En pleine pandémie de Covid-19, l’ombre de l’annulation planait plus que jamais sur la 73e édition du Festival de Cannes, qui devait se tenir du 12 au 23 mai prochain. La pandémie aura eu raison du Festival, qui n’aura pas lieu en mai. Plusieurs remèdes sont à l’étude.
L’information vient d’être confirmée par l’équipe du Festival de Cannes. Annoncée en avant-première par Le Point, l’annulation aux dates prévues du Festival est désormais officielle. L’étau se resserrait autour de l’événement cannois depuis plusieurs semaines, face au renforcement des mesures prises le 13 mars, et à l’interdiction de rassemblement de plus de 100 personnes énoncée par le Premier ministre. C’est donc acté, la 73e édition de Festival de Cannes ne se tiendra pas selon les modalités traditionnelles, au profit d’un éventuel report à l’étude, « fin juin, début juillet » précise le communiqué de l’événement ce 19 mars.
La décision définitive concernant le sort de l’édition 2020 ne sera connue qu’une fois que l’évolution de la situation sanitaire le permettra, et rendue publique par les administrateurs du Festival, actuellement en concertation « avec l’État et la Mairie de Cannes […], les professionnels du cinéma et l’ensemble des partenaires de la manifestation », ajoutent les représentants dans leur message.
Une mise en pause des festivités qui complète l’article du Point publié le 14 mars dernier, dans lequel un membre du conseil administratif du Festival attestait que les difficultés pour le maintien du grand rendez-vous du septième art dans de telles conditions relevaient de l’impossible : visionnage compromis de films provenant de Chine et d’Asie, y compris de zones d’Europe où le virus se répand, précautions sanitaires laborieuses ne cadrant pas vraiment avec l’importance que les Américains accordent à l’hygiène. En somme, un casse-tête. Le journal précisait d’ailleurs que les majors hollywoodiennes ne réuniraient plus leurs propres salariés.
En dépit de mesures drastiques annoncées en amont par des porte-paroles du Festival, comme une désinfection accrue des lieux les plus fréquentés de la Croisette, ou des limitations de strictes du nombre de spectateurs dans les plus grandes salles pour respecter les restrictions en vigueur, rien n’y fait, cette édition semblait condamnée. Les marques sponsors de l’événement seraient frileux, et préféreraient laisser passer la crise, tandis que les bouleversements des calendriers de sortie rendent peu cohérente la présentation de nombreux films sortiront en retard dans les salles.
Plusieurs solutions se profilent à présent, sans qu’aucune ne soit pour l’heure confirmée. Le Point ajoutait qu’un report était déjà à l’étude. Mais le choix de la date serait délicat. Le report en juin n’étant pas encore confirmé, une édition automnale ou en fin d’été tomberait au beau milieu des festivals de la seconde partie de l’année, dont Deauville, Angoulême, la Mostra de Venise ou encore Toronto, – pour ne citer qu’eux – qui présentent chacun des sélections qui se veulent exclusives, axés sur la découverte d’œuvres inédites, et qui risqueraient d’interférer avec celle de Cannes. Sans compter le fait que la course aux Oscars débute dans ces mois cruciaux pour l’industrie.
Récemment, les dirigeants de l’événement, optimistes, planchaient encore sur des solutions alternatives. Pierre Lescure, président de l’événement, plaidait par exemple en faveur d’un reformatage nécessaire du Festival « Il faut faire plus court, moins pompeux, plus simple, et ouvrir la porte aux nouveaux géants de la production. Profitons de ce coup dur pour nous réinventer. Si nous ne le faisons pas, on se fera doubler par un autre festival… », expliquait-t-il alors.
Le communiqué de ce jeudi soir vient de confirmer que la situation est infiniment est plus complexe. Le Marché du Film de Cannes pourrait quant à lui opter pour une édition virtuelle, à l’instar de celle d’Hollywood sur le point d’être concrétisée.
La grand-messe du cinéma est donc en suspens. De nouvelles informations viendront confirmer, ou non, la tenue du Festival qui rapporte chaque année à la région plusieurs dizaines de millions d’euros.