Regression d’Alejandro Aménabar: critique

Publié par Lucia Miguel le 26 octobre 2015

Synopsis: Minnesota, 1990. L’inspecteur Bruce Kenner enquête sur un crime révoltant dont la jeune Angela accuse son père, John Gray. Lorsque John avoue sa culpabilité de façon tout à fait inattendue et sans garder le moindre souvenir des faits, le docteur Raines, un célèbre psychologue, est appelé à la rescousse. Il va devoir aider John à retrouver la mémoire, mais ce qu’ils vont découvrir cache un terrifiant mystère qui concerne le pays tout entier…

 

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Regression - affiche

Regression – affiche

Avec aujourd’hui six Å“uvres à son actif, l’Espagnol Alejandro Amenabar s’est attelé à différents genres et souvent avec talent. Après ses débuts derrière la caméra pour le film d’horreur Tesis, il a enchaîné respectivement les drames oniriques et surnaturels Ouvre les yeux et Les Autres, et plus récemment la fresque historique avec Agora. Il revient cinq après avec un thriller psychologique aux accents fantastiques pour Régression. Cette troisième pellicule, tournée en langue anglaise, nous plonge dans une atmosphère anxiogène, inquiétante et prenante, mais qui a aussi le défaut de ses qualités. Regression signifie littéralement ‘revenir en arrière’. Ce titre fait ici allusion à une méthode psychanalytique d’hypnose qui cherche à établir un passage d’un état psychique plus avancé à un stade diminué. Le cinéaste espagnol puise ici son inspiration dans certains classiques du cinéma d’horreur comme Rosemary’s Baby ou encore L’Exorciste, dont l’atmosphère est renforcée par le travail du directeur de la photographie Daniel Aranyó. Si le résultat esthétique est à la hauteur, il a aussi tendance à dépasser la qualité du scénario « basé sur des faits réels », qui enchaîne tous les ingrédients de la supercherie. On suit ainsi Bruce Kenner (Ethan Hawke), policier torturé et perfectionniste, qui se rend dans la maison du crime. Dans la chambre de la jeune femme (Emma Watson), qui s’annonce victime d’abus par son père, orchestré par une secte sataniste, il est interpellé par une boîte à musique, puis par la porte battante d’un hangar abandonné. Il fait la rencontre de la grand-mère (l’excellente Dale Dickey), qui incarne un peu les sorcières des contes pour enfants, et du prêtre du village qui prône la morale à suivre, dans un milieu très conservateur américain. L’intrigue policière bascule ensuite progressivement vers la manipulation psychologique et les effets hallucinatoires.

 

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Entre rêve et réalité, on se perd et on se confond, sans jamais avoir besoin de questionner la vraisemblance des faits. C’est par ce prisme que Regression acquiert toute sa puissance. Toute l’installation (fausses pistes, suspense, tension) est ainsi excellemment menée, mais les révélations qui en découlent n’apportent hélas aucun effet de surprise. Trop attendu, trop installé ou trop évident, ce twist dans la conclusion nous fait revoir à la baisse le traitement narratif sur la manipulation des foules et le pouvoir et la force de la croyance. Le récit nous embarquait pourtant totalement grâce à Ethan Hawke car on se laisse porter et convaincre par ses délires, partageant ses cauchemars, ses soupçons et de fait, sa déception finale. Si Emma Watson parvient quelque peu à s’extraire de son rôle dans Harry Potter depuis THE BLING RING (notre critique), on regrette par ailleurs que le personnage du psychologue (David Thewlis) n’ait pas été davantage exploité car il apporte ici le contrepoint rationnel de l’esprit humain. Malgré ces failles et certaines incohérences dans le scénario, Amenábar parvient à mettre en exergue la manière dont la psychose collective, ajoutée aux sentiments de peur et de culpabilité, peut entraîner des croyances totalement irrationnelles. La question du Bien et du Mal comme les facettes de Dieu et du Diable est très bien orchestrée. Cette ligne est si ténue dans l’univers du cinéaste qu’on aurait pu s’y perdre si ces mêmes approches n’avaient pas déjà été abordées. Cependant, le cinéaste nous laisse malgré tout, entre rêverie et cauchemar, dans un espace infini de gris.

 

 

Lucia Miguel

 

 

 

  • REGRESSION écrit et réalisé par Alejandro Amenábar en salles le 28 octobre 2015
  • Avec : Ethan Hawke, Emma Watson, David Thewlis, David Dencik, Lothaire Bluteau, Dale Dickey, Devon Bostick, Aaron Ashmore…
  • Production : Alejandro Amenábar, Fernando Bovaira, Christina Piovesan
  • Photographie : Daniel Aranyó
  • Montage : Carolina Martinez Urbina, Geoff Ashenhurst
  • Décors : Carole Spier
  • Costumes : Sonia Grande, Minda Johnson
  • Musique : Roque Baños
  • Distribution : Metropolitan FilmExport
  • Durée : 1h46

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