Ai Weiwei, artiste dissident de l’ère numérique, inspire l’opinion publique internationale et brouille les frontières entre art et politique. Arrêté par les autorités chinoises le 3 avril 2011, libéré sous caution le 22 juin, Ai Weiwei est, à ce jour, interdit de sortie du territoire. « Ai WeiWei: Never sorry », est le portrait d’un artiste engagé qui affronte sans relâche l’Etat chinois et nous rappelle de manière essentielle notre besoin de liberté individuelle, politique et artistique.
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La journaliste américaine indépendante Alison Klayman signe un documentaire didactique, sensible et important sur l’artiste et dissident chinois Ai Weiwei, qu’elle a suivi pendant deux ans dans sa lutte acharnée pour la liberté d’expression contre le système du régime communiste de Pékin. Ai WeiWei : Never Sorry, lauréat du prix spécial du Jury au festival de Sundance, retrace le parcours artistique et politique de cette personnalité influente de l’art contemporain de 54 ans, qui a fait la Une des tabloïds internationaux après avoir été arrêté le 3 avril 2011 et réduit au silence dans un lieu tenu secret pendant 81 jours par le gouvernement chinois. Accusé de fraude fiscale, il a été libéré sous caution mais est désormais en liberté surveillée et interdit de sortir du territoire. Dans un traitement classique et au travers d’images fortes et éloquentes, accompagnées d’entretiens avec sa famille (particulièrement sa mère et son unique fils), ses fidèles partisans et des personnalités du monde de l’Art, Klayman nous confronte au combat sans relâche de cet homme charismatique, fils d’un célèbre intellectuel et poète dénoncé comme « ennemi du peuple » de la révolution culturelle. Le documentaire s’ouvre sur le studio d’Ai WeiWei, peuplé de chats, dont l’un possède la faculté de savoir ouvrir les portes, et l’on suit progressivement les différents aspects de sa carrière en tant qu’architecte, plasticien, artiste conceptuel, photographe, blogueur et surtout tweeter militant, courageux et endurant. Ai WeiWei se considère comme ‘un joueur d’échec’ attendant que son adversaire fasse le prochain pas.
Ai WeiWei : Never Sorry, qui a fait salle comble lors de l’avant-première spéciale à l’Espace Pierre Cardin à Paris, est un puissant reportage contre la répression, à la fois émouvant, drôle et dramatique. Car Alison Klayman brosse le portrait de cet artiste-agitateur original et inspirant de renommée internationale, qui affronte qui affronte au quotidien un danger dont il est pleinement conscient, tout en gardant un esprit plein d’humour, calme, tempéré (Le danger est bien là … mais le danger est plus grand si vous n’agissez pas). Entre menaces, accusations, démolition de son atelier et autre agression physique de la police, Ai WeiWei devient un tweeter fou. Tout se retrouve instantanément exprimé et publié en 140 caractères sur son compte Twitter (@aiww), son unique offensive numérique contre un pouvoir en place dénué de toute transparence et de toute vérité. Il s’exprime encore plus depuis la fermeture de son blog par les autorités chinoises, après avoir dénoncé leur corruption et leur responsabilité et révélé les noms des victimes du séisme au Sichuan en 2008. Outre cet efficace état des lieux sur l’évolution de la Chine, Klayman nous fait voyager d’une exposition à une autre en passant par ses années révélatrices à New York où Ai WeiWei a débuté sa carrière d’artiste conceptuel, puisant ses références chez des artistes comme Andy Warhol. Pour lui, l’art et la politique sont inextricablement liés. On le découvre ainsi à la Tate Modern de Londres en 2010 pour son projet Sunflower Seeds où il a disposé sur le sol près de 100 millions de graines de tournesol en céramique peinte, ou encore posant nu devant l’objectif dans son atelier, entouré de plusieurs femmes, qui a lui a valu d’être accusé de pornographie. Et bien sûr la fameuse série de clichés du doigt d’honneur lancé à des monuments célèbres, dont la Tour Eiffel, qui représente l’affiche française. Il a aussi politisé le tube du moment en succombant au Gangnam style, mais avec des menottes. Ai WeiWei : Never Sorry est un documentaire captivant qui regorge d’aphorismes et de paroles fortes et sensées qui marquent l’esprit révélant un homme d’une grande intelligence dans cette quête inassouvie des droits humains…
AI WEIWEI : NEVER SORRY écrit et réalisé par Alison Klayman en salles le 5 décembre avec Ai WeiWei, Chen Danqing, Changwei Gu, Huang Hung. Producteurs : Alison Klayman, Adam Schlesinger. Directeur de la Photographie : Alison Klayman. Compositeur : Ilan Isakov. Montage : Jennifer Fineran. Distribution : Haut et Court. Durée : 1h31.
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