Résumé : À Hollywood, Audrey Hepburn a révolutionné les codes du glamour. À New York et Paris, ceux du style et de la mode. C’est de son visage et de sa silhouette, d’abord, qu’on se souvient. De la Seconde Guerre mondiale aux années de plomb en Italie, tous les malheurs du monde et les drames intimes qu’elle a traversés s’éclipsent derrière ce visage parfait, ce sourire bienveillant, ce regard accueillant. Celui d’une star qui semble réconcilier tout le monde et dire que rien n’est grave, que tout va bien.
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Alors que pour sa 50e édition, le Festival de cinéma de La Rochelle consacre une rétrospective à Audrey Hepburn, Capricci a eu la bonne idée d’enrichir sa collection « Stories » d’un opus consacré à la célèbre actrice de Vacances romaines (William Wyler, 1953), Diamants sur canapé (Blake Edwards, 1961), et My Fair Lady (George Cukor, 1964). Pierre Charpilloz, journaliste et critique de cinéma, se propose ainsi de raconter à travers un court récit le parcours de cette éternelle jeune fille propulsée star du grand écran après avoir rêvé pendant un temps de faire sa carrière sur les scènes de ballet. Dans un style vif et habile l’auteur raconte l’enfance fracturée de Hepburn qui, à la croisée des ambitions de son père et la montée du nazisme en Europe, dût (se) composer avec une identité familiale fracturée. D’où sans doute cette normalité qui caractérise sa présence et soutient le charme gracile de sa démarche et de ses expressions. Fin observateur et excellent conteur, Charpilloz décrit l’ascension de Hepburn comme possédant sa propre logique. Pas de rencontre décisive ou de coup du destin : l’actrice s’impose sur le devant de la scène sans forcer ses effets. Hepburn reste elle-même et transforme ainsi l’identité de ses rôles. Alors que Truman Capote avait imaginé Monroe pour interpréter la charnelle Holly Golightly de son roman Diamants sur canapé, le choix de Hepburn finit par se révéler comme une évidence. Son minois aux yeux de chatte, sa taille longiligne et la préciosité jamais artificielle de ses gestes renouvellent la personnalité du rôle sans rien lui retirer de sa sève. Cette capacité ne fait pas pour autant de Hepburn une actrice polymorphe. Charpilloz explique en quoi son tempérament assuré et ses exigences assurèrent le succès de ses films. Privilégiant certains réalisateurs plutôt que d’autres, la star a le souci de se préserver. Crainte de disparaître ? Plutôt de se laisser déposséder par ce monde des images en mouvement. L’auteur a ainsi la bonne idée de conclure son essai par l’évocation du mercantilisme dont fait aujourd’hui les frais le nom, et surtout le visage, de l’actrice.
Loin de s’en tenir à un jugement critique, Charpilloz en profite pour énoncer une loi essentielle concernant Hepburn dont la figure « n’existe que pour elle-même, presque déconnectée de l’imaginaire d’Hollywood, du glamour, et même du cinéma ». Un fait incontestable qu’explique peut-être la période d’épanouissement de l’actrice : les années 1960, phase de transition durant laquelle le grand Hollywood débutait sa mue vers la modernité.
Connue et reconnue, Hepburn demeure encore voilée d’une part de mystère propre aux mythes qui appelle aux (re)découvertes infinies et aux rêves universels. Un projet qui dans le cas de Hepburn a débuté depuis bien des années maintenant mais que l’ouvrage de Charpilloz s’emploie à joliment renouveler.
- AUDREY HEPBURN. UNE STAR POUR TOUS
- Auteur : Pierre Charpilloz
- Éditions : Capricci
- Collection : Capricci Stories
- Date de parution : 19 mai 2022
- Langues : Français uniquement
- Format : 104 pages
- Tarifs : 11,50 € (print) – 6,99 € (numérique)