Résumé : Nombreux sont les acteurs de western, mais rares ceux qui furent de vrais cow-boys. Gary Cooper aurait pu se vanter de l’avoir été dans sa jeunesse, mais il était de tempérament modeste. L’inoubliable interprète du Train sifflera trois fois et de L’Homme de l’ouest ne s’est d’ailleurs pas illustré dans ce seul genre : de la comédie sentimentale au film de guerre, de l’aventure exotique à la parodie, il a apporté son aura naturelle à tous les genres qu’il a touchés, toujours avec cette générosité prompte à mettre en lumière ses partenaires. “Américain par excellence”, dans le meilleur sens de ces termes, celui qui fut L’Extravagant Mr. Deeds (Frank Capra) et le Sergent York (Howard Hawks), fut également l’ami de grands écrivains, Hemingway en tête. Et si Clark Gable a été le “roi”, John Wayne, le “duc”, Gary Cooper méritait bien de se voir enfin décerner le titre de prince.
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En 2019, Roland Jaccard nous rappelait, non sans humour, que John Wayne n’est pas mort. Aujourd’hui, c’est Adrien Le Bihan qui nous assure que Gary Cooper ne doit pas être oublié. L’écrivain et traducteur y parvient d’une belle manière. Cette biographie de l’acteur est la première à paraître en France depuis quarante ans et l’on prend, au fil des pages, la mesure de cette redécouverte. Car si l’ouvrage reprend à son compte la traditionnelle chronologie de l’écriture biographique, Le Bihan a eu l’intelligence de privilégier les films sur les mondanités. De fait, si l’homme intéresse bien l’auteur, c’est d’abord par le caractère de ses personnages et sa personnalité artistique. Moins que le glamour ou le mythe, ce sont les qualités de l’acteur qui bénéficient de longs développements. Le Bihan rappelle la singularité stylistique de Cooper, sa décontraction et son naturel, sa capacité à écouter ses partenaires, mais aussi son constant désir de perfectionnement et de renouvellement qui fit de lui l’un des précurseurs des acteurs de la modernité. La carrière de Cooper permet par ailleurs de retracer l’Histoire du cinéma hollywoodien, de son industrialisation à l’effondrement progressif de son système de production. Son œuvre se présente en ce sens comme un cas exemplaire, éclairant les différents aspects du star-système, des rapports contractuels avec les studios aux collaborations plus ou moins réussies avec des cinéastes de différentes trempes en passant par l’accès à une relative autonomie économique et créatrice. Au cours de son récit, Le Bihan s’attarde longuement sur le contexte historique qui accompagna l’émergence puis l’apogée de la célébrité de Cooper.
Parmi les différents événements qui entourèrent et parfois influèrent sur son parcours, l’auteur s’attarde longuement sur les activités du HUAC (House Un-American Activities). En se référant à différentes archives, Le Bihan revient sur l’implication de l’acteur et, sans pour autant chercher à justifier son comportement, parvient à relativiser le jugement que l’on porte parfois un peu hâtivement sur les délateurs d’Hollywood.
Ce travail de fond est en fait une constante de l’ouvrage. Si certaines descriptions de films tirent parfois sur la longueur, Le Bihan revient avec pertinence et de nombreuses références sur leurs intérêts formels et dramatiques. On regrette sur ce point que l’auteur n’ait pas proposé une bibliographie aptes à synthétiser ces différentes sources, mais leur emploi au fil du texte convainc par sa mesure et sa justesse. Ces différentes qualités font de cette ouvrage une nouvelle référence pour qui s’intéresse de près ou de loin à cet acteur dont le patronyme et la présence resteront à jamais synonymes d’éternel.
- GARY COOPER. LE PRINCE DES ACTEURS
- Auteur : Adrien Le Bihan
- Éditions : LettMotif
- Date de parution : 5 mai 2021
- Langues : Français uniquement
- Format : 366 pages
- Tarifs : 26 € (print) – 14,90 € (numérique) – 36 € (format luxe, cartonné et jaquette numérotée)