Résumé : En 1960, le film Psychose traumatise des spectateurs du monde entier. Jamais l’angoisse ni le suspense n’avaient été aussi bien mis en scène au cinéma. Mais d’où vient le talent de cet Alfred Hitchcock, celui que l’on surnomme désormais le « cinéaste de la peur » ? Pour le savoir, il faut d’abord remonter à sa jeunesse, en Angleterre, pendant la première moitié du XXe siècle. Ayant grandi dans une famille catholique – une originalité religieuse qui se ressentira dans une grande partie de son cinéma –, « Hitch » est un anglais atypique qui, très tôt, a le goût de raconter des histoires. La tentation de travailler pour le cinéma ne se fera pas attendre, d’abord comme graphiste aux studios Islington de Londres où son talent visuel l’amènera à faire ses débuts derrière la caméra, comme assistant puis comme metteur en scène complet. C’est également ici qu’il fera la rencontre d’Alma Reville, son assistante et épouse qui l’accompagnera toute sa carrière.
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Ce premier tome retrace les origines du maître du suspense qui en 1960 avec la sortie de Psychose devenait le maestro de l’horreur. Le récit biographique signé par le scénariste, réalisateur, comédien, romancier et historien du cinéma Noël Simsolo (à qui l’on doit déjà dans la collection « 9 ½ » de Glénat, les scénarios de Sergio Leone et prochainement de François Truffaut) permet de découvrir un pan parfois mésestimé de la carrière d’Hitchcock. Sa filmographie anglaise regorge pourtant de franches réussites qui annoncent moins qu’elles anticipent sur ses futurs succès hollywoodiens. De son enfance dominée par sa scolarité chez les jésuites et la présence quelque peu étouffante de sa mère, Hitchcock orchestre son ascension à la manière dont on organise un crime. Les choses se passent doucement, progressivement. D’illustrateur d’intertitres à la mise en scène, Hitch’ prend du poids au sein de l’industrie cinématographique britannique. Son nom devient bientôt synonyme de maîtrise, de rentabilité et d’appétit. Insatiable, le réalisateur se délecte des mets qu’on lui propose et des farces qu’il s’amuse à jouer en coulisses. Son esprit cockney s’infiltre au sein de l’intelligentsia pour s’imposer sans concession. La découverte de l’amour avec son épouse, Alma, va de pair avec sa passion grandissante pour les blondes glaciales, victimes et coupables idéales de ses thrillers. Amateurs comme spécialistes prendront plaisir à (re)découvrir cette histoire illustrée du réalisateur, Simsolo conciliant le général (historique) et le particulier (biographique) en plaçant son récit sous le signe de l’anecdote.
Le dessin de Dominique Hé (ancien collaborateur de Métal Hurlant et des Humanoïdes Associés, cocréateur des Mémoires d’un aventurier avec François Dimberton chez Glénat et déjà associé avec Simsolo sur la série Pornhollywood) s’engouffre pleinement dans cette tonalité ambivalente, associant précision et recherche de pittoresque à travers un trait jamais grossier mais ouvert à la légèreté de la caricature. Les personnages qui accompagnent le cinéaste (Cary Grant et Grace Kelly ses deux confidents, Peter Lorre, David Selznick…) sont immédiatement reconnaissables, tandis que le crayon de Hé capture à merveille la métamorphose anatomique de Hitchcock. Au regard de la difficulté de cette entreprise qui en s’attaquant à la légende des légendes se risquait à la redite, il faut louer la grande qualité dramaturgique et graphique de cet album… en attendant le second tome.
- ALFRED HITCHCOCK (tome 1) : L’HOMME DE LONDRES
- Auteurs : Noël Simsolo (scénario) et Dominique Hé (dessin)
- Éditions : Glénat
- Collection : 9 1/2
- Date de parution : 30 octobre 2019
- Langues : Français uniquement
- Format : 160 pages
- Tarif : 25,50 € (print) – 8,99 € (version numérique)