Synopsis : Adolescent paumé vivant à l’extérieur de Brooklyn, Frankie passe un été épouvantable entre un père mourant et une mère qui insiste pour qu’il se trouve au plus vite une petite amie. Il tente d’échapper au pathétique de son quotidien en traînant à la plage avec son groupe d’amis. Par conformisme, il accepte d’entamer une relation avec une jeune fille de son âge, mais il continue secrètement à draguer des hommes plus âgés sur Internet. Frankie va alors devoir lutter pour concilier ses désirs antagonistes les plus intimes.
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Premier film en compétition présenté au 43e Festival de Deauville, Beach Rats d’Eliza Hittman (It felt like love) avait reçu un bon accueil lors de sa première à Sundance en début d’année. La cinéaste s’essaie ici au portrait universaliste d’une jeunesse en perdition avec son lot de thématiques modernes – réseaux sociaux, culte du moi, drogues à gogo – et d’images accablantes centrées sur des jeunes qui fument et qui traînent le long de la plage ou à la fête foraine. Elle parvient ainsi à saisir leur quotidien, leur manière d’interagir entre eux, avec le sexe opposé et les adultes. On retrouve d’ailleurs ce rapport au corps, sans artifice et cruel, qui évoque le cinéma de Larry Clark, dont la chef opératrice opère ici. En se focalisant sur Frankie (excellent Harris Dickinson), jeune éphèbe à la musculature saillante, Hittman s’aventure sur le terrain de la sexualité masculine et des normes établies par la société occidentale. Entouré de ses potes virils et hétéros, d’une petite sœur en avance sur son âge et d’une mère qui lui cherche à tout prix une copine, Frankie doit obligatoirement refouler son attirance pour les hommes et se cacher pour assouvir ses désirs. De moins en moins à l’aise avec lui-même et son entourage, il va même jusqu’à se construire une relation amoureuse avec une jeune fille dans l’espoir d’estomper les soupçons. Mais c’est chose vaine. Frankie est tiraillé entre son apparence extérieure et ses pulsions sexuelles, et sa manière d’interagir avec les autres est l’une des grandes forces du film. Mais à l’image des mêmes scènes qui reviennent sans cesse (les rencontres avec des hommes plus âgés), le personnage n’évolue jamais comme pris dans un engrenage dont il ne maîtrise pas les rouages. C’est peut-être cette forme de contemplation méditative qui ne sied guère au récit et à son personnage, plus violents et pessimistes qu’ils en n’ont l’air. Car pour Frankie, perdu comme jamais, l’heure n’est plus à l’émancipation mais bel et bien au repli sur soi.
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- BEACH RATS
- Sortie : prochainement
- Réalisation : Eliza Hittman
- Avec : Harris Dickinson, Madeline Weinstein, Nicole Flyus, Frank Hakaj, Kate Hodge, Erik Potempa, Neal Huff…
- Production : Andrew Goldman, Paul S. Mezey
- Scénario : Eliza Hittman
- Photographie : Hélène Louvart
- Montage : Scott Cummings, Joe Murphy
- Musique : Mellissa Chapman, Annie Pearlman
- Distribution : Optimale Distribution
- Durée : 1h35
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