Principalement connu pour son rôle de méchant dans Vivre et laisser mourir et son personnage d’ingénieur dans Alien, Yaphet Kotto nous a quittés ce lundi 15 mars 2021 à l’âge de 81 ans. Retour sur le parcours de cet acteur qui sut captiver le public et affirmer ses singularités sous le couvert du cinéma de genre.
Yaphet Kotto, né en 1939 dans le quartier du Bronx à New York, débute sa carrière sur les scènes de théâtre de la côte Est. Il se forme auprès de la troupe de l’Actors Mobile Theatre et suit quelques cours au sein de l’Actors Studio.
En 1962, il apparaît dans la pièce de Reginald Rose, Black Monday, dirigée par William E. Hunt pour la scène Off-Broadway, et connaît un certain succès avec son interprétation du personnage de John dans la comédie musicale The Zulu and the Zayda mise en scène par Dore Schary en 1965. Quatre ans plus tard, il officie comme doublure pour le rôle principal de la pièce The Great White Hope de Howard Sackler qui raconte le parcours du boxeur afro-américain Jack Jefferson.
Entre ces deux succès théâtraux, Kotto fait ses premiers pas au cinéma dans le film indépendant Nothing But a Man réalisé par Michael Roemer en 1964, production engagée narrant le quotidien difficile d’un couple devant faire face à la discrimination raciale de l’Amérique des années 1960.
Quittant les projecteurs de Broadway et le cinéma indépendant pour poursuivre sa carrière sous le soleil de la Californie, Kotto doit accepter de voir ses capacités reléguées à l’arrière-plan. Après des rôles de figuration dans L’Affaire Thomas Crowne (Norman Jewison, 1968) et Cinq cartes à abattre (Henry Hathaway, 1968), il interprète un personnage secondaire intéressant dans On n’achète pas le silence (William Wyler, 1970).
En 1972, son rôle du lieutenant William Pope dans Meurtres dans la 110e rue (Barry Shear) impose sa stature à l’écran et lui vaut d’incarner Mister Big, le méchant de Vivre et laisser mourir (Guy Hamilton, 1973), huitième opus des aventures cinématographiques de James Bond.
Cette notoriété ne l’empêche pas de prolonger le discours social véhiculé par ses premiers rôles au théâtre et au cinéma. Ainsi de Blue Collar (Paul Schrader, 1978) et Brubaker (Stuart Rosenberg, 1980) qui lui permettent de retrouver la charge critique de ses débuts, aspect que l’on retrouve de façon plus métaphorique dans son personnage d’ingénieur dans Alien (1979) de Ridley Scott.
Son jeu physique et son apparence musculeuse l’orienteront naturellement vers le film d’action (Contact mortel [Hal Barwood, 1985] ; L’Œil du tige [Richard Sarafian, 1986] ; Terminal Entry [John Kincade, 1987] ; Running Man [Paul Michael Glaser, 1987]) qui le verra progressivement abandonner sa verve d’antan au profit de représentations plus typées. Imposant sa présence à l’écran à travers une attitude taciturne renvoyant à une certaine conception de la virilité, Kotto se spécialise dans les rôles de policier ou d’agent du FBI qu’il incarne au cinéma (Midnight Run [Martin Brest, 1988] ; Pour l’amour de l’art [Bill Bennett, 1996]) comme à la télévision (le Lieutenant Giardello dans la série Homicide [NBC, 1993-1999]).
Cette fin de carrière en demi-teinte ne doit pas faire oublier l’indéniable magnétisme de cet acteur qui sut distiller l’authenticité de ses aptitudes techniques au sein de productions souffrant d’un trop-plein d’artifices.