Synopsis : Entre South Bronx et (Nouvel) Hollywood, portrait d’Al Pacino, passionné de théâtre et acteur mythique de la saga du « Parrain » et de « Scarface », qui n’a cessé de batailler avec ses démons.
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À maintenant 81 ans, Al Pacino continue de fasciner les caméras des plus grands réalisateurs. De Lumet à Scorsese, de Coppola à Tarantino, l’acteur a définitivement installé son nom dans la légende du cinéma américain. Pour célébrer ses cinquante ans de carrière, Arte diffuse ce dimanche 6 février le documentaire de Jean-Baptiste Péretié, qui revient aux origines de la carrière de l’acteur. Une vie de comédien qui commence dans le quartier new-yorkais du South Bronx, où le jeune Alfredo Pacino vit avec sa mère, divorcée de son père en 1942, deux ans après sa naissance. Dès son plus jeune âge, il anime les réunions de famille en rejouant des scènes des films de Billy Wilder, et se prend de passion pour la comédie dans la salle de théâtre de son quartier. Un quartier dans lequel il ne fait pas vraiment bon vivre, qui le fait plonger dans la cigarette à 9 ans et l’alcool à 13. Dans ce New York rongé par la drogue, Pacino le raconte à l’écran dans Panique à Needle Park, que Jerry Schatzberg réalise en 1971. Après de nombreux petits boulots, c’est enfin l’occasion pour l’acteur de faire éclater ses années de formation à l’Actor’s Studio, auprès de Lee Strasberg. C’est aussi le film qui attire l’attention de Francis Ford Coppola, qui impose cette nouvelle star dans le rôle iconique de Michael Corleone dans Le Parrain, malgré les doutes de la Paramount et de Pacino lui-même. Le début d’un cycle effréné, où la nouvelle icône italienne enchaînera les succès, notamment sous la direction de Sidney Lumet (Serpico, en 1973, et Un après-midi de chien, en 1975), en ouvrant la voie à toute une génération d’acteurs italiens au physique beaucoup plus typé, au premier rang duquel figure un certain Robert De Niro, qui partage l’affiche du Parrain 2 avec Al Pacino.
À grands renforts d’archives toutes plus passionnantes et immersives les unes que les autres, Jean-Baptiste Péretié dresse un portrait très cinématographique de la figure d’Al Pacino. Loin d’être une icône monolithique à qui tout sourit, l’acteur a beaucoup fui l’exposition médiatique. À l’aise dans le Nouvel Hollywood, l’arrivée de l’ère des blockbusters lui fait perdre ses repères. Frôlant le burn-out après une série de succès, ses échecs avec Sidney Pollack (Bobby Deerfield) et William Friedkin (Cruising) lui font traverser le désert, quand le succès planétaire de Scarface le fait retomber dans l’alcool et la drogue.
Ces éclipses et retours successifs sont commentés par la voix éraillée du Pacino d’aujourd’hui, qui raconte comment sa passion pour le théâtre shakespearien l’a guidé lorsqu’il était en perdition, jusqu’à réaliser son propre documentaire sur Richard III, Looking For Richard. Avec son angle très personnel, le documentaire parvient à faire émerger de cette icône du cinéma un parcours d’enfant de l’immigration italienne qui a dédié sa vie à son art, jusqu’à parfois se faire dévorer par ses succès.
Avec les témoignages de l’acteur, on parvient à comprendre comment le théâtre a représenté pour lui l’abri qui lui était nécessaire pour ne pas perdre complètement pied. En se concentrant sur la complexité avec laquelle Al Pacino a réussi la transition entre jeune premier et vedette incontestable du cinéma, le documentaire rend évidente la suite de sa carrière, de Heat à Once Upon a Time… in Hollywood, où aucun échec n’aura su occulter son éclatant talent.
Théotime Roux
- AL PACINO – LE BRONX ET LA FUREUR
- Diffusion : dimanche 6 février 2022 à 23 h 20 sur Arte, disponible du 30 janvier 2022 au 6 avril 2022 sur arte.tv
- Réalisation : Jean-Baptiste Péretié
- Production : Valérie Abita / ZED pour ARTE France
- Montage : Alexandre Cardon
- Musique : Stéphane Lopez
- Narration : Sarah-Jane Sauvegrain
- Mixage : Amélie Canini et Philippe Charriot
- Illustrations : Thomas Fage
- Durée : 52 minutes