Deauville 2017/ My Friend Dahmer de Marc Meyers : critique

Publié par Antoine Gaudé le 9 septembre 2017

Synopsis : Avant de devenir l’un des pires tueurs en série que les États-Unis aient connu (17 personnes assassinées entre 1978 et 1991), Jeffrey Dahmer était un adolescent presque comme les autres. Au cœur de l’Amérique profonde, MY FRIEND DAHMER nous plonge dans l’intimité d’un jeune homme qui va laisser ses pires penchants destructeurs devenir le moteur de son existence.

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My Friend Dahmer – affiche

My Friend Dahmer – affiche

Tirée d’une histoire vraie, celle de Jeffrey Dahmer, et adapté d’une bande dessinée écrite par un ex-camarade d’école, Derf Backderf, My Friend Dahmer de Marc Meyers, présenté en compétition à Deauville, retrace la dernière année de lycée du futur et célèbre « cannibale de Milwaukee » à la fin des années 1970. Le film se focalise sur l’émergence du « vrai » Jeffrey Dahmer, le passage du jeune asocial, qui faisait des expériences sordides sur des animaux morts dans sa petite cabane isolée, au véritable freak, cette bête de foire simulant des crises d’épilepsie et des attitudes de trisomique dans les couloirs du lycée pour principalement amuser son fan club. Humour noir et blagues douteuses garanties, le film joue sur le malaise que procure la vision du jeune Jeff. De sa coupe de cheveux à sa posture bossue en passant par son regard opaque derrière ses gigantesques lunettes, Jeff est terrifiant de nature. Il le sait et le film aussi (les photos de classe). Le spectre du tueur plane littéralement sur le film, qui joue avec le spectateur sur son attente et sur une forme de voyeurisme scopique. Chaque séquence fonctionne comme une annonce du premier dérapage violent, qui sera évidemment retardé ou décalé par le cinéaste. L’équilibre du film tient donc sur peu de choses, car la redondance de ce schéma peut rapidement annihiler l’intensité du drame. Pour densifier l’ensemble, Meyers accentue, assez maladroitement, les fameuses circonstances atténuantes ; une famille dysfonctionnelle, un divorce compliqué, des camarades cruels, voire opportunistes. Sauf que ces circonstances ne construisent pas nécessairement des monstres. Le film donne l’impression que Jeff aurait pu être différent, si son père ne l’avait pas poussé à avoir une vie sociale, si son homosexualité n’avait pas été bridée, si sa mère avait été présente, si ses camarades ne l’avaient pas seulement considéré comme un freak, s’il n’avait pas sombré dans l’alcool. Si on l’avait tout simplement laissé à sa biologie. Mais les expériences de Jeff montrent déjà un comportement violent et destructeur, une anormalité qui le poussera à commettre ces futurs crimes. La puissance cinématographique du film naît surtout de son rapport à l’imaginaire du spectateur, à nos désirs pervers d’assister à la naissance d’un monstre, d’un vrai pour une fois, et ainsi de voir la gêne et le malaise se diffuser, grossir jusqu’à devenir insoutenable. C’est une des dimensions anthropologiques et psychologiques du cinéma que de répondre à ce besoin primaire de cruauté tel un archétype qu’activeraient les mécanismes de la mise en scène de Meyers.

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  • MY FRIEND DAHMER
  • Sortie : 2 mars 2018
  • Format / Plateforme : exclusivité sur e-cinema.com
  • Réalisation : Marc Meyers
  • Avec : Ross Lycnh, Anne Heche, Vincent Kartheiser, Alex Wolff, Dallas Roberts, Miles Robbins, Cameron McKendry, Carmen Gangale…
  • Scénario : Marc Meyers, d’après le roman graphique américain Mon ami Dhamer (My Friend Dahmer) de John « Derf » Backderf
  • Production : Milan Chakraborty, Jody Girgenti, Adam Goldworm, Michael Merlob, Marc Meyers
  • Photographie : Daniel Katz
  • Montage : Jamie Kirkpatrick
  • Décors : Jennifer Klide, Carmen Navis
  • Costumes : Carla Shivener
  • Musique : Andrew Hollander
  • Durée : 1h47

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