Synopsis : Le commando de forces spéciales mené par le major Dutch Schaeffer est engagé par la CIA pour sauver les survivants d’un crash d’hélicoptère au cœur d’une jungle d’Amérique Centrale. Sur place, Dutch et son équipe ne tardent pas à découvrir qu’ils sont pris en chasse par une mystérieuse créature invisible qui commence à les éliminer un par un. La traque commence…
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Près de trente ans après sa sortie, Predator s’apprête à retrouver son chemin en salles dès le 17 août en copie neuve grâce à Capricci Films. L’occasion de revenir aux sources de ce classique incontournable de John McTiernan. Au moment du tournage, le cinéaste américain n’a alors qu’un seul long métrage à son actif, le bien nommé mais mal aimé Nomads (1986) avec Pierce Brosnan, un échec à sa sortie. Cela n’empêche pas le producteur Joel Silver de repérer son talent en lui proposant de réaliser Predator pour le compte de la 20th Century Fox. Predator est un habile mélange de suspense, d’action et de science-fiction qui révèle un véritable réalisateur visionnaire. Après une séquence d’ouverture rappelant celle de The Thing de John Carpenter (1982), ce survival embarque le spectateur dans un huis clos oppressant en pleine jungle. À l’instar d’autres classiques comme Alien ou Les dents de la mer, Predator prend le temps de dévoiler son monstre. L’intrigue débute sur une mission commando « ordinaire » où il s’agit, pour des mercenaires recrutés par la CIA, de retrouver les survivants d’un crash d’hélicoptère au cœur d’une jungle d’Amérique Centrale. L’intrusion d’un élément imprévu et surnaturel fait dériver le film de guerre vers une pure œuvre de science-fiction. La tension ne faiblit alors jamais jusqu’au générique de fin. L’impact visuel et sonore, soutenu par la superbe photographie de Donald McAlpine et la formidable partition musicale d’Alan Silvestri en font un must absolu du genre, inégalé malgré ses multiples suites, comme la dernière en date PREDATORS (notre critique), produite par Robert Rodriguez, et ses mauvais crossovers (Alien vs Predator). La meilleure suite reste sans doute Predator 2 de Stephen Hopkins (1990), avec un Danny Glover traquant les chasseurs de l’Espace dans les rues de Los Angeles.
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Predator est une véritable prouesse sur le plan technologique avec des effets spéciaux inédits pour l’époque. L’équipe artistique a été particulièrement soigneuse. Tout ce travail, on le doit notamment au grand Stan Winston, qui a inventé l’aspect unique de la créature extra-terrestre ; une sorte de « gueule » de crustacé plantée sur un corps humanoïde. Après des essais ratés avec Jean-Claude Van Damme, c’est finalement l’acteur afro-américain Kevin Peter Hall et son impressionnante taille (2 mètres 19) qui endosse le costume du monstre, sous une chaleur tropicale insoutenable, de près de 40 degrés, dans la forêt de Palenque au Mexique. On doit également au superviseur des effets visuels, Joel Hynek, l’aspect complexe d’ « invisibilité » de la créature, qui lui a valu une nomination aux Oscars. La réussite de Predator repose aussi bien sûr sur son casting. Essentiellement masculin – hormis Elpidia Carrillo dans le rôle d’Anna, l’otage survivante -, il est porté par un Arnold Schwarzenegger alors en pleine gloire et au sommet de son art dans le rôle du Major Alan « Dutch » Schaeffer. Un militaire qui doit abandonner son artillerie lourde au profit d’un instinct quasi animal afin de survivre à ce prédateur aux dreadlocks. Le duel du dernier acte est un morceau d’anthologie cinématographique qui renvoie à David et Goliath ; l’un devant ruser face à la technologie très avancée de l’autre.
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Le reste de la distribution, constituant le commando des forces spéciales, est du même acabit : de Carl Weathers (Rocky) à Bill Duke (Payback) en passant par Jesse Ventura (Demolition Man), Sonny Landham (48 heures) et Shane Black. Ce dernier est principalement connu pour être le scénariste surdoué de la saga L’Arme Fatale, mais aussi le réalisateur d’Iron Man 3 et plus récemment de The Nice Guys. Il devrait bientôt prendre en main une nouvelle suite à Predator. Cependant, ce n’est pas pour ses talents d’écriture qu’il a été recruté car le scénario de Predator a été cosigné par les frères Jim et John Thomas. Ce récit se situe quelque part entre Alien et Rocky comme ils l’ont présenté à John McTiernan, lequel y voit un récit d’aventure fantastique à la King Kong, dont la simplicité de la narration est transcendée par un grand sens du détail et la caractérisation des personnages. Certaines répliques demeurent également cultes, comme « S’il peut saigner, on peut le tuer« , « Aiguise-moi ça » ou « T’as pas une gueule de porte bonheur ». Si Predator fut boudé à l’époque par la critique en France malgré un succès public, cette ressortie estivale arrive à point nommé pour justifier de l’ampleur de cette oeuvre d’action et de science-fiction. Le réalisateur de Piège de Cristal, À la poursuite d’Octobre rouge ou encore Le 13ème Guerrier pourrait d’ailleurs reprendre bientôt le chemin des plateaux de cinéma après une longue traversée du désert suite à ses démêlés judiciaires.
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- Ressortie de PREDATOR réalisé par John McTiernan en salles le 17 août 2016 en version restaurée.
- Avec : Arnold Schwarzenegger, Carl Weathers, Elpidia Carrillo, Bill Duke, Jesse Ventura, Sonny Landham, Shane Black, Kevin Peter Hall, R.G. Amstrong…
- Production : John Davis, Lawrence Gordon, Joel Silver
- Photographie : Donald McAlpine
- Montage : Mark Helfrich, John F. Link
- Effets Spéciaux : Stan Winston
- Effets Visuels : Joel Hynek, Richard Greenberg
- Décors : Enrique Estévez
- Costumes : Marylin Vance
- Musique : Alan Silvestri
- Distribution : Capricci Films
- Durée : 1h47
- Date de sortie : 19 août 1987
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