Rocketman de Dexter Fletcher : critique 

Publié par Sévan Lesaffre le 28 mai 2019

Synopsis : L’ingrat et complexé Reginald Kenneth Dwight devient, à force de travail et de concessions, la star excentrique de la pop music, Elton John.

 

♥♥♥♥♥

 

Rocketman - affiche

Rocketman – affiche

Le réalisateur britannique Dexter Fletcher, qui avait assuré les dix derniers jours de tournage de Bohemian Rhapsody après le renvoi de Bryan Singer, met en scène un biopic musical flamboyant et électrique sur la vie hors du commun de la superstar de la pop, Elton John. Relecture à la fois fantaisiste, festive et colorée, portée par l’impressionnante performance de Taron Egerton (Eddie the Eagle, Kingsman 1 et 2), Rocketman explore l’ascension fulgurante du chanteur anglais ainsi que sa fructueuse collaboration avec le parolier Bernie Taupin incarné par Jamie Bell. Le film, qui n’est pas un biopic conventionnel, défie les codes ; cette fantaisie musicale, inspirée d’All That Jazz de Bob Fosse et nourrie par le personnage de l’homme-fusée iconoclaste, rend hommage à l’extravagante rock star en revisitant ses tubes planétaires. Rocketman s’ouvre sur l’entrée fracassante d’Elton John en cure de désintoxication. Sans occulter les nombreuses addictions et les combats qu’il a menés pour atteindre la lumière, Dexter Fletcher raconte ainsi l’autodestruction de Reginald Dwight, garçon ordinaire du Middlesex des années 1960, pianiste prodige devenu ange déchu et victime d’une célébrité nocive. Le réalisateur revient sur la jeunesse d’un mélodiste hors pair, sur ses débuts américains au Troubadour – le plus célèbre club du Los Angeles des années 1970 –, ses deux concerts géants au Dodger Stadium, ses relations familiales chaotiques et sa vie sentimentale orageuse (« Le véritable amour est rare, alors il faut trouver le moyen de vivre sans. » rappelle Elton à son manager et amant John Reid, interprété par le ténébreux Richard Madden). Ici, le spectateur pénètre dans l’imagination, les souvenirs et les fantasmes du héros.

 

Taron Egerton - Rocketman

Taron Egerton – Rocketman

 

Si le scénario signé Lee Hall (Billy Elliot) fractionne cette success story ponctuée d’excès et de tourments, la mise en scène, quant à elle, joue sur la démesure et transcende le sentiment de solitude, d’isolement, prix payé par Elton John pour acquérir le statut d’icône gay. Les chansons, judicieusement choisies pour leur fonction narrative, font partie intégrante du récit. Reprises avec talent par Taron Egerton lui-même, elles retracent et examinent la carrière de la star tandis que les numéros musicaux déforment et commentent la réalité. Les réarrangements du producteur Giles Martin n’abîment pas l’ADN de l’artiste survolté. Les costumes créés par Julian Day sont fidèles aux exubérantes tenues de scène – platform shoes, boas, plumes et lunettes strass – portées par Sir Elton. De même, Rocketman retranscrit avec justesse l’atmosphère kitsch des seventies.

 

Toutefois, si le portrait est beaucoup moins édulcoré que celui du légendaire Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody, le regard rétrospectif s’avère partiel (la tentative de suicide semble dédramatisée, le mariage avec l’ingénieure du son allemande Renate Blauel est rapidement éclipsé, l’amitié tragique avec Lady Diana n’est pas évoquée..), préférant parfois les ellipses faciles sous forme de clips psychédéliques. On retient de l’étourdissant Rocketman son mécanisme narratif puissant (celui qui raconte l’histoire est celui qui l’a vécue à la différence des biopics hollywoodiens adoptant le plus souvent un point de vue extérieur), ses mélodies entêtantes (de Candle in the Wind à Your Song en passant par Tiny Dancer et Crocodile Rock) et sa thématique universelle (la recherche de son identité). Une comédie musicale pop à la gloire d’un homme « toujours debout » parcourant la route de briques jaunes.

 

 

 

  • ROCKETMAN
  • Sortie : 29 mai 2019
  • Réalisation : Dexter Fletcher
  • Avec : Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden, Bryce Dallas Howard, Steven Mackintosh, Gemma Jones, Kamil Lemieszewski, Alison Ball, Kit Connor…
  • Scénario : Lee Hall
  • Production : David Furnish, Matthew Vaughn, Adam Bohling, David Reid
  • Photographie : George Richmond
  • Montage : Chris Dickens
  • Décors : Marcus Rowland
  • Costumes : Julian Day
  • Musique : Matthew Margeson
  • Distribution : Paramount Pictures France
  • Durée : 2h01

 

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