Résumé : Dans leur majeure partie, les intellectuels n’aiment pas Lelouch ! Trop faciles, toujours identiques à eux-mêmes, laissant la part belle à la vie, à l’innocence et à l’amour, les films de Lelouch ne semblent pas écrits. Et c’est bien là tout le problème. Dans ce court essai, Bruno Lavillatte analyse, à partir des déclarations du grand cinéaste et celles des critiques — souvent formatés par la littérature — les origines de ce désamour entre ceux qui ont dit jadis que « vous n’entendrez plus jamais parler de ce nom » et celui qui, aujourd’hui, a réalisé plus de 50 films !
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Pour Bruno Lavillate, ancien professeur de philosophie et spécialiste de la Renaissance, le cinéma de Claude Lelouche tient d’une simplicité propre à une certaine évidence. De fait, ses films relèvent d’un ressenti qui absout toute mise à distance réflexive ou intellectuelle, une singularité qui explique le désaveu d’une large frange de la critique institutionnelle à son endroit. C’est à partir de ce postulat que l’étude de Lavillate prend corps. Comprendre Lelouche à partir des impressions et des émotions que la vision de ses productions a pu susciter chez l’auteur et son lecteur. L’idée est belle et permet de revenir à l’essentiel : l’espace, le temps, le mouvement, la musique. Se référant à de nombreux entretiens, l’ouvrage analyse les particularités d’un cinéma qui se développe à travers les tonalités d’une émotion partagée. L’art du cinéaste se décline donc selon sa propre méthodologie de tournage : de la simplicité, une pensée qui vogue au gré des images et de l’imprévu des rencontres. Du plan-séquence aristocratique à l’artisanat du montage, de l’improvisation à la direction fédératrice, de son passé de cadreur pour les films d’actualités à ses plus grands succès, son rapport aux nouvelles technologies et à ses contemporains, Lavillate explore les fondements de l’artiste Lelouche. L’écriture de l’auteur, elle aussi, se déploie à travers une certaine liberté de ton(s). Le texte ne craint ni les répétitions ni les exclamations, soulignant un enthousiasme qui donne au lecteur l’envie de retourner aux films et d’éprouver le ressenti qui l’avait submergé alors. Si la qualité de la réflexion n’accuse aucun essoufflement, il faut signaler l’absence de tout annexe. Ni bibliographie ni filmographie donc, un manque qui s’accompagne de la présence ponctuelle de quelques coquilles et d’inversions patronymiques (Jacques Rivette transformé en Claude Rivette par exemple). Bien que ces défauts ne mettent pas directement en cause la valeur général du propos, ils restent malgré tout regrettables.
- LELOUCH (CLAUDE), RETENEZ BIEN CE NOM… PETITE HISTOIRE D’UNE INCOMPRÉHENSION CRITIQUE
- Auteur : Bruno Lavillatte
- Éditions : Ocrée
- Date de parution : 15 avril 2019
- Format : 186 pages
- Tarif : 20 €