Livre / Nosferatu contre Dracula : critique

Publié par Jacques Demange le 16 février 2019

Résumé : Lorsqu’en 1922, le réalisateur allemand E W. Murnau réalise une des toutes premières adaptations cinématographiques de Dracula, le roman de Bram Stoker, il rebaptise le vampire en Nosferatu. Chef-d’oeuvre du cinéma muet expressionniste, son film reste à ce jour une des réussites les plus envoûtantes du cinéma fantastique. Depuis lors, de nombreux films ont poursuivi l’éloge du célèbre vampire, abandonnant le plus souvent la sombre mélancolie de Murnau pour donner libre cours à une imagination délirante mêlant calèches au galop dans la nuit, château médiéval, chauve-souris inquiétantes, jeunes femmes hurlant de terreur, effets de cape et rivières de sang. Cependant, de Nosferatu aux innombrables Draculas, il n’y a pas qu’un jeu de patronymes. Il importe dès lors de reprendre le dossier à sa source pour tenter de répondre à cette question essentielle : d’où viennent les vampires ?

♥♥♥♥♥

 

Nosferatu contre Dracula - livre

Nosferatu contre Dracula – livre

Vampire et cinéma, l’union est, on le sait, consommée depuis les origines. La première gageur de ce formidable essai signé Olivier Smolders, écrivain et cinéaste (Mort à Vignole ; Nuit noire ; L’Accord du pluriel ; Axoloti…) est de parvenir à synthétiser en quelques 128 pages ce rapport fécond et conflictuel. Nosferatu versus Dracula pour un ouvrage qui se développe en deux temps. Littérature d’abord, cinéma ensuite à travers l’étude de quelques cas particuliers (le Nosferatu de Murnau bien sûr, mais aussi Vampyr de Dreyer, le cycle vampirique de la Universal, et celui de la Hammer). À la première correspond une vaste exploration historique et stylistique qui part des légendes du Moyen-Âge pour aboutir à l’incontournable roman de Bram Stocker. Le second apparaît quant à lui comme un prolongement des postulats et des arguments préalablement établis, mais avec une attention particulière sur leurs métamorphoses cinématographiques. Étude des motifs (l’ombre, le sang, la photographie), des figures phares (le vampire, bien évidemment, mais aussi ses victimes) et connexes (le bestiaire, l’habitat vampirique, le mort-vivant, ou les nouveaux monstres du cinéma américain des années 70) donne lieu à un jeu métaphorique faisant de l’aristocrate sanguinaire et sanguinolent un avatar du dispositif cinématographique. Nosferatu/Dracula, créature dont la condition d’être appartient à l’obscurité (de la nuit, de la salle) et dont la lumière du jour prévient la disparition (à l’instar des images projetées sur un écran). La mise en abyme est belle et particulièrement féconde. Dans ce que Smolders appelle en introduction un « palimpseste d’images et de textes », le lecteur emprunte à ses côtés une série de chemins propre à un parcours labyrinthique qui permet de (re)découvrir les blasons d’un imaginaire morbide et ô combien fantasmatique. Si peu avant sa conclusion, l’auteur revient sur les hybridations dont ont fait les frais les récits vampiriques au cinéma (La Légende des 7 vampires d’or et autres Superman et les femmes vampires) ainsi que sur l’anoblissement cinéphile de la figure du Comte (le Dracula de Coppola), on ne peut que souhaiter que Smolders prolongera encore un peu ses pistes de réflexions à partir d’un corpus élargi.

 

 

 

  • NOSFERATU CONTRE DRACULA
  • Auteur : Olivier Smolders
  • Editons : Les Impressions nouvelles
  • Collection : La fabrique des héros 
  • Date de parution : 7 février 2019 
  • Format : 128 pages
  • Tarif : 12 € (print) – 7,99 € (numérique)

Commentaires

A la Une

A complete unknown : Timothée Chalamet devient l’icône folk Bob Dylan dans ce premier trailer

Dans ces premières images, James Mangold nous entraîne dans les années 60 pour découvrir l’ascension de Bob Dylan, figure centrale… Lire la suite >>

Joker – Folie à deux : un nouveau trailer déjanté

La nouvelle bande-annonce du Joker : Folie à deux a déjà dépassé les millions de vues en moins de 24… Lire la suite >>

Michael Mann lance un site dédié au processus de création de tous ses films

The Michael Mann Archives a été lancé le 16 juillet dernier, et le premier film accessible aux abonnés est aussi… Lire la suite >>

Spermageddon : un film d’animation norvégien prometteur

Originals Factory a acquis les droits de distribution en France de cette comédie musicale animée autour du sexe, qui sera… Lire la suite >>

The Substance : le film de body horror avec Demi Moore se dévoile dans un teaser intriguant

Le nouveau film de Coralie Fargeat verra s’affronter Demi Moore et Margaret Qualley autour de cette fameuse substance.    … Lire la suite >>

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 LE COMTE DE MONTE-CRISTO 992 295 4 4 531 945
2 MOI, MOCHE ET MECHANT 4 785 787 2 2 185 956
3 VICE-VERSA 2 575 629 5 6 872 252
4 TWISTERS 290 884 1 290 884
5 UN P'TIT TRUC EN PLUS 255 666 12 8 388 607
6 LE LARBIN 114 953 1 114 953
7 SANS UN BRUIT : JOUR 1 64 880 4 805 262
8 LONGLEGS 47 710 2 117 561
9 HORIZON : UNE SAGA AMERICAINE, CHAPITRE 1 46 839 3 239 854
10 SANTOSH 43 680 1 43 680

Source: CBO Box office

Nos Podcasts