Synopsis : En l’absence de sa sÅ“ur Rim, que faisait Yasmina dans un parking avec Salim et Majid, leurs petits copains ? Si Rim ne sait rien, c’est parce que Yasmina fait tout pour qu’elle ne l’apprenne pas. Quoi donc ? L’inavouable… le pire… la honte XXL, le tout immortalisé par Salim dans une vidéo potentiellement très volatile.
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Trois ans après le court métrage Haramiste, Antoine Desrosières retrouve les actrices Souad Arsane et Inas Chanti pour livrer une comédie sociale et féministe qui a secoué le dernier Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard. Employant un ton résolument moderne et réaliste avec des flots de paroles ininterrompus débités par des jeunes des cités, il devrait partager fatalement le public. On y suit deux sÅ“urs : Rim qui est en couple avec Salim et Yasmina, célibataire n’ayant même jamais embrassé un garçon. Avec Majid, le quatrième larron qui va finalement séduire Yasmina, ils forment une bande d’amis, jusqu’au jour où cette dernière, en l’absence de sa soeur, va se retrouver coincée dans un parking, forcée à se livrer à un acte sexuel non consentant avec les deux garçons. Commence alors pour elle une lutte contre les menaces qu’elle va subir et sa propre honte. Le parcours de Yasmina est brillamment exposé, de l’incompréhension à l’embobinage jusqu’à la détresse la plongeant dans des idées noires. À genoux les gars est un film féministe fort qui parvient à allier l’effroi à la comédie en captant avec réalisme la condition des jeunes femmes dans les cités où certaines s’en sortent tandis que d’autres, plus faibles, se trouvent exploitées. Desrosières dénonce un milieu machiste où les hommes se croient tout permis et n’hésite pas à les tourner en dérision, les présentant comme des espèces de bouffons terrifiants qui agissent par mimétisme. Il met donc en avant le langage particulier d’une certaine jeunesse qui balance des « frères » à tout va et écrit en langage sms, illustré à travers des échanges de texto. Afin de s’assurer de la crédibilité des échanges entre les protagonistes, les deux actrices ont participé activement à l’élaboration du scénario et des dialogues. Elles tenaient à une véritable frontalité. On écoute des débits de paroles infernaux qui rythment le film sans discontinuer et dont la mécanique à l’écran a nécessité sept mois de montage. À genoux les gars nous donne ainsi à voir une nouvelle lutte des femmes qui fait terriblement écho au mouvement Me Too. Il l’inscrit aussi habilement dans la longue lignée des batailles menées au fil du temps en y insérant des chansons des années yéyé qui annonçaient déjà qu’il était temps de se révolter contre la gent masculine. Le film fonctionne à plein, grâce à l’engagement total de ses deux actrices principales, qui permet de faire éclater la rage de cette génération désorientée qui souhaite mettre un grand coup de pied dans la fourmilière.
- À GENOUX LES GARS
- Sortie salles : 20 juin 2018
- Réalisation : Antoine Desrosières
- Avec : Souad Arsane, Inas Chanti, Sidi Mejai, Mehdi Damane, Loubna Abidar, Baya Kasmi, Alis Gardiole, Farid Kadri, Younes Moktari
- Scénario : Antoine Desrosières, Anne-Sophie Nanki, Souad Arsane, Inas Chanti
- Production : Annabelle Bouzom, Jean-Michel Rey, David Danesi, Youssef El Mouddak, Philippe Carcassonne, Claire Marquet
- Photographie : George Lechaptois
- Montage : Nicolas Le Du
- Décors : Laurent Le Corre
- Distribution : Rezo Films
- Durée : 1h38