Livre/ Le Portrait de Dorian Gray de Albert Lewin par Philippe Dubois: critique

Publié par Olivia van Hoegarden le 13 juillet 2015

Résumé : Philippe Dubois propose une analyse iconologique à plusieurs niveaux de l’Å“uvre d’Albert Lewin, considéré comme l’intellectuel de Hollywood. Il fait ici un sort particulier au film adapté du roman d’Oscar Wilde en 1945 par ce cinéaste proche du mouvement surréaliste : Le Portrait de Dorian Gray. Il en explique les résonances picturales et symboliques.

 

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Le Portrait de Dorian Gray de Albert Lewin de Philippe Dubois

Le Portrait de Dorian Gray de Albert Lewin de Philippe Dubois

Pour contextualiser l’ouvrage de Philippe Dubois, Le Portrait de Dorian Gray de Albert Lewin, il convient d’en dire un peu plus sur l’éditeur et l’auteur. Un préambule nécessaire à la bonne compréhension de cette analyse fouillée qui devrait passionner les aficionados du cinéma hollywoodien classique. Yellow Now, une survivance de la Galerie Yellow installée à Liège (Belgique) dans les années 60, est une maison d’édition consacrée au cinéma. Et l’on sait quelle place de Delvaux à Belvaux, les Belges tiennent dans le Septième Art. Philippe Dubois, né en 1952, est professeur au département Cinéma et Audiovisuel de l’université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, membre de l’Institut universitaire de France. Il a contribué au sein de la Cinémathèque royale belge, au programme européen Archimédia et a enseigné à l’université de Liège. Grand spécialiste de l’image, de la peinture et de la vidéo, sa rencontre avec Yellow Now semblait inévitable. Autant dire que c’est quasiment d’égal à égal qu’il s’attaque ici à Albert Lewin pour une mise en abyme vertigineuse des films de ce réalisateur, un des piliers de la MGM et bras droit d’Irving Thalberg, qui s’est appuyé sur le regard des peintres. Lewin en a d’ailleurs côtoyé un certain nombre, et pas des moindres, si l’on compte Max Ernst et Salvador Dali. Selon Dubois, l’esthétique de Lewin s’inspire de tableaux tel le fameux Les Ménines de Velasquez qui embrasse tout à la fois : son modèle, sa toile, son environnement et lui-même en une seule scène. Et aussi de Johannes Vermeer ou de Jan van Eyck, connus pour introduire une note personnelle dans leurs tableaux, un reflet d’eux-mêmes, des enfilades ou des cadres dans les cadres, en trompe-l’Å“il tout en impressionnant la rétine et l’inconscient. C’est ainsi que Lewin aurait construit chaque scène de ses films comme un tableau, avec décors, perspectives, profondeurs, arrière-plans foisonnant de détails et de symboles. Mais aussi avec des interventions brusques de la couleur au cÅ“ur du noir et blanc, donnant une vibration particulière aux contrechamps.

 

Hurd Hatfield dans Le Portrait de Dorian Gray de Albert Lewin (1945)

Hurd Hatfield dans Le Portrait de Dorian Gray de Albert Lewin (1945)

 

Il suffit pour s’en convaincre de revoir la « trilogie » de Lewin (The Moon and Sixpence, Bel Ami et Le Portrait de Dorian Gray). L’art pictural y tient un rôle majeur, traduisant son obssession quasi manichéenne dans l’élaboration narrative et de l’image. Ce traitement va d’ailleurs jusqu’à « l’illustrer ou la doubler » par une voix off, laissant aux personnages les gestes et les mimiques d’acteurs de muet. Parfois Dubois, pour soutenir son propos, digresse vers d’autres films (Pandora, 1951), réalisateurs (Fritz Lang, Jean-Luc Godard), acteurs en dehors de George Sanders, favori de Lewin (Greta Garbo, Anna Karina), auteurs (Balzac, Poe) et peintres (Samuel Van Hoogstraten, Emanuel de Witte). Mais il revient toujours à Dorian Gray comme au point culminant de l’Å“uvre de Lewin, et sa démonstration demeure magistrale selon l’éditeur qui le stipule d’emblée : « La ‘mise en scène’ extraordinairement ciselée de Lewin y est entièrement pensée sur le modèle pictural, non pas au sens où l’on trouve nombre de citations de tableaux (on a trop souvent réduit Lewin à cet aspect référentiel) mais au sens où c’est une profonde conception ‘picturale’ de l’image, de l’espace, de la profondeur, du cadre, du point de vue, de la figuration, du montage, de la narration qui régit le mode même de ‘penser le cinema’ d’Albert Lewin ». L’analyse de Philippe Dubois, étayée par des photogrammes et ses connaissances en histoire de l’art et en cinéma (en référence aux nombreuses notes de bas de page) constitue un morceau de choix pour ceux qui veulent redécouvrir Albert Lewin et sa filmographie bien particulière, imprégnée de culture et de raffinement.

 

 

  • LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY de Albert Lewin de Philippe Dubois disponible depuis avril 2015 aux Éditions Yellow Now dans la Collection Côté Films #27.
  • 142 pages
  • 14 €

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