Synopsis : Luna vit près de Montpellier et travaille dans une exploitation maraîchère. Elle est belle, drôle, elle dévore la vie. Elle serait prête à tout pour garder l’amour de Ruben. Au cours d’une soirée trop arrosée avec ses amis, ils agressent un jeune inconnu. Quelques semaines plus tard, celui-ci réapparait dans la vie de Luna. Elle va devoir faire des choix.
♥♥♥♥♥
Après avoir tourné plusieurs courts-métrages, Elisa Diringer signe son premier long avec Luna, sur l’adolescence, le rapport à l’autre et le passage à l’âge adulte. Le récit est centré sur une adolescente insouciante, solaire et inconsciente. La journée, Luna (Laetitia Clément) travaille dans une exploitation maraîchère, où elle espère être engagée en CDI. La nuit elle boit et se déchaîne avec sa bande. Mais sa préoccupation principale, c’est son petit-copain Ruben, un garçon bête et méchant, qui l’utilise et la méprise. Pour lui, elle est prête à tout, sans penser aux conséquences. Mais après l’agression brutale d’Alex (Rod Paradot) par cette bande, filmée sur le téléphone portable, la jeune fille va progressivement changer sa vision du monde. Luna est un film d’apprentissage, qui suit le passage à l’âge adulte de sa protagoniste. Il soulève la problématique de groupe et montre ce que l’on peut faire de plus horrible au sein d’une bande pour tenter d’exister. Si Luna continue d’exister, le destin la rattrape et la met face à ses responsabilités. Elle finit par comprendre et s’émanciper de ce groupe et de sa vie amoureuse sans issue. Elle change d’abord de style et de couleur de cheveux. Puis elle croise sur son lieu de travail Alex, la victime, qui ne la reconnaît pas. Dès lors, sa vie est bouleversée. La tension installée par Diringer est bien maitrisée. Comme Luna, on attend le moment fatidique où elle ne peut plus se taire. La mise en scène et le scénario jouent sur cet effet mélangeant des scènes puissantes avec des longueurs qui traduisent la lenteur de l’attente de Luna. Le temps dilaté est celui de son angoisse face à la vérité qu’elle cache.
Laetitia Clément crée l’empathie, malgré l’animosité qu’elle réveille dans la première partie. C’est le principal atout du film. La jeune actrice lumineuse incarne avec justesse les facettes de cette adolescente en plein changement. L’appréhension s’installe à mesure que l’amour emporte Alex et Luna. Elle grandit, murit mais prend aussi conscience que le passé ne s’efface pas et qu’elle doit avouer. Si Julien Bodet (Ruben) parvient à incarner ce mauvais garçon, le personnage de Rod Paradot (Alex) est moins charismatique. Et le couple en pâlit à l’écran, notamment face à la force de Laetitia Clément. Mention spéciale à la photographie de Elin Kirschfink (La belle vie), baignée par la lumière du sud de la France, qui met également en évidence les paysages des zones périurbaines posant le contexte dans lequel évoluent les personnages. Malgré un scénario sans grande surprise ni originalité, le premier film de Diringer est une jolie réussite grâce à sa mise en scène et au jeu de son actrice principale.
- LUNA
- Sortie salles : 11 avril 2018
- Réalisation : Elsa Diringer
- Avec : Laëtitia Clément, Rod Paradot, Lyna Khoudri, Julien Bodet, Frédéric Pierrot, Juliette Arnaud,…
- Scénario : Elsa Diringer, Claude Mouriéras
- Production : Muriel Meynard
- Photographie : Elin Kirschfink
- Montage : Sarah Ternat
- Musique : Thibaut Barbillon
- Distribution : Pyramide Distribution
- Durée : 1h33