Musique/ Retour sur le concert dirigé par Bruce Broughton à Séville

Publié par Jérôme Nicod le 4 juillet 2015
Concert Bruce Broughton au Teatro de la Maestranza de Seville

Concert Bruce Broughton au Teatro de la Maestranza de Séville / Photo de Jérôme Nicod pour CineChronicle

Séville, jeudi 2 juillet 2015, jour de canicule au sud de l’Espagne, mais aussi vagues de bonheur suite au concert dirigé par le compositeur américain Bruce Broughton dans la fameuse salle de spectacle du Teatro de la Maestranza.

 

 

 

Bruce Broughton

Bruce Broughton

Le Teatro de la Maestranza de Séville en Andalousie termine comme chaque année sa saison musicale par un concert dédié au cinéma. Nous avions eu la joie voici deux ans d’assister à un spectacle composé d’œuvres de Michael Giacchino, malheureusement absent de la direction d’orchestre à l’époque pour raisons de santé. Cette année, Bruce Broughton a fait le déplacement pour diriger le Real Orquesta Sinfónica. S’il a proposé en première partie des partitions-hommages d’Alan Silvestri, Jerry Goldsmith, Basil Poledouris et Hans Zimmer, la seconde était consacrée à son propre répertoire. Bruce Broughton est un grand monsieur, au sens propre comme au figuré. Il n’est certes pas le plus célèbre des compositeurs, mais son talent n’est pas à remettre en cause. Il n’a seulement pas eu l’opportunité d’illustrer musicalement assez de films emblématiques. On lui doit malgré tout des bandes originales comme celles de Tombstone, Perdus dans l’Espace, Siverado, Présidio ou encore Bigfoot et les Henderson. Depuis une dizaine d’années, il officie essentiellement pour la télévision. Il a ainsi une riche carrière sur grand et petit écrans et dans les parcs à thèmes de Disney. La bande sonore sublime du Buffalo Bill Wild West Show à Paris, c’est bien lui. Ce jeudi soir, l’Orchestre s’est suffi à lui-même. Pas de chœurs mais des cuivres hallucinants, mis en valeur par un choix de morceaux leur donnant la part belle. La parfaite acoustique de cette salle de concert permet de distinguer le son de chaque instrument. La sonorité est pure, cristalline et les cuivres deviennent puissants, lourds, pompiers. Trompette, cor et trombone se sont ainsi livrés à un exercice absolument fantastique toute la soirée.

 

 

LES SUPER HÉROS S’INVITENT EN PREMIÈRE PARTIE

 

The Avengers affiche

The Avengers affiche

Pour débuter en fanfare, Bruce Broughton a offert l’excellent thème musical d’Alan Silvestri pour Avengers. Joué en direct par une formation complète, le spectacle sonore est total, rendant grâce à un score qui est appelé à devenir important dans la galaxie Marvel et à Hollywood. Frissons authentiques garantis dès les premières minutes, la soirée s’est annoncée aussitôt prometteuse. Broughton fut impassible, dirigeant les morceaux qui n’étaient pas les siens avec une grande rigueur. Mais l’on devinait très vite une certaine complicité avec les musiciens. Cette façade n’a pas réussi pas à cacher son plaisir d’être à la tête de l’orchestre. Plaisir partagé, le visage éclairé de son équipe et celui des spectateurs ont été au diapason. Quel bonheur de retrouver une telle ambiance générale après le fiasco artistique du dernier concert Spielberg/Williams joué avec mépris par l’Orchestre National de Lyon, mal dirigé par Léonard Slatkin le 18 juin dernier à l’Auditorium de Lyon.

 

LE RETOUR DE JERRY GOLDSMITH

 

Starship Troopers - affiche

Starship Troopers – affiche

L’autre grand moment de cette première partie fut celui dédié à Jerry Goldsmith. Quelle belle année 2015 pour ce Maître dont les oeuvres mythiques ont été jouées pour la seconde fois. En mai dernier, Laurent Petitgirard regrettait de ne pas avoir interprété certaines partitions de Jerry Goldsmith au Théâtre des Champs-Elysées à Paris (notre compte-rendu). Il semblerait qu’elles soient parvenues entre les mains de Bruce Broughton, qui a dirigé une suite de cinq extraits de Lancelot, le premier Chevalier (First Knight, 1995) et le thème d’ouverture de Star Trek : Premier Contact (Star Trek : First Contact, 1996). Autre salle avec différents musiciens et morceaux, le contraste est saisissant. Nous avons été ici en présence de l’excellence. La profondeur des cuivres est exactement celle de Goldsmith et l’acoustique la transporte et la sublime. Lancelot, le premier Chevalier est un album majeur, d’une infinie richesse, comportant de nombreuses mélodies distinctes. Dans la salle, l’extase fut palpable. Des bravos ont fusé, premières ovations debout parsemées. Un moment magique de communion. Un cadeau récompensé par des larmes de joie. Du coup, Star Trek : Premier Contact semblait affadi en comparaison, alors que son exécution fut parfaite. Mais l’inattendu est venu du résultat de l’enchaînement de deux morceaux de la musique de Basil Poledouris pour Starship Troopers (1997). À commencer par le thème un peu militaire des spots de publicité pour enrôler les soldats dans l’œuvre culte de Paul Voerhoeven. Très agréable et entraînant, les violons se sont amuser follement à jouer cette récréation.

 

À LA DÉCOUVERTE DE BRUCE BROUGHTON

 

Silverado - affiche

Silverado – affiche

La première partie s’est conclue avec Perdus dans l’Espace (Lost in Space, 1998), seul morceau composé par Broughton qui a servi de transition pour interpréter son propre répertoire. Le style western, associé à l’emphase des films de héros d’action, a débordé d’énergie. Ce fut fort, le son a percuté, tant est si bien qu’il a confirmé sa pleine puissance au regard du film lui-même. La spécificité de Bruce Broughton pourrait se définir par une fusion entre les cavalcades musicales qui font écho à Elmer Bernstein et la maîtrise des cordes (violons et contrebasses) de John Williams, époque années 80. Au fil des morceaux joués dans la seconde partie, on percevait très clairement l’influence croisée de ces deux compositeurs majeurs : La Tête dans les Nuages (The Boy who could Fly, 1986) pourrait être signé par Williams alors que Heart of Darkness – jeu vidéo sorti en 1998 – avait des accents de Bernstein. Vers la fin du programme, Broughton a adopté la technique de Vladimir Cosma à chacun de ses passages au Châtelet à Paris : son morceau le plus célèbre servant de surprise au rappel. Si ce dernier utilise souvent la musique du Grand Blond, Bruce Broughton a choisi évidemment Silverado, nommé aux Oscars en 1985. Le thème est célèbre, ses ruptures de rythme et de ton également. Il s’agit de la troisième bande originale dans sa carrière. Quel merveilleux final pour sur-amplifier le plaisir ressenti à la fois par l’orchestre et la salle entière, applaudissant sans discontinuer un Bruce Broughton heureux, revenu plusieurs fois saluer.

 

 

PROGRAMME DU CONCERT DE BRUCE BROUGHTON

AU TEATRO DE LA MAESTRANZA DE SÉVILLE

(titre, compositeur, année)

 

PREMIÈRE PARTIE

  1. Avengers, Alan Silvestri (2012)
  2. Le Dernier Samouraï, Hans Zimmer (2003)
  3. Lancelot, le premier Chevalier, Jerry Goldsmith (1995)
  4. Starship Troopers, Basil Poledouris (1997)
  5. Star Trek : Premier Contact, Jerry Goldsmith (1996)
  6. Perdus dans l’Espace, Bruce Broughton (1998)

 

SECONDE PARTIE, musiques de Bruce Broughton

  1. From Time To Time, pièce composée pour le Visionarium – Attraction parc Disney (1992)
  2. Tombstone (1993)
  3. Bigfoot et les Henderson (1986)
  4. Heart of Darkness (1999)
  5. La Tête dans les Nuages (1986)
  6. L’Incroyable Voyage (1993)
  7. Bernard et Bianca au Pays des Kangourous (1990)
  8. Le Secret de la Pyramide (1986)

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3 IL RESTE ENCORE DEMAIN 145 340 1 145 340
4 HEUREUX GAGNANTS 136 628 1 136 628
5 BOLERO 89 612 2 267 336
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