Synopsis : À Los Angeles, Sam, 33 ans, sans emploi, rêve de célébrité. Lorsque Sarah, une jeune et énigmatique voisine, se volatilise brusquement, Sam se lance à sa recherche et entreprend alors une enquête obsessionnelle surréaliste à travers la ville. Elle le fera plonger jusque dans les profondeurs les plus ténébreuses de la Cité des Anges, où il devra élucider disparitions et meurtres mystérieux sur fond de scandales et de conspirations.
♥♥♥♥♥
Depuis le teen movie The Myth of the American Sleepover, révélé en 2010 à la Semaine de la Critique à Cannes et récompensé à Deauville, David Robert Mitchell impose son style dans la sphère cinématographique.It Follows, thriller d’épouvante sur la contamination du mal, fut la sensation de l’année 2015, après sa présentation à la Quinzaine des Réalisateurs. Avec Under the Silver Lake, sélectionné cette fois en compétition officielle du 71e Festival de Cannes, le cinéaste quitte la ville de Détroit, dont il est originaire, pour installer l’intrigue à Los Angeles où il réside. Plongé dans les collines mystérieuses d’Hollywood, le récit devient le théâtre de la déconstruction et du mélange des genres qu’il instaure comme sa marque de fabrique. Il signe un thriller au style néo-noir qui entremêle brillamment l’esthétique des années 50 et 80. Andrew Garfield (excellent) incarne un trentenaire sans emploi qui part en quête de sa sensuelle voisine soudainement disparue (Riley Keough). Ce personnage nihiliste fait le choix de passer outre ses priorités de vie (payer son loyer avant expulsion) pour se lancer dans une enquête sinueuse, hallucinée et labyrinthique qui le plonge dans ses propres obsessions. Peu à peu, il va se fondre dans l’imagerie cinématographique, musicale et de la pop culture qui absorbe la Cité des Anges pour résoudre les multiplies énigmes et trouver, par extension, un sens à la banalité de son existence.
Le scénario prend du temps à dessiner ce parcours souterrain et certaines pistes se révèlent souvent vaines. Mais si le récit s’avère moins profond que ses précédents films, David Robert Mitchell maîtrise efficacement son objet filmique. Il orchestre avec brio les histoires alternatives entre scandales, disparitions, meurtres, conspirations et messages subliminaux, en explorant de nombreux thèmes (vulnérabilité sociale, perte de repères, paranoïa, nostalgie, superficialité, privilèges). L’excellente partition de Richard Vreeland, aka Disasterpeace, qui retrouve le cinéaste après It Follows, a une place maîtresse, quasi omniprésente, installant un suspense des plus absorbants. Le compositeur n’hésite pas à lorgner, par instants, du côté de Bernard Hermann. Quant aux images léchées du directeur photo Michael Gioulakis, elles subliment l’ensemble faisant scintiller les hauts lieux convoités de Los Angeles. Les scènes dans la mer et dans la piscine atteignent leur paroxysme.
Si le cinéaste puise à nouveau son inspiration chez Lynch, Mulholland Drive s’immisce dans l’étrangeté de Under the Silver Lake. Il ne lésine d’ailleurs pas sur les références hollywoodiennes plus ou moins évocatrices -sans doute un peu trop- (Hitchcock, Kiss Me Deadly, âge d’or américain, Marilyn Monroe, Janet Gaynor, Chinatown, Le Privé, Donnie Darko et tant d’autres) pour nourrir l’atmosphère, accentuer la tension et révéler les obscures secrets. Under the Silver Lake s’avère un bel hommage personnel de David Robert Mitchell à l’histoire de la Cité des Anges « bâtie sur des rêves et des images animées ».
- UNDER THE SILVER LAKE
- Sortie salles : 8 août 2017
- Réalisation : David Robert Mitchell
- Avec : Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace, Callie Hernandez, Don McNamus, Jeremy Bobb, Riki Lindhome, Zosia Mamet…
- Scénario : David Cameron Mitchell
- Production : Michael de Luca, Chris Bender, Jake Weiner, Adele Romanski, David Robert Mitchell
- Photographie : Mike Gioulakis
- Montage : Julio C. Perez IV
- Décors : Michael Perry
- Costumes : Caroline Eselin-Schaefer
- Musique : Disasterpeace
- Distribution : Le Pacte
- Durée : 2h19