Résumé : Regroupant d’époustouflantes illustrations de paysages urbains, Anime Architecture est un voyage spectaculaire à travers les bâtiments et mégalopoles créés par certains des illustrateurs et réalisateurs les plus respectés de l’animation japonaise. Conçu en collaboration directe avec les studios à l’origine de ces chefs-d’œuvre, ce volume est à la fois une célébration de décors cinématographiques mémorables et une invitation dans les coulisses de scènes emblématiques.
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En interrogeant l’arrière-plan de certains grands fleurons du dessin animé japonais, Stefan Riekeles, spécialiste des représentations architecturales de l’anime, dévoile un élément trop souvent mésestimé par les amateurs du cinéma (d’animation). Le décor donc, dont l’auteur cible les émanations urbaines et futuristes à travers sept productions en particulier : Akira (Katsuhiro Otomo, 1988), Patlabor (Mamoru Oshii, 1989) et Patlabor 2 (Mamoru Oshii, 1993), Metropolis (Rintaro, 2001), Ghost in the Shell (Mamoru Oshii, 1995), Amer Béton (Michael Arias et Hiroaki Ando, 2006), Evangelion 1.0 (Masayuki et Kazuya Tsurumaki, 2007) et Evangelion 2.0 (Masayuki et Kauza Tsurumaki, 2009). Si cette sélection ne vise pas l’exhaustivité, Riekeles s’en explique par un choix de critères judicieux et cohérents. D’abord par son intérêt pour la ville et son rapport avec ses modèles réels ; ensuite par sa volonté de se focaliser sur les techniques de l’animation traditionnelle associées ou non à celles du numérique ; enfin, par la recherche de sources, l’ouvrage proposant la reproduction de nombreux travaux préparatoires et planches d’origine dont la maison Mana Books restitue la beauté du trait et la force primitive des couleurs à travers une mise en page de qualité. C’est donc à un authentique travail de fouille auquel s’est attelé Riekeles qui ne se contente pas d’exposer ses trouvailles mais les commente à travers une recontextualisation des films et une description précise, quoique concise, des illustrations choisies. Si l’on aurait pu souhaiter que l’auteur pousse parfois plus loin ses analyses en creusant notamment des pistes d’interprétation esthétiques, une vaste introduction éclaire les caractéristiques techniques du design, des layouts et des décors, ainsi que la fonction des directeurs artistiques.
Ces définitions que relaye la présence d’un glossaire fourni permettent d’enrichir l’Histoire du cinéma d’animation japonais par la réhabilitation de certaines figures de l’ombre. Cette découverte s’accomplit encore à travers l’étude de chaque production. Si Riekeles note la présence de modèles déjà bien connus du grand public (le Métropolis de Fritz Lang et Blade Runner de Ridley Scott en tête), ses références s’orientent aussi vers la culture artistique japonaise, et l’architecture en particulier, permettant de renouveler le regard que l’on porte sur ces films depuis longtemps consacrés par les aficionados de l’anime.
Difficile donc de ne pas se montrer enthousiastes face à cette somptueuse recherche qui appelle la présence d’un second tome consacré à d’autres motifs architecturaux et à d’autres maîtres de l’animation nippone.
- ANIME ARCHITECTURE. MONDES IMAGINAIRES ET MÉGALOPOLES INFINIES
- Auteur : Stefan Riekeles
- Traduction : Laurent Laget
- Éditions : Mana Books
- Date de parution : 7 octobre 2021
- Langues : Français et Anglais (sous le titre Anime Architecture : Imagined Worlds and Endless Megacities paru en 2020 chez Thames & Hudson)
- Format : 256 pages
- Tarifs : 34,90 €