Synopsis : ES fuit la Palestine à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil, avant de réaliser que son pays d’origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d’une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l’absurde. Aussi loin qu’il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie. Un conte burlesque explorant l’identité, la nationalité et l’appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir » chez soi » ?
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Pour la septième année consécutive, les films de Cannes s’invitent dans cinq cinémas Pathé et Gaumont à Toulouse, Rennes, Nantes, Lyon et Paris. L’occasion de se pencher sur certains films de la sélection. Elia Suleiman fait un retour grandiose au cinéma et sur la Croisette, exactement dix ans après Le Temps qu’il reste, avec son nouveau long-métrage, primé par la mention spéciale du Jury, du 72e Festival de Cannes. Le réalisateur palestinien, introduit à Cannes par la comédie Intervention divine en 2002, réendosse ici le rôle du personnage principal. Quasiment muet, comme le sont habituellement ses films, avec un humour qui rappelle celui de l’époque du cinéma non-parlant, il instaure une narration par le biais du regard porté sur trois villes éparpillées à travers le Monde. Comédie satirique qui reprend des thématiques qui sont chères au cinéaste omniprésent dans cette œuvre, à savoir l’identification d’un individu à un pays et son appartenance à un endroit précis, elle fonctionne par un assemblage de sketches se déroulant dans des lieux chargés de symboles culturels. Au cours de cette expédition à l’international, ES semble s’amuser des clichés que son pays évoque à ceux qui n’en sont pas originaires. Toujours dans un élan d’absurdité burlesque, Suleiman reprend les spécificités associées à chacun des espaces qu’il traverse en les appliquant à des situations quotidiennes pour montrer l’anonymat et l’uniformisation découlant principalement d’une répression policière trop importante. Il souligne de cette manière la violence sourde émanant de ceux qui sont censés protéger la population. Que l’on soit en Palestine, à Paris ou à New York, l’inhibition exercée par les forces de l’ordre et la mondialisation y est tellement inquisitoriale qu’elle en efface l’âme de ces lieux au point de les transformer en non-lieux interchangeables, simples sites de passage où il est impossible de s’établir, à l’image des portiques de détection dans les aéroports que l’on peut voir vers la fin lors d’une séquence hilarante. Récit de prime abord cosmopolite et très personnel, It Must Be Heaven se révèle finalement un périple narquois débouchant sur un état des lieux de notre planète, contenant ainsi un message à portée universelle.
- IT MUST BE HEAVEN
- Sortie salles : Prochainement
- Réalisation : Elia Suleiman
- Avec : Elia Suleiman, Tarik Kopti, Kareem Ghneim, George Khleifi, Ali Suliman, Fares Muqabaa, Yasmine Haj, Nael Kanj, Asmaa Azai, Vincent Maraval, Gael Garcia Bernal
- Scénario : Elia Suleiman
- Production : Elia Suleiman, Edouard Weil, Laurine Pelassy, Thanassis Karathanos, Martin Hampel, Serge Noël, Zeynep Ozbatur Atakan
- Photographie : Sofian El Fani
- Montage : Véronique Lange
- Décors : Caroline Adler
- Costumes : Alexia Crisp-Jones et Éric Poirier
- Musique : Steve Bouyer et Pascal Mayer
- Distribution : Le Pacte
- Durée : 1h37