L’acteur américain fut un visage connu notamment pour ses rôles dans Tremors, l’Étoffe des Héros, Henry et June et The Player. Disparu ce 8 mai 2022 à 79 ans, l’acteur laisse derrière lui une carrière particulièrement riche au cinéma et à la télévision.
C’est d’abord sur les rings de boxe que Fred Ward a appris le métier d’acteur. Savoir se déplacer, modifier sa cadence, encaisser les répliques de l’adversaire. Après trois fractures du nez, Ward raccroche les gants pour se former au sein du Herbert Berghof Studio à New York. Il y suit un enseignement inspiré des préceptes de Stanislasvki qui octroyait une importance centrale à l’expression du corps en tant que matériau dramatique et sensoriel.
Ses premières expériences cinématographiques se déroulent en Italie. Ward double les acteurs transalpins tout en s’essayant à la pratique du mime. Ses premières interprétations se déroulent sous la direction de Robert Rossellini avant que l’acteur ne retourne en Amérique au début des années 1970 pour se produire au sein du théâtre expérimental de la Côte Est et à la télévision. Au cinéma, il joue notamment dans L’Évadé d’Alcatraz de Don Siegel (1979).
Son âge d’or s’ouvre au début de la décennie suivante. Alors que Walter Hill l’intègre au casting de l’excellent Southern Comfort (1981), Ward obtient le premier rôle dans Timerider : The Adventure of Lyle Swann (1982). Avec sa gueule de boxeur, Ward rappelle par moment Jack Palance et trouve sa place au sein d’un cinéma d’action qui valorise sa virilité naturelle. L’Étoffe des héros (Philip Kaufman, 1983) et Swing Shift (Jonathan Demme, 1984) le voient porter l’uniforme de l’armée à l’intérieur de films choraux dans lesquels Ward impose sa présence physique et son expressivité rentrée.
En 1990, il donne la réplique à Kevin Bacon dans Tremors, la comédie d’horreur devenue culte de Ron Underwood. Il interprète ensuite le rôle du romancier Henry Miller dans Henry et June (Philip Kaufman) qui lui permet de valoriser ses capacités dramatiques en s’éloignant des carcans du film de genre. Son allure marquante et ses réelles aptitudes à jouer lui valent d’être remarqué par Alain Robe-Grillet qui lui offre l’un des rôles principaux de Un bruit qui rend fou (1995). Mais c’est Robert Altman qui assurera définitivement sa postérité au sein du cinéma d’auteur en l’accueillant à l’intérieur de ses distributions d’ensemble pour The Player (1992) et Short Cuts (1993).
Dans les années 2000, Ward retrouve ses rôles de dur à cuir. Militaire dans 2 Guns (Baltasar Komákur, 2013, son dernier film) et agent du FBI dans la première saison de la série True Detective (Nic Pizzolatto, 2015), l’acteur cultivera jusqu’au bout son image de dur à cuir du petit et du grand écran.