à se partager, Karen.
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L’alternance entre présent et passé est bien amené par le réalisateur. Et si les scènes d’enfance sont finalement peu nombreuses, elles dégagent une force suffisante pour résonner sur la durée. La seconde partie se dédie à la course-poursuite et à l’action pure. cCest une traque qui s’organise autour des sœurs Settman filles, fatalement démasquées. Les scènes sont entraînantes et on constate la maîtrise du réalisateur dans cet exercice délicat. Le film peine cependant à y insuffler un élan dramatique et à nous faire soucier réellement de l’enjeux de chaque lutte. La faute repose sur certains vides scénaristiques. Chaque sœur, interprétée par la géniale Noomi Rapace, ne bénéficie pas d’une réelle profondeur. Compréhensible au vu de leur nombre, qui rend inévitable l’aspect artificiel des différentes personnalités. Le scénario parvient tout de même à trouver sa place dans un genre qui a déjà été parcouru. S’il n’atteint pas le sentiment d’horreur de Soleil vert (1973), il offre une approche singulière et touchante par le biais de l’identité. Il convient par ailleurs de noter l’ambition créative de Netflix, qui distribue le film aux États-Unis sous le label « Création Originale ». Seven Sisters suit ainsi le sillon tracé par Okja ou Beasts of No Nation.
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Thomas Danger
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- SEVEN SISTERS (What happened to Monday)
- Sortie salles : 30 août 2017
- Réalisation : Tommy Wirkola
- Avec : Noomi Rapace, Willem Dafoe, Glenn Close, Marwan Kenzari, Pal Sverre Hagen, Tomiwa Edun, Stig Frode Henriksen, Santiago Cabrera, Robert Wagner, Vlad Radescu
- Scénario : Max Botkin, Kerry Williamson
- Production : Raffaella de Laurentiis, Fabrice Gianfermi, Philippe Rousselot
- Photographie : José David Montero
- Montage : Martin Stoltz
- Décors : Joseph A. Hodges
- Costumes : Oana Paunescu
- Musique : Christian Wibe
- Distribution : SND
- Durée : 2h04
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