Résumé : À la fois roman et enquête, The Big Goodbye raconte la fin de l’époque glorieuse du cinéma américain. Un merveilleux requiem. Chinatown est le sacré graal du cinéma des années 70. Voici pour la première fois l’incroyable histoire de sa fabrication. Sam Wasson raconte l’histoire définitive de personnages hauts en couleurs et de cette époque de cet âge d’or d’Hollywood des années 70.
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En choisissant d’ouvrir son ouvrage sur la rencontre de Roman Polanski et Sharon Tate à Londres au moment de la préparation du Bal des vampires (1967), l’écrivain américain Sam Wasson choisit d’inscrire son récit dans une atmosphère crépusculaire annonçant la chute à venir. Car deux ans plus tard, la présence Tate s’évanouira dans les limbes de l’horreur et Polanski se tournera vers le Hollywood fantasmatique qui hantait sa jeunesse de cinéphile. Projet salutaire à plus d’un titre, Chinatown constitue l’objet central du livre. À partir de nombreuses sources (archives, articles de presse de l’époque, entretiens avec le réalisateur et ses collaborateurs de création), Wasson décrit de façon très précise le contexte qui entoure le film, de sa préproduction à sa suite, ou plutôt sa variation, que réalisera Jack Nicholson quinze années plus tard avec The Two Jakes (1990). La qualité romanesque de Wasson se retrouve principalement à travers sa description des grandes figures qui traversent son récit : le producteur Robert Evans, le scénariste Robert Towne, les acteurs Jack Nicholson, Faye Dunaway, John Huston et, bien sûr, Polanski. L’auteur propose un portrait nuancé de ce dernier qui touche à une certaine complétude. Du trauma de la Seconde Guerre mondiale aux accusations qui entachèrent sa carrière en passant par sa formation à Lodz et ses déterminismes professionnels (méthodologie de tournage, goûts cinéphiles), l’ouvrage a le mérite d’éviter le ton du réquisitoire ou celui de la réhabilitation vaine.
The Big Goodbye doit se lire comme un roman. À la manière de Peter Biskind, Wasson choisit d’adopter l’écriture libre de la chronique fantasmatique. Si la reconstitution des grandes étapes relève d’une certaine exigence historique, la description des tempéraments des protagonistes et de leurs rapports s’enrichissent de dialogues imaginaires qui laissent évidemment planer un doute sur la crédibilité de certains faits rapportés. Cette remarque doit se comprendre comme une mise en garde et non comme une critique négative de l’œuvre. Car le plaisir pris à la lecture de ce roman historique est bien réel.
Au-delà des admirateurs du film de Polanski, l’ouvrage décrypte à travers une certaine puissance dramatique (parfaitement restituée par la traduction de Samuel Bréan), l’état d’esprit d’une époque particulière. Le cinéma américain des années 1970 repose en effet tout entier sur cette atmosphère crépusculaire qui ouvrait l’ouvrage. Une désillusion néanmoins productrice dont Wasson se fait l’habile conteur.
- THE BIG GOODBYE. CHINATOWN ET LES DERNIÈRES ANNÉES D’HOLLYWOOD
- Auteur : Sam Wasson
- Traduction : Samuel Bréan
- Éditions : Carlotta Films
- Date de parution : 10 juin 2021
- Langues : Français uniquement
- Format : 350 pages
- Tarifs : 21,99 €