Résumé : Cassandra Darke, Londonienne pur jus, vieille teigne misanthrope, mauvaise coucheuse en surcharge pondérale, n’est pas sans rappeler le célèbre Scrooge de Dickens. Elle ne pense qu’à elle-même et aux moyens de préserver le confort dont elle jouit dans sa maison de Chelsea à 8 millions de livres. La galerie d’art moderne de son défunt mari a été le théâtre de fraudes qui l’ont mise en délicatesse avec la justice et au ban de son milieu. Mais Cassandra s’accorde le pardon, au prétexte qu’«à côté de tous ces meurtriers récidivistes, on se sentirait presque comme Blanche-Neige». Ses fautes n’impliquent «ni violence, ni arme, ni cadavre». Hélas, dans son sous-sol, une ex-locataire, la jeune et naïve Nicki, a laissé une surprise qui pourrait bien s’accompagner de violence et d’au moins un cadavre…
♥♥♥♥♥
Pour nombre d’entre nous, confinement rime avec télétravail et école à la maison. En fin de journée, le besoin d’évasion se fait de plus en plus pressant. Séries télévisées et films disponibles sur les plateformes VOD ont déjà obtenu la majorité des suffrages, mais la lecture n’a pas dit son dernier mot. Direction les tablettes et les écrans d’ordinateur pour découvrir les ouvrages numériques mis à notre disposition par les éditeurs. Dans le riche catalogue de la collection Denoël Graphic, Cassandra Darke saura à coup sûr vous tenir en haleine tout au long de la nuit. Entre texte et dessin, la britannique Posy Simmonds, dessinatrice de presse, romancière et illustratrice de livres pour enfants, prend le terme « roman graphique » au pied de la lettre. Ce récit policier profite d’une british touch qui fait toute sa valeur. Dans un quartier huppé de Londres, l’irascible Cassandra Darke découvre un curieux trésor criminel dans son appartement en sous-sol. Comme un problème n’arrive jamais seul, notre héroïne solitaire doit apprendre à recomposer sa vie après que l’une de ses fraudes financière ait été révélée au grand jour. La qualité narrative de l’album est exemplairement servie par le trait fin et rond de l’auteure. Cette apparente innocence de la forme renforce la noirceur du fond. Proche de l’humour grinçant de Petits meurtres entre amis, le scénario creuse le portrait pittoresque de cette vieille dame indigne de quelques pointes de vérités qui font mouche. Le lecteur passe du sourire à l’effroi, et finit par être gagné par l’humanité qui se dégage des planches. Des flocons tombants dans les faubourgs de Londres à la vaste plaine enneigée qui clôture l’album, c’est moins le passage des saisons que décrit Simmonds que le retour d’émotions et de souvenirs qui agitent l’esprit de son héroïne. À lire et à contempler en compagnie d’une tasse de thé, Cassandra Darke prend les allures d’une Adèle Blanc-Sec au pays de Sa Majesté. On rappellera enfin que l’univers de Posy Simmonds a déjà suscité l’intérêt du cinéma. Tamara Drew et Gemma Bovery, deux autres de ses romans graphiques ont ainsi bénéficié d’adaptations réussies (respectivement réalisées par Stephen Frears et Anne Fontaine), tandis que son livre pour enfants, Fred, a été transposé en court animé.
- CASSANDRA DARKE
- Autrice : Posy Simmonds
- Traductrice : Lili Sztajn
- Éditions : Denoël
- Collection : Denoël Graphic
- Date de parution : 4 avril 2019 (France)
- Langues : Français et Anglais ( aux éditions Jonathan Cape le 1er novembre 2018)
- Format : 96 pages
- 21 € (format print) – 15,99 € (version numérique sur Eden Livres)