Après le décès d’Addie Bundren, son mari et ses cinq enfants entament un long périple à travers le Mississippi pour accompagner la dépouille jusqu’à sa dernière demeure. Anse, le père, et leurs enfants Cash, Darl, Jewel, Dewey Dell et le plus jeune d’entre eux profondément affecté, vit la mort d’Addie à sa façon. Leur voyage jusqu’à Jefferson, la ville natale de la défunte, sera rempli d’épreuves, imposées par la nature ou le destin. Mais pour ce qu’il reste de cette famille, rien ne sera plus dangereux que les tourments et les blessures secrètes que chacun porte au plus profond de lui.
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Le polyvalent et hyperactif James Franco se révèle de plus en plus étonnant, après avoir présenté voici trois ans son court métrage à la Semaine de la Critique. S’il enchaîne les projets les uns derrière les autres, devant et derrière la caméra, il signe ici son premier long-métrage, sélectionné dans la section parallèle Un Certain Regard du 66e festival de Cannes, qui vient de dévoiler son palmarès. Rayonnant sur la Croisette, la star montante hollywoodienne, accompagnée des comédiens principaux, est venue présentée dans une salle majoritairement féminine, son adaptation originale d’As I Lay Dying, écrite à quatre mains avec Matt Rager, d’après le roman Tandis que j’agonise de William Faulkner. La plus grande force de l’œuvre de James Franco réside essentiellement dans sa mise en scène stylisée, qui démontre sa capacité à avoir su se réapproprier l’univers de l’auteur pour retranscrire à l’écran toute la complexité d’un chef d’œuvre de la littérature américaine, paru en 1930 et rédigé en six semaines. Ainsi au travers de split screen s’ouvrant aux multiples perspectives, de monologues face caméra tirés du texte de Faulkner, et d’une bande son fiévreuse, il nous fait suivre le parcours épique d’une famille de fermiers en plein cœur du Mississippi qui, après le décès de la matriarche (Beth Grant), décide de transporter sa dépouille pour l’enterrer dignement.
Si l’on éprouve quelques difficultés à entrer dans l’histoire au cours du premier acte, en partie à cause de ces techniques de mise en scène et à l’installation des personnages avec leurs accents traînants à couper au couteau, on finit cependant par être happé par le périple éprouvant de cette famille chargée de secrets dès leur traversée dans une rivière en crue. James Franco, qui se donne également un rôle et pas le plus sympathique, adopte un ton anxiogène et contemplatif dans son traitement narratif au propos très religieux qui explore, au travers des pensées des personnages via leur voix intérieures, les réalités et les conditions pénibles et difficiles de cette époque comme l’avortement. Tous prennent corps devant la caméra de ce jeune cinéaste en herbe, mais on retient particulièrement la prestation sans doute la plus authentique de Tim Blake Nelson dans le rôle du patriarche, qui accomplit ici une véritable prouesse dans son élocution avec sa bouche complètement édentée. Si As I Lay Dying est une première œuvre certes imparfaite, elle affiche néanmoins de manière très satisfaisante l’ambition, le potentiel de créativité et les capacités artistiques indéniables de James Franco.
AS I LAY DYING de James Franco en salles le 9 octobre 2013 avec James Franco, Tim Blake Nelson, Danny McBride, Logan Marshall-Green, Ahna O’Reilly, Jim Parrack, Beth Grant, Brady Permenter. Scénario : James Franco et Matt Rager d’après l’oeuvre de William Falkner. Producteurs : Lee Caplin, Matt O’Toole, Rob Van Norden, Caroline Aragon, Miles Levy, Vince Jolivette. Photographie : Christina Voros. Montage : Ian Olds. Décors : Kristen Adams. Costumes : Caroline Eselin-Schaefer. Distribution : Metropolitan FilmExport. Durée : 1h50.
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