Cannes 2017/ Okja de Bong Joon-ho: critique

Publié par Antoine Gaudé le 20 mai 2017

Synopsis : Durant dix merveilleuses années chez elle dans les montagnes de Corée du Sud, la jeune Mija a accompagnée et pris soin de son grand ami Okja, un animal imposant. Mais tout change lorsque la firme multinationale familiale Mirando Corporation s’empare d’Okja et l’emmène à New-York où la PDG Lucy Mirando, obsédée par son image et par sa promotion, a de grands projets pour l’amie la plus chère de Mija.

♥♥♥♥♥

 

Okja - affiche

Okja – affiche

Avec plusieurs titres fondateurs du cinéma coréen des années 2000, Bong Joon-ho s’est rapidement fait un nom dans le cercle des cinéphiles du monde entier, mais il aura tout de même fallu attendre 2017 pour le voir enfin en Compétition officielle à Cannes. Ironie du sort diront certains, c’est avec Netflix qu’il va monter les marches, lui, qui, depuis Transperceneige, travaille sur des projets internationaux en langue anglaise. C’est peut-être de ce côté, un brin promotionnel d’ailleurs, qu’il faut voir sa première nomination en officielle. Avec un casting all-stars (Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal, Paul Dano), Okja possédait des arguments de poids pour préparer sa conquête cannoise, mais, une nouvelle fois avec Bong Joon-ho, il s’aventure là où on ne l’attend pas. Bien loin de l’horrifique The Host, il signe un retour au conte fantastique et initiatique, où critique sociale et position écologique – deux indispensables à tous films coréens qui se voudraient sélectionnables – n’ont finalement qu’un intérêt limité, de circonstances presque. Si bien qu’ils ne rendent pas vraiment compte de la puissance émotionnelle que sécrète Okja. Si la simplicité et la linéarité du scénario peut à première vue surprendre, celui-ci évoquant davantage l’univers familier d’un Hayao Miyazaki (Mon voisin Totoro), c’est toujours dans son rapport au burlesque, dans son agencement d’émotions, à la fois imprévisible et spontané, que le cinéma de Bong Joon-ho prend toute sa valeur cinématographique. C’est dans ce décalage humoristique, presque absurde, que se situe le langage poétique du cinéaste où la tragédie côtoie la comédie en l’espace de quelques plans, voire quelques secondes. Si le scénario nous épargne pas certaines situations-types, parfois convenues, Bong Joon-ho est tellement généreux qu’il emporte l’adhésion : il faut alors mentionner les prestations fantasques et hallucinées de Tilda Swinton et de Jake Gyllenhaal qui prennent visiblement un plaisir fou à jouer ces étranges « clowns tristes ». Il y a aussi des séquences d’action de grande ampleur, à l’image de celle se déroulant dans le centre commercial souterrain. Brillamment montées, ces séquences font également preuve d’une intelligence dans la pratique du ralenti dont seul Bong Joon-ho semble avoir aujourd’hui le secret. Et puis, il y a ce final d’une tristesse inouïe sur la destinée des cochons où, en l’espace d’une séquence, Bong Joon-ho réveille tout un imaginaire horrifique et questionne le pouvoir de l’argent avec une froideur sidérante. Mais, fort heureusement, le ré-enchantement a bien lieu à travers la relation unique et indestructible de cette jeune fille qui murmurait à l’oreille du cochon, et ce, par-delà la barrière des langues, sans arrière-pensée, ni cynisme.

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  • Note de la rédaction cannoise 
  • Nathalie Dassa : ♥♥♥♥♥
  • Philippe Descottes : ♥♥♥♥♥

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  • OKJA de Bong Joon-Ho sur Netflix le 28 juin 2017
  • Avec :Ahn Seo-Hyun, Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal, Paul Dano, Giancarlo Esposito, Lily Collins, Daniel Henshall, Steven Yeun…
  • Scénario : Bong Joon-Ho, Jon Ronson
  • Production : Bong Joon-ho, Dooho Choi, Dede Gardner, Lewis Taewan Kim, Jeremy Kleiner, Woo-Sik Seo
  • Photographie : Darius Khondji
  • Montage : Jim-mo Yang
  • Décors : Kevin Thompson, Lee Ha-jun
  • Costumes : Catherine George, Se-yeon Choi
  • Musique : Michael Abels
  • Distribution : Netflix
  • Durée : 2h

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