Après Terminator en 1984, c’est au tour de Terminator 2 : Le jugement Dernier de prendre place dans Mémoires du Cinéma. Chef-d’oeuvre de James Cameron qui a créé l’événement cette année en ressortant en version restaurée 3D 4K dans les salles obscures.
Dès la sortie de Terminator en 1984, il était acquis que James Cameron, Arnold Schwarzenegger et Linda Hamilton se retrouveraient pour une suite. Dans les faits, ce ne fut pas évident à mettre en chantier.
Diverses raisons ont repoussé l’échéance et ce n’est qu’à la fin de 1989 que la situation s’est débloquée. Entre ces deux dates, à l’instar du changement de statut du réalisateur et de son interprète principal, ce second volet de Terminator est passé du rang de film à petit budget mais très rentable à celui de « blockbuster » et la première production de l’industrie cinématographique à dépasser la barre des 100 millions de dollars.
Si le poste le plus important fut celui des effets spéciaux, mécaniques traditionnels mais aussi numériques, Terminator 2 – Le Jugement Dernier fut néanmoins très vite rentabilisé. C’est en travaillant à la version 3D de Titanic en 2010 que James Cameron a songé à une version 3D de Terminator 2
De T1 à T2
Presque sept années se sont écoulées entre T1 et T 2. Cependant, dès Terminator achevé, l’idée d’une suite a été rapidement à l’ordre du jour. Arnold Schwarzenegger y pensait, tandis que James Cameron a souligné à plusieurs reprises que l’avis de sa vedette principale avait été un élément déterminant. Plus facile à dire qu’à faire, car le contexte est bien différent. Le metteur en scène et sa star n’ont plus du tout le même statut. Entre temps, James Cameron a réalisé Alien, le retour et Abyss. Il est en train de devenir l’un des cinéastes les plus côtés d’Hollywood. Il a bien songé à une suite, mais ses relations avec Hemdale, coproducteur de The Terminator, se sont dégradées.
Quant à Arnold Schwarzenegger, son personnage de cyborg lui a permis de se débarrasser des oripeaux de culturiste et de Conan pour doper sa carrière d’acteur hollywoodien (Predator, Total Recall). Cependant, fin 1989, Cameron reçoit un coup de fil de Mario Kassar de Carolco Pictures (producteur, entre autres, des trois premiers Rambo), qui a racheté les droits du film à Hemdale.
Un planning très serré
Mario Kasar est prêt à lui donner carte blanche à la condition que le film sorte pour le 4 juillet 1991, jour de la fête nationale américaine ! Cameron rencontre Kassar avec une idée de scénario. Une fois le contrat signé, il se met immédiatement au travail avec William Wisher, fidèle complice. Le délai pour écrire le script est très court car l’annonce d’un T2 doit être faite à Cannes en mai 1990 ! Le pari est tenu. Le tournage a pris six mois et l’étape de post-production et de montage n’a duré que deux mois. Tout avait été préparé en amont afin de sortir le film à la date souhaitée. Pour le réalisateur, la postproduction débutait en même temps que le tournage. Concrètement, le travail sur une semaine devait s’organiser selon le schéma suivant : cinq jours étaient consacrés au tournage et deux au découpage et montage du film. Les effets spéciaux ont été conçus avant et étaient incorporés au fur et à mesure du tournage. Quant à la cellule de montage, elle était composée de trois monteurs. En dehors du gain de temps, les acteurs et l’équipe technique ont pu visionner le film pendant qu’il se montait.
Le casting
« Deux Terminator sont envoyés dans le passé. L’un pour tuer John Connor, le fils de Sarah et futur chef de la résistance, l’autre pour le protéger », tel est le pitch du scénario imaginé par James Cameron. Dans son esprit, Arnold Schwarzenegger jouerait cette fois le bon cyborg. La présence sur le tournage de Michael Biehn (Kyle Reese dans T1) a étayé la rumeur qu’il serait lui aussi de retour et endosserait le rôle du méchant robot. Un bruit démenti par le réalisateur. Si l’acteur a bien tourné des scènes dans ce second volet, celles-ci ont été coupées dans la première version exploitée dans les salles et n’apparaissent que dans l’une des versions longues.
Pour sa part, Linda Hamilton avait la certitude de reprendre le personnage de Sarah Connor. Un rôle qui l’a amené à suivre une préparation physique particulière, intensive mais relativement courte. C’est la directrice de casting Mali Finn qui a déniché le jeune Edward Furlong, qui n’envisageait pas une carrière de comédien, pour jouer John Connor ado.
Après Schwarzenegger, Hamilton et Furlong, il fallait trouver l’interprète du méchant, le T-1000. Dans un premier temps, James Cameron avait arrêté son choix sur Billy Idol. Mais le chanteur de rock britannique est victime d’un accident de moto et se casse la jambe. Son immobilisation pour six mois amène Cameron à jeter son dévolu sur Robert Patrick après l’avoir remarqué dans 58 Minutes pour vivre de Renny Harlin.
Un budget pharaonique
Le budget de The Terminator a été évalué à 6,4 millions de dollars. Celui de Terminator 2 a atteint 102 millions de dollars, trois fois le budget moyen d’un film pour l’époque, et la première production de l’industrie cinématographique à dépasser la barre des 100 millions ! Malgré la rémunération d’Arnold Schwarzenegger, estimée à 14 millions de dollars, alors que Linda Hamilton n’aurait perçu qu’un million de dollars (…), le poste le plus important fut celui des effets spéciaux, représentant la moitié du budget.
Si le réalisateur et son équipe tirent encore le meilleur des effets mécaniques traditionnels, ils savent également profiter des effets numériques qui se développent, comme le « morphing » ou l’animation en images de synthèse. Cameron a fait appel à quatre sociétés. À Stan Winston Studio (maquillage et effets spéciaux Terminator), Fantasy II Film Effects (séquences de guerre), et 4-Ward (l’explosion nucléaire et le métal fondu), déjà présentes sur T1, est venue s’ajouter la filiale de Lucasfilm, Industrial Light & Magic (animation du T-1000 et graphismes par ordinateur).
Une opération très rentable
La toute première version de T2, destinée aux salles de cinéma, fut amputée de plusieurs scènes. L’une d’entre-elles montrait Sarah Connor et John 30 ans après le 29 août 1997. Cette fin, pourtant envisagée par James Cameron, fut refusée par la production car elle aurait rendu « impossible » une suite. Avant même l’exploitation cinématographique, le budget de T2 est déjà en partie couvert par les droits de distribution mondiaux, vidéos et télévisuels. Dès sa sortie aux États-Unis le public répond présent. Sur 19 semaines, du 3 juillet au 14 novembre 1991, il totalise 201.270.089,00 dollars. Un succès qui se confirme également à l’international.
En France, en 1991, T2 enregistre plus de 6 millions d’entrées, ce qui en fait le film de l’année, derrière Danse avec les loups, 7 millions de spectateurs. Il se classe premier du box office américain avec 204.843.345,00 dollars de recettes. Même succès commercial pour « le reste » du Monde, avec encore la première place (toujours devant Robin des Bois) et 315 millions de dollars de rentrées.
La critique a globalement bien accueilli Terminator 2 : Le Jugement dernier. Le reproche le plus fréquent étant la surenchère au niveau des effets spéciaux au détriment du scénario. Aux Oscars 1992, le film a d’ailleurs obtenu 4 récompenses techniques : meilleurs effets visuels, montage sonore, son et maquillage. Après 1991, T2 a donné lieu à plusieurs versions, dont, entre autres, une Special Edition de 153 mn (1993 – Laserdisc / VHS) et une de 156 mn (2009 Blu-ray/DVD).
James Cameron et la 3D
Le réalisateur s’est déjà intéressé à la 3D, à partir de 1994, lorsqu’il a commencé à travailler avec ses équipes sur T2 3D: Battle Across Time, une attraction commandée par Universal pour ses parcs (Orlando, Hollywood, Osaka). La partie la plus importante était un court métrage prolongeant le scénario de Terminator 2 et qui associait images en relief et les principaux acteurs en chair et en os du casting original. Pourtant, le déclic survient plus tard.
L’attraction pour Universal était la première expérience en matière de 3D pour James Cameron. Ce n’est qu’au moment de la conversion en 3D de Titanic que l’idée lui est venue de faire de même avec Terminator 2. Pour lui, T2 est un film qui a marqué les esprits. Un film mythique malgré son quart de siècle. Au niveau stylistique, étant donné la façon dont la caméra bouge, dont les plans sont composés, il se prêterait particulièrement bien à une conversion. Enfin, l’idée que le film retrouve le chemin des salles 25 ans après, alors que toute une partie du public ne l’a vu qu’en vidéo, en Blu-ray, ou en DVD, n’était pas pour lui déplaire et constituait une raison supplémentaire.
Terminator 2 : du 35mm à la 3D
Le projet d’une version 3D de Terminator 2 a été lancé par Lightstorm (LEI), la société de production de James Cameron, DMG Entertainment et StudioCanal, détenteur des droits du film pour le monde. L’équipe du réalisateur a supervisé la conversion 3D du début à la fin. Elle avait déjà assuré la conversion 3D de Titanic.
Concrètement, le négatif original 35mm a été scanné puis restauré en 4K chez Deluxe L.A. Puis, le film a été calibré en 4K par Skip Kimball, l’étalonneur de James Cameron, chez Technicolor Hollywood, à partir d’une sélection des meilleures copies 35mm de la sortie d’époque. Ensuite, il a été converti en 3D par Stereo D, société leader en matière de conversion (Star Wars, Avengers : L’ère d’Ultron, Jurassic World). Le travail a duré près d’un an afin de parvenir à une version 3D haut de gamme, à même de rivaliser avec les dernières sorties 3D des grands studios. La version 3D a ensuite bénéficié d’une calibration et d’une finition particulière chez Technicolor Hollywood.
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Similitudes entre T1 et T2
Plusieurs plans ou séquences du 2e épisode présentent bien des similitude avec le premier. Quelques exemples :
- Dans une scène d’introduction l’action se déroule à Los Angeles en 2029. Un char écrase des crânes. Les humains affrontent robots et machines (T1 & T2).
- Un terminator T-800 (A.Schwarzenegger) arrive du futur à Los Angeles, nu, en 1984 (T1) ou en 1994 (T2).
- Un autre individu, Kyle Reese (Michael Biehn dans T1) un T-1000 (Robert Patrick dans T2) arrive lui aussi, au même endroit, en même temps et dans le même appareil.
- Le T-800 vole des vêtements à des punks (T1). Le T-800 vole des vêtements à un motard dans un bar (T2).
- Le T-800 se rend dans un pavillon pour tuer celle qu’il croit être Sara Connor (T1). Le T-1000 se rend dans un pavillon pour tuer les parents adoptifs de John Connor.
- Kyle Reese projette à coups de fusil le T-800 à travers la vitre de la boîte de nuit (T1). Le T-1000 projette à mains nues le T-800 travers la vitre du magasin de vêtements.
- Le T-800 fait un carton sur des policiers dans un couloir (T1). Le T-800 fait un carton sur un policier, le T-1000.
- Sarah Connor (Linda Hamilton) affronte le T-800 dans une usine (T1). Sarah Connor affronte le T-1000 dans une usine (T2).