Résumé : Les femmes fatales, qu’est-ce que c’est ? Un mythe ? Un fantasme ? Un monstre pervers ou le reflet de nos désirs ? Dans la mythologie, la littérature, le cinéma, la musique, la mode, les femmes fatales ont brillé. Elles ont décidé ce qu’elles voulaient montrer au monde et par cette liberté sont restées modernes à jamais. Aimées des hommes comme des femmes, elle suscitent l’admiration, la peur, la haine ou la passion, mais jamais la jalousie. En 128 pages illustrées (70 photographies d’archives et contemporaines), le lecteur voit défiler la dynamique des femmes qui font rêver les aventuriers du sentiment amoureux.
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« Fleurs sauvages déguisées en déesses », les femmes fatales hantent les salles obscures depuis les débuts de l’industrialisation du Septième art. Mathieu Alterman, journaliste, chroniqueur pour différentes chaînes de télévision et revues, et réalisateur de documentaires, propose ici de leur consacrer un portrait kaléidoscopique. À travers les époques, les cinématographies et les disciplines artistiques, l’auteur dresse le parcours étonnant de ces femmes dont l’indépendance d’esprit n’a d’égale que la puissance d’un charme dépassant les genres et les catégories pour assurer leur place dans l’Olympe des légendes éternelles. Theda Bara, Gloria Swanson, Louise Brooks, Ava Gardner, Faye Dunaway, Michèle Morgan, Marilyn Monroe, Claudia Cardinale, Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Monica Bellucci sont bien de celles-là . Hypnotiques, inquiétantes, vénéneuses, et prédatrices, les femmes fatales nourrissent la conscience du public de fantasmes aux penchants fétichistes que l’auteur traque à travers une description fournie et secondée par de magnifiques illustrations prenant la forme de portraits photographiques. Si le chapitre consacré aux héritières contemporaines fait la part belle aux représentantes culturelles (de la danseuse burlesque Dita von Teese à la modèle Elsa Oesinger, en passant par le duo musical Brigitte ou la styliste Stefanie Renoma), l’ensemble de l’ouvrage se focalise sur la question du mythe cinématographique, à la lisière de la mode, du glamour, des enjeux sociaux de leurs époques et de leurs nationalités respectives (principalement américaines, françaises et italiennes). Entre poses de façade et fragilité réelle (Rita Hayworth, Gene Tierney…), Alterman revient sur de nombreuses filmographies marquées par l’éloquence de présences emmurées dans le silence de troublantes ambiguïtés. Puis, doucement, les choses changent. La coupe garçonne de Jean Seberg, les formes assumées et exposées de Brigitte Bardot, les yeux soulignés par l’eye-liner de Anna Karina, les regards épris d’un vertige existentiel de Jeanne Moreau et de Catherine Deneuve, ou le visage « vecteur de sensations » de Monica Vitti substituent à la soumission relative des femmes-objets l’attraction productive des sujets-actrices.
Cette libération se développera encore auprès de différents courants alternatifs marqués par l’émergence des mouvements punk, goth, SM, ou grunge. Si l’auteur signale la présence d’un certain affaiblissement contemporain (Julia Roberts, Cameron Diaz et Drew Barrymore sont ainsi décrites comme autant de variations « rassurantes » tempérant la dimension sulfureuse de leurs aînées), il distingue néanmoins la pérennité de la tradition auprès de certaines figures d’exception et temporaires : Sharon Stone, Virginia Madsen, Neve Campbell, Elizabeth Berkley. La femme fatale doit alors sortir des salles obscures pour affirmer la pluralité de son identité artistique (la mode donc, mais aussi la musique).
Ces multiples mutations sont donc mentionnées et étudiées à partir d’un prisme culturel et historique qui oublie parfois la question de l’analyse filmique à proprement parler. Quid des codes cinématographiques de la femme fatale, c’est-à -dire des composantes audio-visuelles assurant la construction de sa figure à l’écran ? Si l’auteur dresse quelques pistes s’orientant dans ce sens, la chose reste trop souvent en suspens. Ponctué d’encarts s’attardant sur certains cas particuliers (les femmes fatales hitchcockiennes, ou les James Bond girls), cette étude reste particulièrement enthousiasmante. Reste cependant un manque méthodologique concernant les annexes qui se trouvent être fatalement absentes.
- FEMMES FATALES !
- Auteur : Mathieu Alterman
- Éditions : Quai Des Brunes
- Date de parution : 28 février 2019
- Format : 128 pages
- Tarif : 22 €