Frankie de Ira Sachs : critique

Publié par CineChronicle le 27 août 2019

Synopsis : Frankie, célèbre actrice française, se sait gravement malade. Elle décide de passer ses dernières vacances, entourée de ses proches, à Sintra au Portugal.

♥♥♥

 

Frankie - affiche

Frankie – affiche

Le premier semestre 2019 a déjà vu passer pas moins de trois films avec Isabelle Huppert. Véritable bourreau de travail, dont la série Dix Pour Cent avait su capturer le trait de caractère, l’actrice française n’est jamais loin des plateaux de tournage. En effet, après Blanche comme Neige et Greta, on la retrouve ce mercredi à l’affiche de Frankie, dernier long-métrage de l’Américain Ira Sachs. Si le film marquait les premiers pas du réalisateur sur la croisette, lors du 72e Festival de Cannes, force est de constater qu’il n’était pas à la hauteur de ses camarades en compétition. De plus, à la différence, de Love is Strange ou de Brooklyn Village, œuvres touchantes qui ont bâti la renommée de Sachs, Frankie souffre de certains symptômes cinématographiques. Contrairement à ses films précédents qui décrivaient à merveille le melting-pot new-yorkais et son ambiance, le réalisateur nous emmène cette fois à Sintra, Portugal. Un décor idyllique aux couleurs aussi saturées que les costumes de Frankie, atteinte d’un cancer et qui vit ses dernières vacances en compagnie de ses proches. Délicat et tendre, face à un sujet aussi rude que la mort, le film ne bascule jamais dans les travers du pathos. Mais à force de mélancolie, le spectateur tombe dans une certaine léthargie, qui rend le film par moment sans relief. En témoigne, les dialogues parfois superficiels à mesure que les scènes se multiplient entre les personnages. Pourtant ce sont ces mêmes dialogues qui réaniment le film.

 

Frankie

Frankie

 

Empreintes d’un ton léger retranscrit au travers des mots ou des réactions de chacun, les conversations permettent – de façon caricaturale – de mettre en avant l’absurdité des personnages. À commencer par celui d’Huppert. Aussi hautaine qu’honnête, l’atypique Frankie s’immisce dans la vie de chacun, alors que la sienne est sur le point de s’achever. Autour d’elle gravite Paul, un fils insatisfait, interprété par Jérémie Renier, et son mari éploré, Jimmy, campé par l’excellent Brendan Gleeson.

 

Cette légèreté est avant tout le signe d’une simplicité, que le réalisateur a voulu puiser chez ses acteurs, et qui rapproche alors le spectateur de l’intimité de scènes qui se jouent souvent en duo. La réalisation de son côté, n’est pas sans rappeler celle de Woody Allen. Les longues conversations lors des balades dans Sintra ont tout de même un air des rues espagnoles de Vicky Cristina Barcelona ou encore des quais parisiens de Minuit à Paris. De plus, si le ton employé est moins piquant que celui de l’univers allenien, Frankie se rapproche aussi de ce dernier au travers des thème abordés.

 

Frankie

Frankie

 

Ici, l’amour et le deuil sont au cœur de ce film choral. Le premier est un sujet récurrent dans la filmographie d’Ira Sachs alors qu’on suit en filigrane les différentes étapes du couple : celui naissant, celui qui envisage de divorcer ou encore celui qui doit affronter la perte inévitable de son conjoint. Mais le bilan d’une vie et l’héritage que nous laissons derrière nous, sont autant de thématiques traitées par le film. Il est d’ailleurs intéressant de voir comment le personnage d’Huppert affronte l’innommable de la maladie, seule, tout en étant entourée de ses proches. En témoigne, cette mise à distance de la douleur alors qu’elle évite les pleurs de chacun.

 

Personnage de martyr mythologique, sorte d’Antigone condamnée à un destin funeste, Frankie est au centre d’une tragédie grecque, selon son interprète. Finalement, malgré quelques moments de flottement, le film porte en lui la lumière d’Ira Sachs, cinéaste talentueux, qui grâce à un casting épatant, filme une nouvelle fois avec brio, la sensibilité humaine.

 

Lisa Muratore

 

 

 

  • FRANKIE
  • Sortie en salle : 28 août 2019
  • Réalisation : Ira Sachs
  • Avec : Isabelle Huppert, Greg Kinnear, Marisa Tomei, Jérémie Renier, Brendan Gleeson
  • Scénario : Ira Sachs et Mauricio Zacharias
  • Production : Saïd Ben Saïd
  • Photographie : Rui Poças
  • Montage : Sophie Reine
  • Costumes : Silvia Grabowski
  • Musique : Dickon Hinchliffe
  • Distribution : SBS Distribution 
  • Durée : 1h38

 

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