Warning – Do Not Play de Kim Jin-won : critique

Publié par Joanna Wadel le 7 mai 2020

Synopsis : Une réalisatrice de film d’horreur en devenir est à la recherche du sujet de son premier film. Quand un de ses amis lui apprend l’existence supposée d’un film tourné par un fantôme, elle est immédiatement fascinée. Plongée dans ses recherches, elle écrit un scénario qui la met en scène sur les traces de cet étrange film. Au fil de son enquête, les phénomènes étranges autour d’elle se multiplient…

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Warning do not play - affiche

Warning do not play – affiche

La curiosité est un vilain défaut. À en croire Kim Jin-won, le dicton s’applique également aux spectateurs de films d’horreur. Le Sud-coréen qui livrait en 2007 The Butcher, un étalage de gore empaqueté dans du torture porn à la Saw ou Hostel, revient avec Warning : Do Not Play, une mise en garde méta autour du snuff movie. Ces images violentes tournées à partir de meurtres ou de viols réels parsèment l’imaginaire du cinéma horrifique, des terribles cassettes de Tesis d’Alejandro Amenábar, aux mises à mort qui tournent en boucle dans Sinister de Scott Derrickson. Pour son deuxième long-métrage présenté à Gerardmer 2020, l’histoire de Park Mi-jeong (Seo Ye-ji), une jeune réalisatrice de films d’horreur qui trouve l’inspiration dans la rumeur d’un mystérieux métrage tourné par un fantôme, le cinéaste signe une œuvre au format classique qui entame une réflexion sur son propre genre, et sa position de créateur. Si au départ, la légende urbaine semble être un excellent support pour nourrir un nouveau scénario, la nécessité de trouver matière à écrire fera bientôt place à un voyeurisme malsain faisant fi des conséquences. Un canevas similaire au Projet Blair Witch – cité par l’un des personnages -, qui propose en second lieu d’aller explorer l’envers de l’écran, du côté des motivations qui poussent protagonistes, réalisateurs et spectateurs à s’abreuver d’images choquantes. Car il s’agit bien d’une course aux sensations, au ressenti, que les héros de fictions paient souvent au prix fort. Les curieux qui peuplent la saga nippone Ring, attirés par son court maudit en sont l’exemple le plus probant.

 

Warning do not play

Warning do not play

 

Dans Warning, Jin-won multiple les références à ces classiques du genre, tout en filmant une introspection sur le cinéma d’épouvante et ceux qui le fabriquent. Pourquoi se passionner pour la peur, pourquoi la provoquer ? Kim Jae-hyeon (Jin Seon-kyu), l’étudiant à l’origine du projet transformé en carnage par le spectre apporte sa lecture. L’Exorciste, dit-il, lui a sauvé la vie : « Mes mains tremblaient, des larmes coulaient sur mon visage. C’est comme si mon cœur se mettait à battre à nouveau ». Tandis qu’il explique les raisons de son engouement pour l’horreur, un flashback montre Seo Ye-ji en convalescence après sa tentative de suicide, captivée par une scène effrayante sur son lit d’hôpital. Se sentir vivre, oublier la douleur, dominer sa vulnérabilité en soumettant son regard à l’insoutenable, voilà la source de cette quête du frisson. 

 

Une recherche d’émotions propre au septième art, que Jin-won développe comme une soif intarissable d’images. Vidéos, photos, flashs, pellicule, croquis, projection… De l’écran à la toile, l’impression du choc sur rétine se décline sous une multitude de formes et de supports. Cette frénésie visuelle trouve sa quintessence dans le final, qui fourmille d’apparitions fugitives et d’extraits vidéo, avec pour théâtre un vieux cinéma abandonné.

 

Warning do not play

Warning do not play

 

Mais le procédé cathartique a ses inconvénients. La fatalité de l’horreur reprend le dessus, débouchant sur une conclusion pour le moins paradoxale. Au lieu d’exorciser la souffrance des corps, en cultivant l’effroi, Jae-hyeon n’a réussi qu’à leur apporter la mort, et générer une folie contagieuse. Faut-il voir en Warning un contre film d’horreur ? Pas sûr. Un hommage au sensationnalisme et aux addicts des poussées d’adrénaline que ce cinéma procure, certainement.

 

Bien que prometteuse, cette mise abyme artistique se trouve galvaudée par une fin évasive et une trame aux ressorts classiques, voire usés. La structure peu féconde tranche avec le propos, et ne parvient pas à exploiter le potentiel du scénario, au détriment du tout. Reste un morceau de culture méta-horrifique ingénieux, porté par son actrice principale, star du thriller psychologique coréen Save Me, sorti en 2017. De quoi s’offrir quelques sursauts devant de belles scènes de pénombre en se rappelant les Ring d’Hideo Nakata.

 

 

 

  • WARNING : DO NOT PLAY
  • Diffusion : 7 mai 2020
  • Chaîne / Plateforme : disponible sur toutes les plateformes VOD
  • Réalisation : Kim Jin-won
  • Avec : Seo Ye-Ji, Jin Seon-Kyu, Kim Bo-ra, Kim Mi-kyung…
  • Scénario : Kim Jin-won
  • Production : Lee Yoon-jin, Won Jeong-shim
  • Photographie : Yoon Yungsoo
  • Distribution : Wild Side 
  • Durée : 1h26

 

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