Synopsis : Esther revient ! La saga terrifiante se poursuit dans cette préquelle palpitante. Après avoir orchestré une brillante évasion d’un établissement psychiatrique, Esther se rend en Amérique en se faisant passer pour la fille disparue d’une famille aisée. Mais, face à une mère prête à tout pour protéger sa famille, son plan va prendre une tournure inattendue. Il vous reste beaucoup de choses à découvrir sur Esther…
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À première vue, l’idée de réaliser un préquel à Esther, treize ans plus tard mais avec la même actrice principale, semble n’avoir aucun sens. La raison la plus évidente étant que le malaise du premier film tenait au décalage entre le visage enfantin de l’orpheline et les atrocités qu’elle commettait. Or, il se trouve qu’Isabelle Fuhrman a aujourd’hui vingt-cinq ans, et que les artifices mis en place pour la faire ressembler à une petite fille sont, au mieux, grotesques. Le projet démarre donc dans une impasse, puisqu’essayer de refaire Esther sans un enfant ne peut conduire qu’à l’effondrement de toute tension. Il se trouve que William Brent Bell semble avoir été conscient de ce cul-de-sac, car son film n’est justement qu’effondrement : un éboulement narratif constant, une chute libre qui devient jubilatoire grâce à quelques absurdités vertigineuses. Après une introduction laborieuse qui ressert l’imaginaire suranné et caricatural des hôpitaux psychiatriques, la première partie donne l’illusion de vouloir reproduire la formule du film de 2008. Cette fois-ci, puisque l’histoire d’Esther est déjà connue et ne peut donc reposer sur un mystère, le film embrasse son point de vue : la petite fille ne terrorise plus, elle s’infiltre. Cette décision permet d’adoucir l’étrangeté du visage d’Isabelle Fuhrman, greffé à un corps miniature, et dont les mimiques tentent péniblement de ressembler à celles d’une gamine de huit ans.
Pendant quelques dizaines de minutes, Esther 2 suit donc une structure vaguement similaire à celle du premier opus, quoiqu’inversée, jusqu’au moment où un retournement de situation lunaire rebat totalement les cartes. Là , le film abandonne. Il annonce à l’audience qu’il ne sera pas le produit horrifique qu’elle est venue voir, en s’engageant sur une voix aussi insensée qu’inattendue. S’ensuit alors un jeu de manipulation chaotique, que l’absence d’empathie pour les personnages transforme en cours de récréation où le casting s’adonne à un surjeu décomplexé. Difficile de savoir quoi, de l’incompétence ou de l’auto-dérision, permet ces séquences loufoques. Toujours est-il que lorsqu’Esther conduit une voiture en écoutant Maniac de Michael Sembello, son exubérance la rapproche moins d’une enfant malsaine que du Joker de DC Comics.
Or, c’est peut-être de ce côté qu’il faut chercher pour définir ce qu’est Esther 2. Ce prequel qui justifie les attributs iconiques de son héroïne (l’accent russe, les bandeaux, la peinture invisible…) tout en alliant scènes d’actions et imagerie stéréotypée tend vers une sorte de film de super-héros à la mode du DCEU, où une pseudo-noirceur réaliste cohabite avec les fantaisies propres aux comics. Cela explique l’introduction de la famille Albright, où Gunnar est filmé comme un guerrier au ralenti, ou encore le climax où l’on s’affronte au sabre et à l’arbalète.
Paradoxalement, c’est en abandonnant le cinéma d’horreur pour rejoindre un divertissement plus classique que le film se libère pleinement : ayant affirmé qu’il n’avait aucune intention de satisfaire les attentes de ses spectateurs, il peut désormais tout se permettre. Et si, en se refusant à abonder dans un genre plutôt qu’un autre, il n’excelle nulle part, cela ne minimise pas sa capacité à ne jamais être ce qu’on attend de lui. On peut être déçu de voir abandonné tout ce qui faisait l’attrait du premier (le propos sur la charge mentale de la mère, la sobriété de l’horreur, le gore très littéral), toujours est-il que ce nouvel opus parvient à être déroutant, ce qui n’est déjà pas rien.
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Joffrey Liagre
- ESTHER 2 : LES ORIGINES (Orphan : first kill)
- Sortie salles : 17 août
- Réalisation : William Brent Bell
- Avec : Isabelle Fuhrman, Julia Stiles, Rossif Sutherland, Hiro Kanagawa, Matthew Finlan, Samantha Walkes, David Lawrence Brown, Lauren Cochrane, Gwendolyn Collins
- Scénario : David Coggeshall, David Leslie Johnson-McGoldrick, Alex Mace
- Production : Ethan Erwin, Alex Mace, Hal Sadoff, James Tomlinson
- Photographie :Â Karim Hussain
- Montage :Â Josh Ethier
- Décors : Sara McCudden
- Costumes : Kim H. Ngo
- Musique :Â Brett Detar
- Distribution : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1 h 39
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