Interstellar de Christopher Nolan: critique

Publié par Guillaume Ménard le 3 novembre 2014

Synopsis : Le film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire.

 

♥♥♥♥♥

 

Interstellar - affiche

Interstellar – affiche

Les films de plus en plus sophistiqués et intelligents de Christopher Nolan finissent au fil des années par devenir presque un événement. Après avoir clos en beauté la trilogie des Batman avec THE DARK KINGHT RISES (notre critique), il revient cette année avec Interstellar, un drame intense de science-fiction réaliste, auquel Steven Spielberg était attaché initialement depuis 2007 jusqu’à son retrait du projet, mais dont certains éléments nous ramènent à lui. Le récit débute avec de magnifiques plans panoramiques survolant des paysages américains, des champs aux maisons. Nolan plante rapidement le décor nous présentant de longues étendues agricoles, prémices indispensables de la thématique de la vie. L’ensemble est entrecoupé d’images d’interviews de personnes âgées, dont le visage fabuleux d’Ellen Burstyn, témoins futurs d’un passé que nous allons découvrir. Le cadre temporel est à resituer dans un monde pré-apocalyptique où les lois de la nature au caractère fataliste sont déchaînées et provoquent des tempêtes de sable, ruinant les récoltes, empoisonnant l’air et affamant les populations. Contexte climatique proche du notre avec une civilisation en proie aux dérèglements de la planète. On y suit alors Cooper (Matthew McConaughey), ancien pilote de navette devenu agriculteur et père avec deux enfants, qui va découvrir une base secrète de la Nasa à la suite d’un concours de circonstances. Il va apprendre que le destin de la Terre réside en un voyage interstellaire, une mission spatiale, pour traverser un trou de ver s’ouvrant vers une galaxie lointaine, afin de rechercher des planètes potentiellement habitables. Cooper est donc poussé par le professeur Brand (Michael Caine) à participer au projet, laissant contre son gré sa fille (Mackenzie Foy) et son fils aîné (Timothée Chalamet) aux bons soins de leur grand-père (John Lithgow).

 

Mackenzie Foy et Matthew McConaughey dans Interstellar de Christopher Nolan

Mackenzie Foy et Matthew McConaughey dans Interstellar de Christopher Nolan

 

Si certaines thématiques comme l’absence du père, l’enfance et les souvenirs, ainsi que l’ambiance visuelle ne sont pas sans rappeler celles de Spielberg, le style Nolan s’impose avec des champs-contrechamps à la fois larges, laissant filtrer la lumière, et très intimes, appuyant sur la fragilité du cocon familial. Les premiers rouages du scénario empruntent amplement à l’imaginaire collectif, mais la force du cinéaste est de repousser et complexifier les concepts métaphysiques. Car passé la première heure, le récit nous entraîne en terrain inconnu, donnant l’impression d’une visite fascinante au cÅ“ur de l’univers. Les moyens visuels prennent à contrepied ce qu’un tentpole de ce type aurait pu proposer, le parti pris de Nolan consistant à bannir les fonds vert et à favoriser les décors réels, qui renforcent naturellement l’âpreté des enjeux. Les effets numériques, formidables prouesses techniques après celles de GRAVITY (notre critique), restent au service de l’histoire, sans artifices superfétatoires. Le rythme souvent lent s’accélère par intermittence presque à la vitesse de la lumière alternant les séquences spatiales et terrestres avec un suspense toujours crescendo. Si l’enjeu principal réside dans l’avenir de la planète, Interstellar parle d’humanité et d’espoir, la relation parent/enfant entre Cooper et sa fille Murph devenant l’allégorie de la famille. Elle permet aussi d’aborder en sous-texte la notion d’héritage et de filiation entre deux êtres, et de ces souvenirs légués, qui participent au concept d’accomplissement de soi-même, tout en se confrontant à ses propres certitudes, croyances et convictions.

 

Interstellar de Christopher Nolan

Interstellar de Christopher Nolan

 

Mais à l’instar du thriller de science-fiction INCEPTION (notre critique) qui l’évoquait déjà, Interstellar est avant tout une odyssée fascinante sur le temps et sa relativité, et pas seulement parce qu’elle s’articule sur des principes de la physique quantique. Christopher Nolan et son frère Jonathan ont porté une attention méticuleuse dans le scénario, soutenu par les théories scientifiques développées par Kip Thorne, l’un des plus éminents physiciens et astrophysiciens de notre époque. De fait, le cinéaste sacralise à l’écran les actions régies par ce voyage interplanétaire à travers cette distorsion de l’espace-temps, allant même jusqu’à la cinquième dimension. Ce phénomène hypothétique de données temporelles et ses zones d’ombre décuple non seulement le suspense, mais contribue aussi de façon intelligente à la construction d’un scénario brillant dont l’ampleur métaphysique n’est bien sûr pas sans rappeler 2001, l’Odyssée de l’Espace, influence évidente – voire inévitable – pour les auteurs tout en s’en éloignant. Ainsi cette dernière partie bascule dans une course contre la montre en deux espaces-temps totalement bouleversants, prenants et fascinants.

 

Anne Hathaway, David Gyasi et Matthew McConaughey dans Interstellar de Christopher Nolan

Anne Hathaway, David Gyasi et Matthew McConaughey dans Interstellar de Christopher Nolan

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