Disparu le 7 novembre 2021, Dean Stockwell affiche une carrière impressionnante de longévité. Avec près de quatre-vingt ans de bons et loyaux services rendus au cinéma et à la télévision, l’acteur américain passa d’enfant-star à interprète accompli, prêtant son talent aux plus grands cinéastes de ces huit dernières décennies.
De Dean Stockwell, le cinéphile se rappelle d’abord la trogne enfantine qui traversa le cinéma hollywoodien des années 1940 dans différents petits et grands rôles. À onze ans, il incarne le fils de Gregory Peck dans Le Mur invisible d’Elia Kazan, interprétation qui lui vaut le Golden Globe de la jeunesse.
Son air espiègle et ses yeux boudeurs se mettent au service du Garçon aux cheveux verts (Joseph Losey, 1948), autre fable social défendant le droit à la différence. Si Stockwell grandit et s’épanouit naturellement devant la caméra, il n’oublie pas que jouer constitue d’abord une profession qui nécessite de se perfectionner.
Adolescent, il développe ainsi un jeu fébrile qui valorise le caractère pathologique de certains de ses rôles. Ainsi du criminel intellectuel du Génie du mal (Richard Fleischer, 1959) qui affiche une insolence fascinante et rappelle par moment le Farley Granger de La Corde (Alfred Hitchcock, 1950).
Les années 1960 et 1970 le voit participer à certains projets expérimentaux du Nouvel Hollywood, l’acteur apparaissant dans Psych-Out (Richard Rush, 1968) et The Last Movie (1971) de Dennis Hopper (cinéaste qu’il retrouvera encore à deux reprises pour Une trop belle cible [1990] et Chasers [1994]).
Si pendant dix ans, Stockwell connaît une période de creux, il revient sur le devant de la scène au cours des années 1980. Apprécié par les grands auteurs (de Wim Wenders à David Lynch en passant par Francis Ford Coppola et Robert Altman), il se spécialise dans des seconds rôles qui lui permettent d’échapper définitivement à son image d’enfant star. Films policier (Police Fédérale Los Angeles [William Friedkin, 1985] ; Le Flic de Bervely Hills [Tony Scott, 1987]) et films de guerre (Jardins de pierre [Francis Ford Coppola, 1987] ; Air Force One [Wolfgang Petersen, 1997]) affichent sa virilité qui valorisent la sobriété d’un jeu devenu pleinement mature.
Malgré une riche filmographie, c’est bien grâce au petit écran que Stockwell deviendra un visage familier du grand public contemporain. Parmi les nombreuses séries auxquelles il participa, Code Quantum (1989-1995) demeure la plus populaire. Durant cinq saisons, l’acteur prête ses traits au contre-Amiral Al Calavicci, un hologramme venu soutenir le scientifique Samuel Beckett (Scott Bakula).
La fidélité de Stockwell à ce rôle s’explique sans doute par ses potentialités comiques qui, quelques quarante années après ses débuts au cinéma, lui permettaient de réinvestir cet air espiègle appelé à devenir éternel.