Synopsis : En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d’un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu’elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l’atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu’à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous.
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S’attaquer aux Proies après l’adaptation de Don Siegel en 1971 était sans doute un pari risqué pour Sofia Coppola. Pourtant, elle offre une mise en scène plus mature, plus maîtrisée que de coutume, et parvient à imposer une patte nouvelle dans cette relecture, tirée du roman de Thomas Cullinan, paru en 1966. Onze ans après avoir tenté sa chance en Compétition officielle à Cannes avec Marie-Antoinette, Coppola rafle ici le Prix de la Mise en Scène de la 70e édition. Une jolie récompense qui rejoint le Lion d’Or pour Somewhere en 2011. Ce résultat, on le doit aussi au travail sur la lumière de Philippe Le Sourd, ancien assistant de Darius Khondji et nommé à l’Oscar de la meilleure photo pour The Grandmaster de Wong Kar-wai. Mais aussi à la musique de Phoenix qui parvient à resserrer la tension. Et puis bien sûr, au casting féminin judicieux. Nous sommes donc en pleine guerre de Sécession dans le Sud profond. L’une des jeunes pensionnaires d’un internat de jeunes filles, isolé du monde, découvre un déserteur yankee, blessé à la jambe près d’un arbre, et décide de lui porter secours. Peu à peu, et alors qu’il tente de se remettre de ses blessures, ces jeunes filles en fleur succombent au charme de cet homme du camp adverse. Colin Farrell, à la merci de ces demoiselles, ne dégage pas le charisme de Clint Eastwood qui incarnait de surcroît un personnage plus violent et cynique. La tension sexuelle et les rivalités, qui chargeaient l’atmosphère dans le drame subversif de Siegel, sont le plus souvent reléguées en arrière plan au profit d’une dose d’humour sournois, qui confère au film une approche plus subtile qui n’est pas sans déplaire. De même, la guerre fait rage ici comme un écho lointain, écartée par une forêt qui ne laisse finalement filtrer que les rayons du soleil. Si Coppola explore à nouveau ses thèmes de prédilection, comme l’éveil au désir et aux interdits, le plus intéressant est qu’elle se focalise essentiellement sur les femmes, ces proies en apparence fragiles, emmenées par un efficace trio de stars (Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Elle Fanning). Coppola fait aussi la part belle à une brochette de jeunes actrices qui s’imposent à l’écran, particulièrement Addison Riecke et Oona Laurence. Car à l’inverse du classique de Don Siegel, les hommes sont absents du cadre, hormis ce soldat blessé, transformant dès lors cette relecture en un huis clos plus féminin, féministe et émancipateur.
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- Notes de la rédaction cannoise
- Philippe Descottes ♥♥♥♥♥
- Antoine Gaudé ♥♥♥♥♥
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- LES PROIES (The Beguiled) de Sofia Coppola en salles le 23 août 2017.
- Avec : Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning, Oona Laurence, Angourie Rice, Addison Riecke, Emma Howard…
- Scénario : Sofia Coppola d’après l’oeuvre de Thomas Cullinan, Albert Maltz, Irene Kamp
- Production : Sofia Coppola, Youree Henley
- Photographie : Philippe Le Sourd
- Montage : Sarah Flack
- Décors : Anne Ross
- Costumes : Stacey Battat
- Musique : Phoenix
- Distribution : Universal
- Durée : 2h09
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