Alice Lantins, 38 ans, est belle, ambitieuse et fait preuve d’une impeccable conscience professionnelle au point d’en oublier sa vie privée. Elle a tout pour devenir la prochaine rédactrice en chef du magazine Rebelle, si ce n’est son image de femme coincée. Mais lorsque le jeune et charmant Balthazar, à peine 20 ans, croise le chemin d’Alice, le regard de ses collègues change inexplicablement. Réalisant qu’elle détient la clef de sa promotion, Alice va feindre la comédie d’une improbable idylle.

 

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20 ans decart afficheCadeau de Saint-Valentin en retard ou bouffée d’air frais printanier avant l’heure, 20 ans d’écart a, semble-t-il, le mérite d’évoquer une thématique assez peu abordée frontalement dans le cinéma français, y compris dans le genre de la comédie, alors même que les séries TV américaines ont un sacré train d’avance sur ledit sujet : les cougars. Vous savez, ces femmes fréquentant des hommes plus jeunes pour, aux dires de certains, faire fi des années qui passent. Néanmoins le cas présent ne s’attarde guère sur les clichés du style « mais c’est un gamin », sans pour autant passer outre la complexité que peut provoquer une telle relation. Alice Lantins, bientôt 40 ans et fière de son statut de carriériste et de mère célibataire, n’a au départ aucunement l’intention de séduire Balthazar, un étudiant d’à peine 20 ans qu’elle rencontre lors d’un voyage aérien. Evidemment, Cupidon va faire son boulot, et l’entrée en matière est immédiate. Alice s’accroche au bras de son jeune voisin d’avion alors que l’engin doit traverser un orage. Un signe avant-coureur en quelque sorte, annonçant le choc provoqué par l’amour naissant de ces deux êtres que, comme dans toute bonne romance qui se respecte, rien ne prédestinait à réunir. Alice se jettera à l’eau, un peu plus tard, pour impressionner son entourage professionnel et mieux saisir l’esprit d’une génération high tech afin de décrocher ce poste de rédactrice en chef du magazine féminin Rebelle. Sortir avec un gars deux fois plus jeune fait tendance et classe ? Chiche !

 

 

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Le réalisateur David Moreau prend toutefois garde à ne pas lancer le processus en un coup de baguette magique, il faut d’abord qu’Alice oublie une clé USB aux pieds de son prétendant comme Cendrillon perd son soulier. L’époque et le contexte diffèrent, les éléments déclencheurs restent. La nuance, elle, est de taille : la belle blonde demeure une Cendrillon qui s’ignore alors que sonnent les 12 coups du midi de son existence. Si David Moreau négocie assez bien son virage romantique après deux premiers longs-métrages horrifiques Ils et The Eye, c’est parce que 20 ans d’écart dévie de sa trajectoire attendue de satire sur le quotidien des cougars pour se laisser découvrir tel un joli conte sur une femme qui va se révéler à elle-même. Archétypal plus que caricatural, le personnage d’Alice se présente en créature a priori frigide, glaciale et autoritaire qui n’a rien d’une femme de son temps. Enfermée dans ses acquis comme elle l’est dans ses habits très ‘‘old school’’, Alice s’avère en vérité bien moins moderne qu’elle ne le croie car elle a réussi professionnellement. Les années 1950 sont passées par là et Alice ressemble d’ailleurs, dans les premières minutes, à une blonde hitchcockienne condamnée à disparaître sauf changement radical, avec ses cheveux ramassés et son apparence terne à laquelle participe son tailleur gris.

 

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David Moreau, dont la mise en scène n’a globalement rien de transcendant, adopte justement quelques bonnes idées de mise en scène en traduisant les contrastes entre le gris et les couleurs que le charmant et jeune Balthazar va apporter dans la vie de l’héroïne. Le générique de début, en particulier, joue son rôle de bande-annonce implicite. Les noms de l’équipe de 20 ans d’écart défilent sur des extraits de magazines féminins aux tonalités diverses et variées précédant l’entrée hautaine d’Alice dans la semi-obscurité d’une imprimerie. Le réalisateur donne à son aventure des faux-airs, prévisibles et plaisants à la fois, du Diable s’habille en Prada, jusqu’à l’arrivée d’Alice à son bureau où ses collègues la craignent  – un peu mais pas autant – qu’ils pouvaient redouter Miranda Priestly incarnée par Meryl Streep. Gris et couleurs se suivent donc pour signifier le bouleversement radical qu’Alice va devoir adopter pour sauver sa place à Rebelle en se servant de la jeunesse de son chevalier servant et attirer les regards sur elle. Comme dans L’Arnacoeur sorti à la même période en 2010, celui-ci sera le catalyseur de ses envies, de ses besoins de femme. Par contre, et à l’inverse de l’excellent film de Pascal Chaumeil, c’est madame qui s’installe sur le devant de la scène pour une opération séduction, et va au final vivre une évolution personnelle qui prendra le pas sur sa vie professionnelle. Alice tient les rênes du scénario avant de voir ce dernier lui échapper en cours de route et décider, in extremis, du dernier chapitre.

 

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Dans ce récit à trois temps, classique mais efficace, saynètes humoristiques dues à la supercherie et instants d’émotions – les incontournables révélations et climax sentimentaux – se suivent plaisamment et sans surprise. Dommage qu’au milieu de cette aventure agréable et toute tracée les seconds rôles ne marquent pas vraiment les esprits. Le père de Balthazar, campé par Charles Berling, est assez amusant mais n’est jamais plus que la version masculine et symétrique du quadragénaire sortant avec une copine de son fils et parlant comme un jeun’s. Le portrait de la presse féminine reste impitoyable sans paraître trop exagéré, mais ses dignes représentants, à l’instar de Vincent Khan le faux ami et supérieur d’Alice (Gilles Cohen), sont grotesques sans jamais amuser. Ils remplissent cependant leur mission de faire-valoir en rendant plus explicite l’évolution d’Alice, dont le couple qu’elle forme avec Balthazar offre un contrepoids bienvenu à l’artifice lié à l’environnement professionnel. Le naturel qui se dégage de leurs échanges doit beaucoup à la sensibilité de ses interprètes. Virginie Efira manifeste une fragilité qu’on ne lui connaissait pas et une belle alchimie avec son partenaire. Irrésistible, Pierre Niney incarne un Balthazar épatant de sincérité, faussement gauche et désinvolte. Quand les scènes à deux, légères ou plus émotives, fonctionnent dans un tel registre, c’est déjà beaucoup !

 

 

 

20 ANS D’ECART de David Moreau en salles le 6 mars 2013 avec Virginie Efira, Pierre Niney, Gilles Cohen, Charles Berling, Amélie Glenn, Michaël Abiteboul. Scénario : David Moreau, Amro Hamzawi. Directeur de production : Camille Coureau. Producteur délégué : Abel Nahmias. Image : Laurent Tangy. Musique : Guillaume Roussel. Décors : Jean Rabasse. Montage : Cyril Besnard. Costumes : Isabelle Pannetier. Distribution : EuropaCorp Distribution. Durée : 1h32.
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