Synopsis : Peu de personnes le savent, mais il fut un temps où faire des films se conjuguait d’abord au féminin. Avant 1920, il y avait en effet à Hollywood plus de réalisatrices, de scénaristes et de productrices que dans toute l’histoire du cinéma. Mais ces noms et ces visages sont aujourd’hui oubliés. Qui se souvient de Lois Weber, qui a dirigé plus de 300 longs métrages en dix ans ? De Frances Marion, la scénariste de la star Mary Pickford, qui a remporté deux Oscars ? De Dorothy Arzner, la réalisatrice la plus puissante de l’époque ? Personne. Avec l’arrivée du parlant, les hommes ont compris le pouvoir financier du cinéma et ont poussé les femmes vers la sortie. Il faudra attendre 2010 et Kathryn Bigelow pour qu’une femme reçoive enfin l’Oscar de la Meilleure réalisation.

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Et la femme créa Hollywood de Julia et Clara Kuperberg - affiche

Et la femme créa Hollywood de Julia et Clara Kuperberg – affiche

Après avoir analysé en 2010 la représentation des femmes sur grand écran dans le documentaire Et Hollywood créa la femme, Clara et Julia Kuperberg, spécialistes de l’âge d’or du cinéma américain, reviennent aujourd’hui avec un nouveau film consacré cette fois à celles qui sont derrière la caméra. Et la femme créa Hollywood raconte comment, dans les années 1910 et 1920, les représentantes du « Deuxième Sexe » ont brièvement occupé les plus hauts postes de l’industrie cinématographique américaine. Un documentaire particulièrement riche et instructif, qui marque leur retour à Cannes Classics du 69e Festival de Cannes, après THIS IS ORSON WELLES (notre critique) l’année dernière. On note toutefois que l’entrée en matière s’attarde peut-être un peu trop sur le sexisme à Hollywood, sujet qui n’est hélas pas nouveau. Il est vrai que des voix s’élèvent depuis 2014 dans l’industrie pour dénoncer la sous-représentation des femmes derrière la caméra, le culte de la jeunesse dont sont victimes les comédiennes, ou encore les écarts de salaires en leur défaveur. À ce titre, on se remémore le discours de Patricia Arquette lors des Oscars de 2015. Les premières interviews en ouverture refont donc un focus : Paula Wagner et Lynda Obst, toutes deux productrices, Robin Swicord, scénariste et réalisatrice, et Ally Acker, cinéaste et historienne, racontent leurs difficultés en début de carrière, dans les années 1980. Toutes nous affirment à quel point les femmes, travaillant dans l’industrie du cinéma, étaient alors, comme le formule Swicord, « des anomalies ». Passé cette introduction sans doute inévitable, Et la femme créa Hollywood devient totalement passionnant dès lors que les sÅ“urs Kuperberg nous transportent dans les années 1910, à travers des images d’archives rares et d’extraits de films.

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Et la femme créa Hollywood

Et la femme créa Hollywood

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Elles dévoilent en effet que même si aujourd’hui, tout le monde l’a oublié, Hollywood était principalement dirigé par des femmes, avant le parlant ; elles étaient réalisatrices, scénaristes mais aussi à la tête de certains studios. Elles avaient un pouvoir incroyable et certaines étaient même mieux payées que les hommes. L’arrivée de Cari Beauchamp, historienne et auteure, enrichit beaucoup le propos. Défilent devant nos yeux ces pionnières d’Hollywood, Mary Pickford de United Artists, Dorothy Arzner, une réalisatrice puissante de l’époque, ou encore Alice Guy, la première femme cinéaste de l’histoire. Par son ton, et les nombreuses anecdotes racontées, Cari Beauchamp donne à ce documentaire de 52 minutes une tournure énergique et enlevée. La musique plus rythmée et le montage plus dynamique renforcent l’attrait de cette nouvelle partie. On retrouve là ce qui fait la force du travail de Clara et Julia Kuperberg sur plus d’une quarantaine de documentaires : instruire en divertissant. Ce film s’inscrit donc dans la tendance actuelle qui pousse l’industrie du cinéma à s’interroger sur la place des femmes et à tendre vers plus de diversité. Une initiative que l’on voudrait tous voir déboucher sur un changement concret.

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Dorothy Arzner - Et la femme créa Hollywood

Dorothy Arzner – Et la femme créa Hollywood

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De ce point de vue, peut-être sans même le savoir, le documentaire se révèle particulièrement symptomatique. En effet, la productrice de chez Sony, Lynda Obst, explique à travers une rubrique intitulée « Survival Skills » de son site web, que pour s’adapter au monde du cinéma, les femmes doivent faire du flirt une compétence à part entière, tout en précisant que seules les actrices ont le droit d’être ouvertement séductrices. Elle précise également que pour réussir les femmes doivent éviter de pleurer au travail, ne pas coucher avec leur patron et éviter de dire du mal des autres femmes, reprenant ainsi à son compte la plupart des clichés sexistes sur l’hyperémotivité et la jalousie des femmes. Car même avec l’Oscar décerné à Kathryn Bigelow en tant que meilleure réalisatrice pour Démineurs, on comprend que la route qui mène vers l’égalité homme/femme dans le septième art est encore longue et semée d’embûches. Raison de plus pour rendre hommage à celles qui sont parvenues à se faire un véritable nom à Hollywood. L’interview de Sherry Lansing, première femme présidente de la 20th Century Fox, qui clôt le film, est d’ailleurs particulièrement bien choisie. Nous somme en 1986, le journaliste en face d’elle lui demande si au cours d’une négociation, elle peut se permettre d’être « dure » puis – s’excusant d’avance pour son sexisme –, si elle peut être « une femme » pour obtenir ce qu’elle veut. La productrice lui répond alors avec son plus beau sourire que ce qu’il y a de sexiste dans cette remarque c’est qu’il part du principe « qu’être dur n’est pas féminin ». Elle rit, fondu au noir, le film s’arrête. Tout est dit.

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  • ET LA FEMME CRÉA HOLLYWOOD écrit et réalisé par Clara et Julia Kuperberg, documentaire inédit diffusé le 20 mai à 22h40 et le 22 mai à 13h sur OCS Géants.
  • Avec : Paula Wagner, Lynda Obst, Robin Swicord, Ally Acker, Cari Beauchamps…
  • Production :  Clara et Julia Kuperberg via Wichita Films, avec la participation d’OCS
  • Montage : Julia Kuperberg, Clara Kuperberg
  • Image et son : Peter Krajewski, Mike Nolan, Diego Torroija, Ivo Hanak, Martin Ehleben, Mitch Espe.
  • Musiques : Myma, Warner Chappell Music, Moving Image Archive
  • Distribution : Reiner Moritz
  • Durée : 52 minutes

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