Synopsis : Un soir d’orage, un architecte, marié et bon père de famille, resté seul pour le weekend, ouvre sa porte à 2 superbes jeunes femmes mal intentionnées…
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Avec Knock Knock, Eli Roth revient et puise dans le genre du home invasion à l’image de Death Game (1977), dont il s’inspire essentiellement, et autres Funny Games, dont il récupère les ficelles avec une mesure parfois efficace. Si on retrouve quelque peu l’attirail habituel du réalisateur controversé d’Hostel, qui s’amuse toujours d’une violence perverse et survoltée, il a surtout l’ambition de prouver ici qu’il peut être plus qu’un simple faiseur de gore, absent ici du panorama. Dans sa volonté de remettre au goût du jour un Keanu Reeves en perdition, il parvient à le capturer efficacement dans le premier acte. Cependant, l’acteur oscille en permanence entre une approche excessive, calibrée pour convaincre, et son manque de charisme et d’expressivité. Une position d’autant plus mise en évidence par la constance du jeu des deux femmes face à lui. Lorenza Izzo (Genesis) et Ana de Armas (Bel) sont formidables dans leurs rôles tout en pulsions : une capacité à susciter l’attirance et à repousser, qui jamais ne laisse de glace. Roth reste à même de générer de la tension dans le scénario mais aussi dans le découpage, le montage et la musique, un savoir-faire évident en dépit de certaines maladresses indéniables. Le récit recèle ainsi des moments subtiles et savoureux à l’instar de cette première partie tendue où l’acteur compose avec ce tandem de jeunes tentatrices.
Si l’invasion crescendo est particulièrement réussie, le déroulement de l’intrigue est en revanche alourdi par une succession de clichés : le personnage échouant misérablement à s’enfuir malgré l’occasion rêvée, l’invité surprise de la dernière chance ou encore une fin à retournement qui ne surprend plus. Le véritable intérêt résulte surtout dans la légèreté de son discours. Reeves incarne ce père de famille quadragénaire aimant, dont la simplicité est mise à l’épreuve par ces deux provocatrices. Mais dès qu’il cède à leurs avances, sa trajectoire est finalement tracée. Si la violence s’inscrit dans une réflexion sur l’art et sa réception, chère à l’auteur vilipendé pour la prétendue gratuité de son cinéma, elle se trouve aussi dans l’utilisation des réseaux sociaux et des nouveaux moyens de communication. Le travail de sape de ces deux jeunes femmes, biberonnées au numérique, s’avère assez efficace. Ainsi et malgré ses défauts et ses clichés, Knock Knock se révèle un bon film d’Eli Roth. Au-delà de la dimension de l’œuvre et du savoir-faire du réalisateur, il est agréable de trouver un sens à une approche qui manquait quelque peu de d’ouverture, voire d’étoffe. En espérant qu’il s’agisse d’un tournant potentiel, on attend le prochain long métrage avec curiosité et impatience.
- KNOCK KNOCK réalisé par Eli Roth en salles 23 septembre 2015.
- Avec : Keanu Reeves, Lorenza Izzo, Ana de Armas, Ignacia Allamand, Aaron Burns, Coleen Camp…
- Scénario : Eli Roth, Nicolas Lopez, Guillermo Amoedo.
- Production : Eli Roth, Miguel Asensio, Colleen Camp, Nicolas Lopez, John T. Degraye, Cassian Elwes
- Photographie : Antonio Quercia
- Montage : Diego Macho.
- Décors : Marichi Palacios.
- Costumes : Eliza Hormazabal.
- Musique : Manuel Riveiro.
- Distribution : Synergy Cinéma
- Durée : 1h39
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