Synopsis : Un regard intime sur l’une des plus grandes stars de la mode et d’Hollywood, à travers des images inédites de sa vie, dévoilant les secrets de la femme derrière l’icône.
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Si on peut toujours s’interroger sur l’intérêt des nombreux documentaires sur Audrey Hepburn, la jeune réalisatrice britannique Helena Coan parvient à tirer son épingle du jeu et à répondre autrement, à travers le titre même de son long-métrage, sobrement intitulé Audrey. Ainsi débarrassée de son patronyme, que reste-t-il de cette actrice si célèbre, de son allure et de son élégance si moderne ? Que cache ce sourire radieux illuminant cette si jolie frimousse ? La femme. Au-delà de sa gloire hollywoodienne. Ce documentaire biographique, produit par l’équipe de McQueen, tente ainsi de porter un nouvel éclairage via des archives personnelles jusqu’ici inédites entre extraits de films, témoignages d’intervenants plus ou moins proches de la star, confidences de l’actrice elle-même en voix-off issues d’interviews. Le tout ponctué par des intermèdes dansés, qui apportent une touche de poésie et de respiration dans un montage compact. Ces trois danseuses, dont les chorégraphies ont été conçues par Wayne McGregor, viennent nous rappeler combien la danse était fondamentale dans la vie d’Audrey Hepburn. Si elle avait pu réaliser son rêve, devenir ballerine étoile, elle n’aurait sans doute jamais fait de cinéma. « Je n’étais pas une actrice, c’est la danse qui m’a menée au cinéma ». C’est sur ces premières paroles en voix-off que débute le film tandis qu’une danseuse en tutu s’avance au bord d’une scène. L’icône hollywoodienne est née le 4 mai 1929 à Ixelles, de son vrai nom Audrey Ruston. Ce n’est que bien plus tard, après la guerre, qu’elle adoptera comme pseudonyme « Hepburn », en référence à une hypothétique ascendance avec un certain comte Hepburn, troisième époux de la reine Marie Stuart.
Souffrant de malnutrition à cause des privations de la guerre durant son enfance, elle a vu les grandes portes de son rêve se fermer et a fini par accepter des apparitions chorégraphiées dans des films mineurs. C’est lors d’un tournage en France que la romancière Colette la remarque et la désigne pour interpréter le rôle principal de sa pièce Gigi sur les planches de Broadway. Et sa carrière est lancée, de manière fulgurante. En 1953, elle n’a que 24 ans lorsqu’elle remporte l’Oscar de la meilleure actrice pour Vacances romaines de William Wyler. S’enchaîne dès lors une décennie faste où elle est au sommet de sa gloire, imposant un style nouveau avec sa silhouette gracile, à l’opposé du goût de l’époque pour les actrices plantureuses, comme Marilyn Monroe. Coiffée d’une frange malicieuse, Audrey devient un modèle qui incarne une nouvelle personnalité esthétique. Givenchy lui créera des robes somptueuses.
Si Helena Coan suit les différentes périodes de sa vie dans l’ordre chronologique, elle parvient avec brio à toujours revenir à sa véritable personnalité qui, au-delà du glamour dont elle est auréolée, échappe au public. Et progressivement un glissement s’opère. Audrey devient un personnage presque fictionnel. À force de dévoilements sur ses obsessions et blessures intérieures, la star qui hante nos imaginaires s’efface peu à peu au profit d’une héroïne issue d’un film sur les dessous d’Hollywood. Un Hollywood en transition dans les années 50 et 60. « Au fond, je suis venue au cinéma et à Hollywood quand les choses changeaient déjà. Oui, j’ai vu des grandes premières, de très belles maisons, des dîners extraordinaires. Mais finalement, je vivais à l’époque comme je vis maintenant, chez moi auprès de ceux qui me sont chers, entourée de mes chiens et par-dessus tout de mes enfants. » .
Une photo d’elle à l’âge de 5 ou 6 ans reste particulièrement poignante. On la découvre allongée dans l’herbe à côté de son père, avant que celui-ci, sympathisant nazi, ne quitte définitivement le domicile conjugal. Derrière son sourire, les fêlures de l’enfance se ressentent, rendant au fil du temps sa vie amoureuse chaotique. Il est d’ailleurs troublant de voir Emma Hepburn, sa petite-fille née un an après sa mort, mais dont la ressemblance est frappante, parler de son illustre aïeule. À l’évocation de la tristesse de cette dernière, due à son manque d’amour, elle ne peut retenir ses larmes.
La réalisatrice signe ici un bel hommage à fleur de peau. À la fin du documentaire, Helena Coan accentue sur cette émotion en montrant Audrey Hepburn en train de s’occuper et de nourrir des enfants rachitiques lors de ses missions pour Unicef. Des images bouleversantes qui répondent à celles du début centrées sur d’autres enfants tout aussi rachitiques, causés par les privations de la guerre. Une faim qui s’est imprégnée sur la silhouette gracile de cette icône dont le corps a pourtant éternellement imprimé la pellicule de quelques chef-d’œuvres de l’Histoire du cinéma.
Hélène Joly
- AUDREY
- Diffusion : disponible en VOD, DVD et téléchargement
- Date de sortie : 3 mars 2021
- Réalisation et Scénario : Helena Coan
- Avec : Sean Hepburn Ferrer, Clare Waight Keller, Richard Dreyfuss, John Loring, Emma Kathleen Hepburn Ferrer, Molly Haskell, John Isaac, Keira Moore, Francesca Hayward, Alessandra Ferri, Marilena Pilat, Mita Ungaro, Andrew Wald..
- Production : Nick Taussig, Annabel Wigoder
- Photographie : Simona Susnea
- Montage : Mark Keady
- Musique : Alex Somers
- Chorégraphie : Wayne McGregor
- Distribution : NBC Universal
- Durée : 1h40