Résumé : Cet ouvrage retrace les débuts de l’histoire du cinéma en Corée, des premières projections de films jusqu’en 1935, année durant laquelle les Coréens ont commencé à produire des films parlants. Quand et par qui le cinéma a-t-il été introduit en Corée ? Quels films ont été vus et quelles productions ont eu du succès ? Dès les premiers temps du cinéma, chaque région du monde a essayé de surmonter le silence du film muet. En Corée, la représentation de films donnait lieu à un « spectacle cinématographique » qui mélangeait concert, projections, théâtre occidental et boniment. Le caractère hybride de ces premières réalisations révèle la singularité du cinéma coréen, enraciné dans la tradition et la modernité. Les kino-dramas et les longs-métrages produits entre 1919 et 1935 ont tous disparu, à l’exception d’un seul. Il a donc fallu reconstituer les premiers pas du cinéma en Corée à partir des quelques traces qu’il nous a laissées.
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Si le cinéma coréen est aujourd’hui plébiscité pour ses réalisateurs (Bong Joon-Ho, Lee Chang-Dong et Hong Sang-soo, en tête) et ses films oscillant entre âpreté, reprise réussie des codes des genres, et style marqué, l’histoire de la cinématographie de ce pays reste encore peu connue. Docteur en Esthétique, sciences et technologies des Arts de Paris 8, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur et bonimenteur, Kang Chang Il explique les raisons de cette méconnaissance. La récupération des pellicules des premiers films par l’armée (le nitrate permettant de fabriquer des bombes) a fait disparaître la mémoire cinématographique du pays. Que reste-t-il alors de ce patrimoine ? Des articles de presse, des entretiens de cinéastes et des archives discographiques. C’est à partir de ces éléments que l’auteur est parvenu à revenir sur les premiers pas du cinéma coréen. De l’engouement immédiat suscité par les images en mouvement sur le public coréen à l’institution de la production cinématographique à travers le tournage des films, la création de salles spécialisées et l’inauguration du premier festival de cinéma, l’ouvrage prend soin de contextualiser cette histoire singulière. La production coréenne est en effet marquée à ses débuts par le trouble culturel d’un pays tiraillé entre le respect scrupuleux de ses traditions et l’ouverture vers la modernité de l’Occident. La création cinématographique réfléchit directement cette particularité. La fonction du pyonsa, bonimenteur qui jouait face à l’écran et commentait les images des films, l’accompagnement musicale des projections, et surtout le développement des kino-dramas à partir de 1919 qui associaient film et spectacle scénique, soulignent communément l’ancrage nationale du cinéma coréen.
Par le biais de croquis et de nombreuses photographies d’archive, Kang Chang Il analyse de façon détaillée et extrêmement précise les particularités d’une cinématographie hybride, moins balbutiante qu’encline à la persistance d’une dramaturgie pluridisciplinaire qui force l’admiration du cinéphile et l’intérêt du chercheur. Par le biais de disques proposant des enregistrements des voix des pyonsa et des acteurs des kino-dramas, l’auteur s’essaye à l’analyse de films particuliers qu’il prend toujours soin de replacer dans le contexte historique qui lui est propre.
De fait, l’ouvrage couple à la réflexion esthétique et technologique un retour, à la fois clair et argumenté, sur l’Histoire géopolitique de la Corée du début du XXe siècle. En annexes, une filmographie, discographie et bibliographie détaillées attestent de la précision méthodologique de l’auteur. Une qualité qui résume en définitive la valeur de cet ouvrage dont la concision va de pair avec l’admirable complétude.
- LES DÉBUTS DU CINÉMA EN CORÉE
- Auteur : Kang Chang Il
- Éditions : Ocrée
- Date de parution : 24 septembre 2020
- Langues : Français uniquement
- Format : 260 pages
- Tarif : 23 €