Sam Bell s’apprête à retourner sur terre retrouver sa femme et sa fille, après une mission de trois ans dans la station lunaire de Selene, où il gère l’extraction de l’hélium 3, seule solution à la crise de l’énergie sur Terre. Mais deux semaines avant la fin de son contrat pour l’entreprise Lunar, il se met à voir et à entendre des choses étranges…

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Moon de Duncan Jones

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Pour ce premier long-métrage, Duncan Jones – fils de David Bowie – foule le sol lunaire, destination fantasmée par de nombreux écrivains, réalisateurs et scénaristes de SF, tout comme Mars et autre Jupiter. Moon revisite les films de science-fiction à l’imagerie visuelle des années 70 en se plongeant dans un décor de surface de planète tout en maquette et d’intérieur stylisé blanc immaculé. Jones rend hommage avec talent à cet âge d’or du cinéma de science-fiction après l’effet 2001 : l’odyssée de l’espace, duquel il s’est nourri. A l’arrivée, le cinéaste nous livre un thriller SF cérébral et poignant, basé sur un scénario simple et progressif plutôt efficace, coécrit avec Nathan Parker.

Avec un budget limité de 5 millions de dollars, ce huis-clos évolue dans un cadre minimaliste, épuré et aseptisé. Jones se concentre sur le facteur humain et principalement sur la notion d’individualité et sa capacité d’introspection. Si l’esthétique de 2001 : l’odyssée de l’espace et de Hal planent au-dessus du film, le cinéaste puise également ses ressources sur le thème écologique du sauvetage de la planète de Silent Running de Douglas Trumbull, dans l’exploitation démesurée de l’homme d’Outland de Peter Hyams ou encore dans la nature de l’amour entre rêve et imaginaire de Solaris de Steven Soderbergh (remake du film du même nom de Tarkovski).

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Moon de Duncan Jones_

Dans ce foisonnement de références cinématographiques, Moon tire intelligemment son épingle du jeu et trouve son identité propre, tant au travers de la réflexion philosophique et sociale du clonage que par l’excellente performance de Sam Rockwell, trop rare au cinéma. L’acteur de Box of moonlight, Choke, confessions d’un homme dangereux ou encore Frost/Nixon porte sur ses épaules, seul à l’écran dans une double prestation brillamment accomplie, le récit pendant toute la durée du métrage. Jones n’hésite pas à confronter Rockwell – dont le scénario a été spécifiquement écrit pour lui – à un face à face en demi-teinte avec lui-même. Un travail de jeu de rôle en profondeur pour extirper son double à la fois si proche et si différent. Au delà de cette expérience inédite, rares sont les films projetant un personnage seul à l’écran. Dans les plus connus, on peut citer Je suis une légende de Francis Lawrence, Seul au monde de Robert Zemeckis ou encore Silent Running et Alien dans la seconde partie de l’histoire.

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Au travers des thèmes classiques de science-fiction évoqués – comme l’intelligence artificielle, le clonage et l’écologie planétaire, Jones offre une lecture sur les enjeux économiques et humains liés à la conquête de l’espace. Tel le patron d’entreprise, Jones pense profit et rentabilité, économie de moyen et de main d’œuvre. Devant la pénurie de matières premières sur la terre, l’objectif n’est donc plus scientifique, mais de puiser dans les richesses d’énergie sur les autres planètes. Le clonage humain de chair et de sang – exit les clones robotisés – devient alors la solution à toutes problématiques économiques et financières. De ce constat, Jones pose un regard plus analytique et philosophique sur la solitude, les souvenirs, les peurs et angoisses. Si les machines tels Hal ou ici Gerty – paré d’un smiley et doté de la voix douce et calme de Kevin Spacey – sont capables d’éprouver une conscience et des sentiments, pourquoi pas les clones. Le cinéaste fait coexister toute cette intelligence artificielle d’une manière subtile et sobre en insufflant une dimension humaine. Tout comme Gerty, on verse notre petite larmiche…

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Moon - Sam Rockwell_

Présenté pour la première fois au Festival de Sundance avant de sortir sur grand écran aux Etats-Unis et au Canada, Moon a atterri en DTV (direct to video) chez nous. Selon le distributeur Swift Productions « le film n’aurait pas forcément rencontré son public dans les salles de cinéma. En revanche, France Télévisions Edition, qui a la charge d’éditer le film en DVD et Blu-ray, a prévu une grosse opération pour sa sortie le 16 juin ». On en vient à penser qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de la distribution tant cette décision est incompréhensible…

Distingué aux Baftas 2010 du Meilleur Premier Film britannique, dans plusieurs festivals tels Gerardmer et Sitgès et acclamé par la critique, Moon a pourtant rencontré son public, au-delà de la sphère des geeks, nerds ou autres shootés de la SF par intraveineuse. Ce premier essai cinématographique concluant met à jour les questions sur l’évolution de l’humanité et plonge le spectateur dans une tension dramatique palpable, grâce à l’excellente bande originale de Clint Mansell (Requiem for a dream), à un incroyable travail de montage et à une photographie claire obscure sublime.

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Moon est disponible en DVD depuis le 16 juin avec en bonus un making of de 15 minutes

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