Cannes 2015/ Cemetery of Splendour de Apichatpong Weerasethakul: critique

Publié par Guillaume Ménard le 19 mai 2015

Synopsis : Des soldats atteints d’une mystérieuse maladie du sommeil sont transférés dans un hôpital provisoire installé dans une école abandonnée. Jenjira se porte volontaire pour s’occuper de Itt, un beau soldat auquel personne ne rend visite. Elle se lie d’amitié avec Keng, une jeune médium qui utilise ses pouvoirs pour aider les proches à communiquer avec les hommes endormis. Un jour, Jenjira trouve le journal intime de Itt, couvert d’écrits et de croquis étranges. Peut-être existe-t-il une connexion entre l’énigmatique syndrome des soldats et le site ancien mythique qui s’étend sous l’école ? La magie, la guérison, la romance et les rêves se mêlent sur la fragile route de Jenjira vers une conscience profonde d’elle-même et du monde qui l’entoure.

 

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Cemetery of Splendour - affiche

Cemetery of Splendour – affiche

Après sa palme d’or pour Oncle Boonmee, Weerasethakul revient cinq ans plus tard avec Cemetery Of Splendour, sélectionné cette fois dans la section Un Certain Regard. Une histoire mystique, qui ne déroge pas à la règle de l’univers du réalisateur thaïlandais. On suit Jenjira (Jenjira Pongbpas Widner) qui se lie d’affection avec le soldat Itt (Banlop Lomnoi), victime d’une sorte de narcolepsie avec une vingtaine d’autres militaires. Atmosphère comateuse, dimension mystique, trame sonore hors du temps, le spectateur adhère ou rejette. La mise en scène est contemplative, avec des plans fixes de plusieurs minutes. Aucune action physique mémorable, tout passe par le silence, les regards et la nature qui occupe une place déterminante. L’hôpital de fortune dans lequel se déroule l’action est l’un des seuls monuments que l’on voit à l’écran. Si les personnages dialoguent, ce qui prime c’est bel et bien le langage des corps. Les gestuelles sont toujours aussi appuyées dans une retenue irréelle. Le temps semble s’être arrêté et la civilisation devenue une notion complètement révolue. Jenjira rencontre ensuite Keng (Jarinpattra Rueangram), une medium qui arrive à parler avec les hommes endormis. Tour à tour drôle, inquiétant et fascinant, il est bien question de splendeur comme son titre l’indique. On y croise des fantômes, des déesses et l’on apprend que l’hôpital a été construit sur un cimetière de rois et que leurs esprits s’abreuvent de l’énergie des soldats pour continuer à mener des guerres métaphysiques. Les protagonistes sont mystérieux, mais on peut deviner leurs intentions et leur manque d’amour. Au travers d’un regard, une main tendue, des figures de style comme la pieta, le temps passe bizarrement mais émeut. La photographie généralement minimaliste a parfois des tendances baroques qui renvoient directement à Suspiria et ONLY GOD FORGIVES (notre critique), notamment lors de la scène des chambres, plan fixe fantasmagorique de deux minutes. Le final est à l’image du réalisateur, une séquence absurde finit de plonger les lois narratives dans un chaos poétique. Ainsi, Cemetery of Splendour est un film riche, à clefs, qui n’expliquera jamais rien au spectateur qui rentrera (ou pas) dans cette dimension particulière où les protagonistes sont confrontés à eux-mêmes dans une quête intérieure extatique.

 

 

 

  • CEMETERY OF SPLENDOUR (Rak Ti Khon Kaen) écrit et réalisé par Apichatpong Weerasethakul en salles le 2 septembre 2015.
  • Avec : Jenjira Pongbpas Widner, Jarrinpatra Rueangram, Banlop Lomnoi…
  • Production : Charles de Meaux, Simon Field, Hans W. Geissendörfer, Keith Griffiths, Michael Weber, Apichatpong Weerasethakul…
  • Photographie : Diego Garcia
  • Montage : Lee Chatametikool
  • Durée : 2h02
  • Distribution : Pyramide

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