Synopsis : Le portrait croisé de trois femmes lors de la procédure de destitution lancée en 1998 à l’encontre du Président Bill Clinton suite à la révélation de l’affaire Monica Lewinsky.
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Proposant une relecture de l’affaire Lewinsky qui conduisit le Président Bill Clinton à se parjurer, la troisième saison de la série American Crime Story prolonge sa représentation parallèle des grandes affaires criminelles de l’Amérique. À l’instar du cas O.J Simpson ou de l’assassinat Gianni Versace, c’est la problématique du point de vue qui détermine l’originalité du récit. En se focalisant d’abord sur le regard désabusé et frustré de Linda Tripp (Sarah Paulson), le scénario valorise la candeur de celui de Monica Lewinsky (Beanie Feldstein), éprise de l’homme le plus puissant des États-Unis et incapable de se résoudre à voir la réalité qui se détache de l’ombre de son amant. Reconstruisant les images d’archive pour mieux mettre en scène leurs coulisses, la série s’inscrit d’abord dans l’esprit de House of Cards. Mais si la trame politique demeure saisissante, c’est d’abord l’intimité du drame qui permet de réorienter la perception de l’événement. Progressivement, en effet, Lewinsky s’efface pour laisser apparaître Monica. Les panoramiques révélant le gigantisme fastueux de la Maison-Blanche et les plans moyens magnifiant la figure du Président (Clive Owen) se rapportent d’abord au regard de la jeune héroïne. C’est une affaire de femme(s) que rapporte American Crime Story. Autour de la figure de Monica gravitent ces oubliées qui eurent à subir les avances poussives de Clinton, agissements que les médias n’hésitèrent pas à tourner en ridicule afin de mieux critiquer l’homme politique en reléguant dans le hors-champ la douleur de ses victimes. Moins que l’argument politique, c’est une problématique essentiellement féminine que recontextualise la série.
À l’intérieur d’un environnement gangréné par les rapports de forces, les non-dits et les stratégies les plus retorses, American Crime Story parvient à approfondir le genre du thriller d’une perspective inattendue. Cette remarquable innovation est autant due à la qualité du scénario qu’à celle de ses interprètes. Sur ce point, la série a judicieusement privilégié les rôles de composition. Le maquillage traditionnel transforme l’apparence tout en conservant les attributs naturels du jeu. Sur ce point, le cas de Clive Owen est exemplaire. Au-delà de la prothèse nasale, le sourire de l’acteur entretient un charme troublant qui confère à chacune de ses apparitions une ambiguïté inquiétante.
Se passant de tout artifice, Beanie Feldstein propose de son côté une interprétation émouvante. Le visage rond de l’actrice exprime une innocence naturelle que renforce l’étincelle qui anime son regard se mouillant progressivement des larmes de la lucidité. On retiendra encore la puissance pénétrante d’Edie Falco en une Hillary Clinton pleine de résilience. Cette troisième saison confirme donc la réussite de American Story qui parvient avec brio à maintenir l’intérêt du spectateur en associant l’ampleur de la fiction historique avec les mécanismes de la contre-enquête.
- AMERICAN CRIME STORY: IMPEACHMENT (saison 3)
- Diffusion : depuis le 28 octobre 2021
- Chaîne / Plateforme : Canal + (France) – FX Networks (États-Unis)
- Création : Scott Alexander et Larry Karaszewski
- Réalisation : Ryan Murphy, Michael Uppendahl, Laure de Clermont-Tonnerre, Rachel Morrison
- Avec : Sarah Paulson, Beanie Feldstein, Clive Owen, Annaleigh Ashford, Margo Martindale, Edie Falco, Colin Hanks, Taran Killam, Cobie Smulders, Elizabeth Reaser, Kevin Pollack, George H. Xanthis, Mira Sorvino, Rae Dawn Chong, Sarah Catherine Hook, Danny Jacobs, George Salazar
- Scénario : Sarah Burgess, Flora Birnbaum, Halley Feiffer, Flora Birnbaum, Daniel Pearle
- Production : Ryan Murphy, Brad Falchuk, Nina Jacobson, Brad Simpson
- 10 épisodes de 60 minutes environ