Synopsis : De 1934 à 1966, le code Hays, du nom du sénateur William Hays, président de la Motion Pictures Producers and Distributors Association, a régi les bonnes mœurs dans les films américains.
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Après Les Espions qui venaient d’Hollywood, diffusé en octobre dernier sur OCS Géants, Clara et Julia Kuperberg sont de retour sur la chaîne avec un nouveau documentaire de 52 minutes ce 8 mars dans le cadre de la Journée de la Femme. Hollywood – Pas de sexe s’il vous plaît traite du sexe dans le cinéma hollywoodien, de sa représentation, sa censure et sa réception par les spectateurs dans des contextes sociétaux et politiques particuliers. Avec pour point de départ le code Hays, code de censure ayant fait son office répressif de 1934 à 1966, le documentaire déroule la frise chronologique des décennies suivantes par la construction d’une sexualité à la brutalité inhérente dans une Amérique puritaine. Alors que les années 1930 assumaient la représentation du sexe, du Tarzan et sa compagne par Cédric Gibbons, dans lequel les héros se baignent totalement nus, à Extase de Gustav Machaty où Hedy Lamarr a un des premiers orgasmes du cinéma, le code Hays va sonner le glas d’une certaine innocence. Sont interdites les scènes de sexe ou la mise en scène de l’adultère sans punition desdits personnages, tout comme la prostitution. Aucun organe sexuel ne doit apparaître devant la caméra et les scènes d’accouchement ne peuvent être filmées frontalement. La suggestion est le maître mot tandis que rien ne doit porter atteinte aux valeurs des spectateurs.
Les années 1960 et 1970 vont alors balayer les tabous, fortes de la révolution sexuelle, mais également des écrits de William Masters et Virginia Johnson, des sexologues ayant étudié plus de 10 000 actes sexuels. La plus grande découverte sera sûrement la révélation d’un plaisir féminin assumé et aussi développé que celui de l’homme. La femme peut être maître de sa sexualité, avoir plusieurs orgasmes et gérer sa contraception. Elément que le documentaire des sœurs Kuperberg met bien en relief, par le parallèle entre images reçues sur la sexualité féminine et traitement cinématographique. Souvent la femme qui assume son plaisir sera pourtant brimée. En exemple, le sulfureux Pulsions de Brian de Palma ou encore Psychose de Hitchcock.
Au travers d’extraits de films mais également d’interviews, Hollywood : Pas de sexe s’il vous plaît propose une philosophie de la sexualité. Le cinéma hollywoodien a depuis toujours pris la température du désir américain. Et bien que les choses aient évoluées vers plus de liberté, une sexualité à risque et violente s’est conçue dans les salles obscures, forte des multiples crises politiques et sanitaires. Ce que le cinéma a alors cherché à diminuer, certaines séries en ont fait leur fonds de commerce. Ainsi les séries comme Game of Thrones ne s’est pas privé de scènes orgiaques ou incestueuses. Didactique et pertinent, ce documentaire ajoute de la profondeur à certaines œuvres connues pour leurs scènes de sexe scandaleuses et dont on comprend les enjeux car remises dans leur contexte. Un nouveau reportage réussi pour les sœurs Kuperberg, qui en ont déjà réalisé plus d’une quarantaine sur l’âge d’or du cinéma hollywoodien.
- HOLLYWOOD – PAS DE SEXE S’IL VOUS PLAÃŽT
Diffusion : 8 mars 2018 à 22h30 et en Replay le 11 mars à 14h46
Chaîne / Plateforme : OCS Géants
Réalisation : Julia Kuperberg, Clara Kuperberg
Avec : Craig Detweiler, Michelle Ashford, Linda Williams, Adrian Lyne
Production : Wichita Films, Kali Pictures
Montage : Julia Kuperberg et Clara Kuperberg
Mixage : Vincent Dupuy
Musique : MYMA
Distribution : Poorhouse International, Reiner Moritz
Durée : 55 minutes