Synopsis : Anne Gauthier retrouve Jean-Louis Duroc, des années après leur rencontre amoureuse à Deauville. Les souvenirs affluent, chabadabada…
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Cinquante-trois ans après sa Palme d’or, Claude Lelouch signe Les Plus Belles Années d’une vie, point final de l’aventure Un homme et une femme, qui avait connu, en 1986, une première suite intitulée Un homme et une femme : Vingt ans déjà. On y retrouve Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée au crépuscule de leur histoire d’amour. Lui est un vieil homme atteint d’Alzheimer, pensionnaire d’une maison de retraite, loin du pilote automobile qu’il fut autrefois ; elle est toujours cette femme mélancolique. Leurs retrouvailles sont émouvantes, spontanées, filmées avec une tendresse indéniable et immortalisées par un selfie inattendu. Tantôt hypnotique, tantôt somnolent, Les Plus Belles Années d’une vie file assez droit dans sa conduite dramaturgique. Lelouch, au plus près de ses acteurs-personnages, rend hommage à deux corps mythiques du cinéma, donne à voir un amour fulgurant, passionné, qui perdure en dépit de l’âge et prend le temps de filmer chaque geste, chaque mimique. Ici, la mémoire de Jean-Louis fait des allers retours, à l’instar du film qui convoque les plus belles images d’Un homme et une femme ayant remporté les Oscars du Meilleur film étranger et du Meilleur scénario en 1967. C’est donc à grands renforts de flashbacks que le réalisateur parvient à combler les temps morts dus à un scénario peu épais et à un tournage n’ayant duré que treize jours.
Le spectateur oublie volontiers les faux raccords, les imperfections des images enregistrées à l’aide d’un iPhone, et s’imprègne surtout de la mise en scène extrêmement épurée – plans séquences, champs-contrechamps, surimpressions et silences –, qui aboutit à une traversée de Paris à toute allure extraite du court métrage C’était un rendez-vous. Il déplore toutefois l’emploi constant de la musique pesante composée par Francis Lai, laquelle vient contredire la délicatesse de chaque dialogue « très Nouvelle Vague ». Les Plus Belles Années d’une vie souffre également d’une ribambelle de séquences très statiques rythmant inexplicablement les bavardages. Jean-Louis Trintignant, ravagé par le temps, est très touchant. Face à lui, on découvre une Anouk Aimée figée, reproduisant continuellement le même rictus, se passant nerveusement la main dans les cheveux. L’apparition éclair de Monica Bellucci dans le rôle d’Elena, la fille de Jean-Louis, déçoit quelque peu. Antoine Sire, Souad Amidou et Marianne Denicourt font de leur mieux. En dépit de ces impuretés, Lelouch signe une ode vibrante au septième art et aux acteurs. « Les plus belles années d’une vie sont celles que l’on n’a pas encore vécues » écrivait Victor Hugo.
- LES PLUS BELLES ANNÉES D’UNE VIE
- Sortie : 22 mai 2019
- Réalisation : Claude Lelouch
- Avec : Jean-Louis Trintignant, Anouk Aimée, Monica Bellucci, Marianne Denicourt, Souad Amidou, Antoine Sire, Tess Lauvergne, Vincent Vinel, Laurent Dassault, Françoise Coupel, Laurend Prudhomme….
- Scénario : Claude Lelouch
- Production : Samuel Hadida, Victor Hadida, Claude Lelouch
- Photographie : Robert Alazraki
- Montage : Stéphane Mazalaigue
- Décors : Bernard Warnas
- Costumes : Christel Birot
- Musique : Francis Lai, Calogero
- Distribution : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h30