Résumé : Dans cet autoportrait, l’acteur évoque les personnalités qui ont le plus compté dans son parcours : Antoine Vitez et Leos Carax, Bernard Sobel et Claire Denis, Louis-Ferdinand Céline et Samuel Beckett, etc. Il rend hommage au film Les enfants du paradis, à Charlie Chaplin et au mime Marceau, à Pasolini et à Rimbaud.
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Le cinéma français a toujours eu ses “gueules”. Michel Simon, Daniel Emilfork, Tchéky Karyo, Vincent Cassel… et, bien sûr, Denis Lavant. Il n’est pas anodin que la carrière de l’acteur ait décollé aux côtés de Leos Carax. Avec ses yeux pleins d’une humanité brisée, Lavant correspond parfaitement à l’esprit rimbaldien qui animait les premiers films du cinéaste (et que l’on retrouve pleinement dans Holy Motors à travers le personnage de M. Oscar et de ses multiples avatars). Acteur instinctif, promoteur du geste comme conducteur de la parole, Denis Lavant fait de cet ouvrage une réflexion intense sur la nature de sa profession et les qualités de son jeu sur scène comme à l’écran. Entremêlée de citations de poètes, l’écriture de l’acteur relève d’une profondeur qui s’exprime à travers un style relevé et dont l’épanchement lyrique n’enlève rien à sa clarté. L’ouvrage s’oriente en ce sens plus vers la psychanalyse d’une pratique que du côté de la traditionnelle autobiographie. Car si Lavant évoque certains passages de son enfance et de son adolescence c’est pour mieux revenir sur l’ensemble de ses interprétations et y retrouver les traces de son parcours professionnel. Bien que la modestie de Lavant l’empêche de se prononcer, le lecteur repère chez lui la marque d’un authentique acteur-auteur apte à réfléchir les différentes facettes de sa technique, à comprendre ses rapports avec ses personnages ainsi que ses relations avec ses collaborateurs de création (des metteurs en scène et réalisateurs aux dramaturges en passant par ses partenaires), tout en revenant sur les différences entre son jeu sur scène et face à la caméra. Là où Louis Jouvet proposait une conversation sous la forme d’aphorismes, Lavant opte pour une prose libre mais non déliée. Plutôt que de récurrences, ce sont des réminiscences qui travaillent la structure de sa pensée. Rimbaud, Shakespeare, Céline, Les Enfants du paradis, Dostoïevski, Chaplin… ces différentes œuvres et figures balisent le récit de Lavant, se présentant moins comme des figures tutélaires que comme des passerelles menant vers l’intimité créatrice de l’acteur. À la lecture de cet ouvrage, le lecteur ressent une sorte de jouissance proche de l’ivresse. Car la sève du talent de Lavant se trouve dans sa manière de conteur. L’acteur nous raconte la richesse d’un patrimoine personnel qui, de page en page, concrétise la promesse d’une histoire que l’on prend plaisir à lire comme à voir.
- ÉCHAPPÉES BELLES
- Auteur : Denis Lavant
- Éditions : Les Impressions Nouvelles
- Collection : Traverses
- Langues : Français uniquement
- Date de parution : 3 septembre 2020
- Format : 192 pages
- Tarifs : 17 € (print) – 11,99 € (numérique)