Livre / Claude Chabrol. Contes cruels : critique

Publié par Jacques Demange le 24 décembre 2021

Résumé : Soucieuse d’emmener le spectateur vers plus de lucidité, l’œuvre de Claude Chabrol emprunte très souvent le détour du cinéma de genre pour mieux sonder l’inégalité sociale ou interroger l’illusion d’émancipation à travers le sort de rêveurs qui courent à leur perte, pour en définitive, derrière la distance du réalisme stylisé, nous rendre proches de monstres qui ne le sont guère moins que l’entourage ou la société dans laquelle ils évoluent.

♥♥♥♥♥

 

Claude Charol - Eclipses n69

Claude Charol – Revue Eclipses n°69

Comme de coutume, la revue Éclipses se propose de revisiter l’œuvre d’un cinéaste consacré à travers différents articles dont la méthode repose pour l’essentiel sur l’analyse de séquences. Dans le cas de Claude Chabrol, cette approche affirme toute sa pertinence, permettant de valoriser la cohérence d’une œuvre qui se définit principalement par un goût pour les extrêmes. Difficile a priori de rapprocher le réalisateur du Beau Serge (1958) et des Cousins (1959) de celui du Docteur M (1990) et de Bellamy (2009). Riche de près de soixante longs métrages réalisés pour le cinéma et de près d’une trentaine de productions pour le petit écran, la filmographie de Chabrol ne se laisse pas aborder facilement et ses admirateurs ont généralement tendance à se focaliser sur ses principales réussites qui, de ses premières réalisations marquées du sceau de la Nouvelle Vague à ses opus majeurs sortis dans les années 1960 et 1970 (Que la bête meure [1969] et Le Boucher [1970]  en tête), dressent le portrait d’un cinéaste aussi à l’aise avec l’esprit du drame familial qu’avec l’atmosphère du film criminel. Violaine Caminade de Schuytter, agrégée de lettre et coordinatrice du présent volume, a ainsi raison de décrire l’art de Chabrol comme celui d’une incommodation, perturbant le critique qui chercherait à interpréter son œuvre à travers une lecture auteuriste. Pourtant, de grands traits communs relient bel et bien ses différents films. En premier lieu, celui de la recherche d’un contraste qui voit Chabrol aborder genres, thématiques et motifs selon l’idée d’une opposition incessante et constructive. Le rapport de forces établi par le couple, essentiel chez lui, se retrouve aussi à travers la confrontation des pratiques.

 

De la page écrite à l’image en mouvement, les auteurs soulignent les qualités d’adaptateur de Chabrol qui retient de ses collaborations avec le scénariste Paul Gégauff un intérêt pour l’histoire manuscrite qui se constitue comme le moteur principal du récit cinématographique. Cet intérêt pour le texte ne retire rien à l’excellence d’une mise en scène brillamment analysée par les différents contributeurs de ce volume et qui permet au cinéaste d’approfondir certains codes génériquement établis (ainsi de son incursion dans le fantastique avec Alice ou la dernière fugue [1972] qui bénéficie ici d’une étude approfondie et particulièrement stimulante) ou d’aborder des postures (la grimace) qui tendent un miroir à nos propres comportements d’animaux sociaux.

 

La recherche de confrontation concerne aussi le tournage, moment particulièrement apprécié par Chabrol qui éprouve dans toute sa complexité le premier facteur humain du Septième art : l’acteur. Ses relations professionnelles avec Stéphane Audran, Jean Yanne ou Isabelle Huppert donnent ainsi lieu à de nombreux propos intéressants qui permettent d’éclairer sous un nouveau jour la figure du cinéaste. Car derrière sa désinvolture apparente, Chabrol s’est toujours révélé un orchestrateur expert, conscient des qualités et des limites de ses films, feignant d’incarner le statut du cinéaste touche-à-tout pour mieux assumer, en toute humilité, son goût pour l’insolite, le bizarre, et les (grands) écarts.

 

 

 

  • CLAUDE CHABROL. CONTES CRUELS
  • Autrice : Violaine Caminade de Schuytter (sous la direction de)
  • Éditions : Éclipses n°69
  • Date de parution : Décembre 2021
  • Langues : Français uniquement
  • Format : 168 pages
  • Tarifs : 15 €

Commentaires

A la Une

Beetlejuice Beetlejuice : Michael Keaton de retour dans la peau du bio-exorciste dans une première bande d’annonce

Il aura fallu attendre plus de 35 ans, mais voici enfin Beetlejuice Beetlejuice. La suite du classique de Tim Burton, avec Michael Keaton dans le rôle-titre, se révèle dans une première bande d’annonce.

Alien – Romulus : Le retour de la saga Alien dévoile sa première bande-annonce courte mais prenante

Alien – Romulus marque un retour aux sources avec ce septième opus, dont l’histoire se déroule entre les deux premiers volets de la franchise de science-fiction horrifique.

Furiosa : L’histoire se dévoile un peu plus dans une nouvelle bande d’annonce

La sortie de Furiosa : Une Saga Mad Max approche à grands pas et une nouvelle bande d’annonce nous laisse entrevoir un peu plus l’histoire.

Carrousel Studios : Omar Sy, Louis Leterrier et Thomas Benski lancent une société de production

Cette nouvelle société de production, cofondée par le trio, développera et produira des films et séries pour le marché mondial et s’entourera de talents émergents et confirmés. 

Scream 7 : Neve Campbell fera son grand retour dans le prochain opus de la saga horrifique

Neve Campbell absente du sixième opus retrouvera également le scénariste Kevin Williamson qui réalisera ce septième volet de la franchise.

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 DUNE DEUXIEME PARTIE 560 780 3 2 945 105
2 UNE VIE 176 881 4 1 209 828
3 IL RESTE ENCORE DEMAIN 145 340 1 145 340
4 HEUREUX GAGNANTS 136 628 1 136 628
5 BOLERO 89 612 2 267 336
6 MAISON DE RETRAITE 2 86 021 5 1 397 402
7 BOB MARLEY : ONE LOVE 77 941 5 1 787 658
8 COCORICO 68 696 6 1 810 401
9 14 JOURS POUR ALLER MIEUX 58 195 2 184 873
10 SCANDALEUSEMENT VOTRE 51 921 1 51 921

Source: CBO Box office

Nos Podcasts