Livre/ Le cinéma de John McTiernan par Claude Monnier : critique

Publié par Jacques Demange le 30 juillet 2017

Résumé : Des militaires filmés comme des titans (Predator). Une gigantesque tour de verre qui explose à Los Angeles, la nuit de Noël (Piège de cristal). L’aventure d’un mystérieux commandant, vingt mille lieues sous les mers (À la poursuite d’Octobre Rouge). La Seconde Guerre mondiale et la Wehrmacht en plein Manhattan (Une Journée en enfer)… Comment de telles « fantaisies » sont-elles venues à l’esprit de John McTiernan, intellectuel de la côte Est des États-Unis, formé au théâtre, à l’opéra, à l’anthropologie, et nourri de films d’auteurs européens ? Et comment ce réalisateur, au coeur du cinéma le plus commercial, a-t-il su magnifier la combativité et l’intelligence de l’Homme ?

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Le cinema de John McTiernan - couverture

Le cin̩ma de John McTiernan Рcouverture

Die Hard, Predator, À la poursuite d’Octobre Rouge, Last Action Hero ; à l’évidence John McTiernan a marqué de son empreinte le cinéma d’action contemporain. Depuis 2003 et Basic, le cinéaste n’est pourtant plus passé derrière la caméra. La faute à certains échecs (Le 13e Guerrier ; remake de Rollerball) et à des démêlés avec la justice qui lui ont, paradoxalement, permis de revenir sur le devant de la scène critique et publique (des nombreux entretiens avec les revues spécialisées à une rétrospective à la Cinémathèque française). Ce n’est pas ce battage médiatique qui a intéressé Claude Monnier, par ailleurs auteur d’un premier ouvrage consacré au réalisateur publié en 2010 chez Bazaar et Co, mais bien la singularité d’une œuvre dont les thématiques et les récurrences stylistiques invitent à une analyse approfondie. La réussite de l’ouvrage tient en effet à sa dimension monographique. Partant de la jeunesse du réalisateur, Monnier propose un tour d’horizon de sa filmographie par le biais d’axes de recherche plus ou moins généraux. Ainsi de la figure de l’alter ego, du concept du héros, ou de la question des regards qui traversent l’ensemble de l’œuvre de McTiernan. N’hésitant pas à entrer dans le détail Monnier s’arrête sur un film ou une séquence en particulier pour en développer les prolongements potentiels. Car de potentialité(s), le cinéma de McTiernan en est plein. À l’intérieur d’une industrie hollywoodienne frappée par le retour d’un certain esprit conservateur (pour ne pas dire franchement réactionnaire dès lors que l’on s’intéresse au genre du film d’action), le réalisateur est parvenu à imposer sa griffe, quitte à prendre à contre-pied les attentes du public. En dégageant les grandes tendances de cette époque, Monnier souligne donc l’originalité du style de McTiernan. Entre l’avant-garde théâtrale de Brecht et d’Artaud et la tradition shakespearienne, entre les grands maîtres du classicisme (John Ford, principalement) et la modernité des nouvelles vagues européennes (Godard, Fellini, Bertolucci), McTiernan se présente comme le plus digne héritier des réalisateurs du Nouvel Hollywood (et de Stanley Kubrick, dont la figure ne cesse de hanter son cinéma). Loin de se contenter de mentionner ces références, Monnier décrit avec talent leur répercussion sur l’agencement de la mise en scène du réalisateur. Des travellings filés aux inserts sur les différentes parties du visage, l’auteur raconte l’art et la manière d’un cinéaste travaillé par le rapport duel opposant et réunissant à la fois l’esprit du Vieux Continent (origines irlandaises obligent) et celui du Nouveau Monde. Savamment référencée, tout à la fois formelle et mythographique, l’étude se présente comme une remarquable synthèse. Page après page, le lecteur prend conscience de la cohérence (thématique et visuelle) qui fonde la qualité auteuriste du cinéma de McTiernan. On pourra néanmoins regretter l’absence d’illustrations, un manque d’autant plus dommageable que Monnier s’est employé à construire ses réflexions autour d’une analyse particulièrement assidue des films et de leurs images. Cette fausse note mise à part, l’ouvrage se présente comme un incontournable pour qui souhaiterait en apprendre davantage sur cette figure majeure du cinéma (américain) contemporain.

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  • LE CINÉMA DE JOHN MCTIERNAN par Claude Monnier disponible aux éditions L’Harmattan depuis juillet 2017.
  • 112 pages
  • 12,35 € (prix éditeur) –  9,99 € (version numérique)

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