Synopsis : Simon, jeune orphelin, ne désire qu’une chose : trouver une famille prête à l’accueillir. Or ce dernier possède un pouvoir extraordinaire que tout le monde ignore : il est capable de prendre l’apparence d’autres personnes à condition de les avoir touchées. Un don qu’il mettra à profit pour réaliser son rêve. Un conte à la frontière du fantastique et du merveilleux où l’imaginaire joue un rôle essentiel.
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Chronique d’un amour adolescent aux allures de thriller high concept, La dernière vie de Simon, premier long-métrage de Léo Karmann (Delayed), est un pari audacieux puisqu’il s’attaque au genre du conte fantastique, bien peu représenté en France (citons notamment Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador ou le récent L’Angle mort de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic qui font exception à la règle). Les apparences sont parfois trompeuses… Simon (interprété enfant par Albert Geffrier, puis adolescent par Benjamin Voisin) possède un don très particulier, il peut se transformer en toutes les personnes qu’il a déjà touchées. Poli, serviable, sensible et discret, ce dernier partage son secret avec ses seuls amis, Thomas (Simon Susset) et sa sœur Madeleine (Vicky Andren et plus tard Camille Claris) qui l’accueillent le temps d’un week-end durant lequel l’orphelin très réservé s’épanouit au contact d’une famille idéalement unie. Mais un drame survient lors d’une escapade en forêt : Thomas tombe dans un gouffre et Simon, unique témoin, paniqué, décide de prendre la place du disparu afin de « maquiller » l’accident. Alors que les parents croient enterrer Simon, Madeleine, dupée par celui qui deviendra son amant, s’apprête à révéler la vérité. S’ensuit alors un tourbillon de métamorphoses rythmé par une multitude de morphing ; Simon le caméléon passe d’une identité à l’autre pour se fondre dans la foule et échapper ainsi à ses poursuivants. Influencé par Spielberg, Cameron ou encore Zemeckis, ses principales références en termes de cinéma fantastique standard, Léo Karmann, qui, à chaque masque revêtu, travaille ici le motif de l’identité plurielle (Qui est-on réellement ? Quel rôle joue-t-on ?), construit un prologue énigmatique.
La simplicité initiale du scénario se dissout lorsque la magie devient l’outil permettant de révéler les souffrances et les failles de l’être humain. Comme dans La Légende des trois Clefs, modeste minisérie télévisée fantastique qui entremêle la crise d’adolescence et une intrigue policière similaire, le jeune cinéaste se concentre d’abord sur son jeune trio peu ordinaire, joue ensuite avec les codes du thriller et du suspense, puis conduit le spectateur dans une Bretagne labyrinthique et des intérieurs souvent plongés dans la pénombre, le tout sur l’étrange musique composée par Erwann Chandon.
Si La dernière vie de Simon tâtonne quelque peu entre atmosphère de conte initiatique moderne et réalisme social, ce jeu de miroirs bien interprété, destiné à réveiller l’enfant enfoui dans le cÅ“ur de chaque adulte, parle au plus grand nombre. En effet, Léo Karmann parvient à planter un décor adapté à cette love story atypique tout en déployant un habile climax émotionnel. La fragilité du héros, métaphorisée par ce double-jeu bientôt révélé au grand jour, fait écho à celle de sa bien-aimée atteinte d’une malformation cardiaque. Simon et Madeleine sont alors des « Freaks » séparés par la fatalité mais réunis par la mécanique du cÅ“ur. Dans leurs yeux brille la promesse d’un destin…
- LA DERNIÈRE VIE DE SIMON (Simon’s got a gift)
- Sortie : 5 février 2020
- Réalisation : Léo Karmann
- Avec : Benjamin Voisin, Martin Karmann, Camille Claris, Nicolas Wanczycki, Julie-Anne Roth, Albert Geffrier, Simon Susset, Vicki Andren, Florence Muller, Pierre Cachia, Christophe Reymond…
- Scénario : Léo Karmann, Sabrina B. Karine
- Production : Grégoire Debailly
- Photographie : Julien Poupard
- Montage : Olivier Michaut-Alchourroun
- Décors : Sandra Michaut-Alchourroun
- Costumes : Noélie Hébert
- Musique : Erwann Chandon
- Distribution : Jour2Fête
- Durée : 1h43